Aujourd'hui, par une cruelle ironie, on compte plus de maisons vacantes dans certaines villes des Etats-Unis que de sans-abri, en raison de la multiplication des logements saisis pour cause de défaut de remboursement des prêts immobiliers. Ces biens ont l'avantage d'être plus confortables que les maisons laissées habituellement à l'abandon à cause de leur état de délabrement avancé. Parfois, ils disposent encore du chauffage, de l'électricité et de l'eau courante.
"C'est pratique", souligne James Bertan, 41 ans, qui vit dans des maisons désertées. M. Bertan, qui n'aime pas les foyers au règlement strict, a remarqué le nombre croissant de maisons désertées. Les biens récemment saisis offrent les meilleures conditions pour les squatters, explique cet ancien détenu. Shelia Wilson, 50 ans, sans-abri depuis des années à cause d'une dépendance à la drogue, vit dans des maisons abandonnées pour les mêmes raisons de M. Bertan. Elle se faisait régulièrement renvoyer des foyers pour non respect des règles. "Partout on m'a renvoyée à cause de la drogue", explique-t-elle.
S'il n'existe pas de statistiques sur le phénomène, les organisations d'aide aux sans-abri reconnaissent que ces maisons vacantes, même sans eau ni électricité, peuvent attirer certains sans-logis. "De nombreux sans domicile fixe voient la crise des saisies comme une occasion de trouver un logement avec une certaine intimité", explique Brian Davis, directeur de la Coalition du nord-est de l'Ohio pour les sans-abri dans une étude sur les SDF. Selon ce rapport, on compte en moyenne 4.000 sans-abri à Cleveland chaque nuit et 15.000 logements vacants à cause des saisies dans cette ville et sa banlieue. William Walker, 57 ans, un ancien SDF qui conseille aujourd'hui les personnes en marge de la société dans un foyer avec vue sur le lac Erie, sait que des personnes squattent des maisons saisies dans son quartier ouvrier de Cleveland. Il estime que trois maisons sur quatre dans son quartier servent de temps à autre à des sans-abri.
Michael Stoops, directeur par intérim de la Coalition nationale pour les sans-abri (NCH), n'est pas surpris par le phénomène même s'il n'a pas vu de statistiques à ce sujet. Il évoque des anecdotes - la lumière de bougies dans des maisons saisies, un squatter tué par un feu allumé pour chauffer les lieux - pour montrer la détermination des sans-logis à trouver un abri. Selon M. Davis, le taux élevé de saisies à Cleveland et la proximité des foyers de sans-abri du centre-ville avec les quartiers résidentiels fait de cette ville du nord des Etats-Unis une des plus touchées par le phénomène.
De nombreuses localités expulsent les sans-logis des maisons vacantes, qui sont le plus souvent utilisées par des trafiquants de drogue ou des prostituées plutôt que par des SDF, souligne M. Stoops. Dans tout le pays, la police est confrontée à des squatters et à des actes de vandalisme dans les propriétés saisies. En Californie, un homme a par exemple été arrêté en novembre pour infraction à la loi parce qu'il vivait sans eau dans un logement abandonné à Manteca, une banlieue de San Francisco durement frappée par la crise des crédits hypothécaires à risque.
M. Bertan et Mme Wilson conviennent qu'occuper une propriété saisie peut être dangereux car ces lieux sont susceptibles d'attirer des trafiquants de drogue, des prostituées et, au final, la police.
(Source : La Tribune)
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