«Un contrat de garantie de permanence de prestation» : la dénomination est originale. A Tarnos (Landes), l'entreprise GT Logistics, qui assure la logistique du fabricant de moteurs d'hélicoptères Turboméca, a proposé à ses 94 salariés ce contrat doté d'une avance de 1.000 € remboursable en cas de non respect des engagements. Entendez : si jamais les employés font grève, ils devront la restituer.
Eric Sarrat, le PDG du groupe basé à Bassens (Gironde), a fait cette proposition alors que les négociations salariales annuelles ne parvenaient à aboutir et que les premiers débrayages (grèves de courte durée) étaient organisés.
Selon la CFDT, ce n'est pas la première fois que l'entreprise flirte ainsi avec l'illégalité en matière de droit du travail. A l'automne dernier, un conflit avait opposé direction et salariés à Nogent-sur-Seine (Aube). «Ils ne voulaient pas rémunérer les employés en astreinte au tarif en vigueur. La situation a fini par se décanter», explique Dominique Pesquey, secrétaire régional de la CFDT-Transports.
Sur le site www.objectif-aquitaine.fr, Eric Sarrat expliquait sa vision très personnelle du droit de grève. «Sur d’autres sites, on a une "charte de bonne conduite" signée par 60 à 90% des salariés qui s’engagent à ne pas faire grève. Les salariés ont le droit de ne pas être d’accord, mais ils ont d’autres marges de manœuvre pour le manifester : ils sont actionnaires de l’entreprise, épargnants, etc… La grève prend en otage le client. On est attaqués, bien sûr, mais on n’est pas dans l’illégalité : le droit de grève existe mais on n’est pas obligé de l’utiliser. On a des difficultés avec des inspecteurs du travail ailleurs qu’en Gironde qui se disent : "C’est quoi ces cow-boys ?" Surtout quand l’inspecteur du travail appartient au même syndicat que nos représentants syndicaux.»
La moitié des salariés a accepté
Pour les syndicats, le «contrat de garantie de permanence de prestation» est assimilable au rachat du droit de grève. «GT Logistics a une culture sectaire et utilise son site des Landes comme un laboratoire social destiné à tester un contrat que l'atmosphère actuelle leur permet de tester», explique Dominique Pesquey. La direction, quant à elle, justifie cette offre par le fait que son entreprise a «une obligation de maintenir une garantie de prestation» avec son client Turboméca, avec lequel elle est par ailleurs en cours de renégociation de contrat.
D'après la CFDT, une bonne moitié des salariés aurait déjà signé la proposition de la direction. Le syndicat a annoncé son intention d'alerter l'Inspection du travail et de porter l'affaire en justice.
(Source : Libération)
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