Roger Le Loire explore le filon de la "piste universitaire", évoquée du bout des lèvres au cours de leurs gardes à vue respectives et non concertées, par Denis Gautier-Sauvagnac et son adjoint Dominique de Calan. Il s'agissait, «parmi d'autres, [d’]une aide financière à des instances universitaires» et plus précisément «du financement d'un syndicat étudiant de droite, à hauteur de 30.000 € par an». Aucun nom, aucun sigle, aucune raison sociale n'ayant été cités par ces champions de l'omerta, le juge se tourne vers Yves Bertrand qui lui a mis la puce à l'oreille...
Car dans son livre "Je ne sais rien mais je dirai presque tout" (Plon), l'ancien DCRG raconte que des «enveloppes» du patronat de la métallurgie ont servi à financer indirectement la campagne de Valéry Giscard d'Estaing en 1974 : «Seuls quelques naïfs croient encore que VGE a pu mener campagne en 1974 avec les maigres moyens humains des Républicains indépendants. (...) Sa logistique, son service d'ordre, ce sont les "petits gars" d'Ordre Nouveau», un groupuscule d'extrême-droite, «qui les ont assurés grâce aux enveloppes en liquide» de l'UIMM. Et d'ajouter que ce «n'est pas non plus un hasard qui a amené les membres d'Ordre Nouveau à y participer : ils haïssaient les gaullistes [après] l'indépendance accordée à l'Algérie».
Un lobbying politique historique
On a longtemps focalisé sur un financement occulte de syndicats plus ou moins corrompus, écran de fumée médiatique visant à discréditer les luttes menées par les organisations de défense des salariés afin de planquer des magouilles beaucoup moins reluisantes. Confirmation est faite qu'au delà d'une éventuelle «fluidification des relations sociales», l'activisme patronal ratisse jusqu'aux hautes sphères politiques, non seulement à l'Assemblée nationale et au Sénat où il déploie un intense lobbying, mais dans les campagnes électorales. D'ailleurs, l'ancien député PS Joseph Pinard, agrégé d'histoire, l'avait récemment signalé : «Des dizaines de millions d’euros en liquide sortis de l’UIMM, on sait encore peu de choses. Mais le doute a été bien vite jeté sur les syndicats. Je m’étonne que rien n’ait été signalé par les médias sur les largesses passées de l'organisation patronale. Des preuves existent pourtant de son implication dans certaines campagnes politiques. C’est un fait historique. Une tradition ancienne.»
Et en parlant de tradition, dans ses mémoires, Yves Bertrand rappelle qu'à l'époque, «pour le patronat, l'ennemi numéro un était le communisme et l'URSS». C'est ainsi «qu'à partir de la fin des années 1940, ce n'est pas un hasard si l'intermédiaire entre le patronat et les politiques était un ancien directeur de cabinet de Marcel Déat lorsque celui-ci était ministre du Travail du maréchal Pétain à Vichy». Joseph Pinard évoque également ces tendances pro-nazies au sein de l'UIMM, pour qui toute alliance est bonne à contracter afin de réussir son objectif numéro un : le détricotage du droit du travail.
Au gré des révélations, l'affaire des retraits suspects de l'Epim, cette «caisse de solidarité» antigrève, véritable «trésor de guerre» de 600 millions d'euros accumulés par l'UIMM contre le salariat depuis 1972, prend décidément une tournure de plus en plus nauséabonde.
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