La dette publique française, au sens de Maastricht, se situait à 64,2% du produit intérieur brut (PIB) en 2006. Elle a augmenté de plus de 7 points ces cinq dernières années.
Si, au regard de la dynamique de la dette, la France fait moins bien que ses partenaires européens depuis 2001, il n'en reste pas moins qu'en termes de niveau de dette, elle ne se distingue pas des autres grands pays. Elle affiche même une position plus favorable. Son niveau de dette est inférieur à celui de la zone euro (69,1%) et de l'Allemagne (67,9%), approximativement au niveau des Etats-Unis (65%) et nettement en dessous de l'Italie (107%) et du Japon (159%). Il n'y a donc pas de singularité française sur ce point.
De plus, la dette au sens de Maastricht est une mesure brute qui ne prend pas en compte les actifs détenus par les administrations publiques. Or ces dernières possèdent des actifs financiers (actions cotées, dépôts…), mais surtout des actifs physiques (infrastructures). La dette financière nette était de 38,2% du PIB en 2006, soit à un niveau proche de celui de 1995, alors que la dette au sens de Maastricht a augmenté de 8,7 points de PIB sur la même période.
Cet écart d'évolution s'explique par la forte valorisation des actions détenues par l'Etat au cours de ces dix dernières années. Si on comptabilise l'ensemble des actifs, c'est-à-dire aussi les actifs physiques, les administrations publiques ne présentent plus une dette mais une richesse nette (37,8% du PIB en 2006). Celle-ci a d'ailleurs augmenté de plus de 22 points de PIB entre 1995 et 2006, ce qui veut dire que les administrations publiques se sont enrichies sur cette période, notamment en raison de la forte valorisation des terrains détenus par l'Etat (+ 200% en dix ans).
Le bébé français ne récupère donc pas à la naissance une dette publique de 18.700 € mais hérite au contraire d'un actif net de 11.000 €, même s'il est vrai qu'une partie des actifs physiques ne sont pas cessibles et qu'il est difficile de leur donner une valeur marchande. De plus, d'un point de vue global, ce qui compte pour le nouveau-né français, ce n'est pas uniquement le patrimoine des administrations publiques mais celui de la nation, qui intègre également les autres secteurs institutionnels (ménages, entreprises, position extérieure...). Au regard du compte de patrimoine de la nation, chaque Français né en 2006 hérite en moyenne de 185.400 €.
Enfin, la dette publique française est notée AAA par les agences de notation (Standard & Poor's, Ficth Ratings), la meilleure note qui soit en termes de qualité de dette. La France fait donc partie des meilleurs élèves de la classe mondiale quant à la gestion de ses finances publiques. Cela veut dire aussi que l'Etat français ne risque pas de faire défaut au remboursement de sa dette, ce qui explique par ailleurs la faiblesse des taux d'intérêt sur les obligations publiques (inférieurs à 4% en moyenne depuis début 2005), considérées comme un placement sans risques. Si la gestion des finances publiques doit être rigoureuse, d'autant plus que le choc du vieillissement va s'amplifier dans les prochaines années, rien n'indique donc que l'Etat français soit en situation de faillite.
Mathieu Plane, économiste à l'OFCE, pour Alternatives Economiques
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