Le rapport Attali est destiné à trouver le point de croissance supplémentaire qui manque à la France pour résorber définitivement le chômage. Et la mesure clef du rapport Attali est la libération totale du marché des taxis parisiens. Ce qui permettrait d'avoir 60.000 taxis à Paris au lieu de 16.000 qui sont tous stationnés à Roissy. Actuellement, il y a un taxi pour 360 parisiens. En Irlande, après libéralisation du marché, c'est 1 taxi pour 72 (et le prix de la course est évidemment moins onéreux). Imaginez, à Paris, vous levez la main et hop ! une nuée de taxis autour de vous.
Pourquoi cette mesure est-elle centrale dans ce dispositif ? Parce que c'est un signe. Si cette mesure passe, le rapport passera. Voici quarante huit ans, le rapport Rueff Armand remis au premier ministre Michel Debré souhaitait, je cite «lever les barrières règlementaires qui des notaires aux vétérinaire en passant par les experts comptables ou les taxis pourraient faire émerger un million d'emplois.» Cinquante ans ont passé et les corporatismes sont restés. Le rapport Attali propose de toucher aux pharmaciens, aux notaires et huissiers, aux coiffeurs qui pourraient s'établir avec un simple CAP, aux hôtels, aux station-services, aux cinémas qui pourraient être créés sans restriction, bref, laissez passer, laissez entreprendre, laissez respirer. Supprimez toutes les barrières ! Supprimez les barrières d'âge à la retraite ! Liberté d'installation commerciale, suppression des lois Raffarin et Galland qui protègent le petit commerce et qui n'ont rien protégé du tout, au contraire - dixit Attali.
En ce qui concerne le coût du travail, le rapport propose de baisser les cotisations employeurs et salariés, augmenter la CSG et la TVA. Pour 1 euro de salaire versé, le coût du travail est de 1,8 € en France contre 1,25 au Royaume Uni – cela dit, le Royaume-Uni n'est pas un bon exemple : les gens y sont mal soignés et mal couverts en cas de chômage. Et bien entendu, cela va de soi, on supprime la durée légale du travail. «Les Français doivent savoir que l'avenir de l'emploi n'est plus dans la Fonction publique, et que celui des entreprises n'est plus dans les subventions.»
On a compris qu'Attali voulait lutter contre le rentes, mais on a le sentiment qu'il redécouvre le libéralisme alors que le libéralisme s'effondre sous nos yeux sur le plan financier. Cette foi dans l'autorégulation du marché est un peu surprenante. Certes il y a des propositions iconoclastes, mais très libérales au fond, dans le rapport, comme l'ouverture à l'immigration.
Enfin, le rapport propose une mesure détestable : «Apprendre l'économie dès le primaire.» Ça laisse rêveur. Je pense qu'il vaut mieux que les enfants apprennent à lire, compter, chanter, quelques poésies aussi. Tout ça vaut mieux que les formater à la croissance, pauvres gamins, à peine sevrés.
(Source : Marianne)
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