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Si partout en France l'emploi se dégrade, au gouvernement, il se porte bien ! Alors qu'en entreprise - et même dans la Fonction publique - il est coutume de rentabiliser ses effectifs en les réduisant avec les mêmes exigences de productivité, le gouvernement, lui, n'hésite pas à gonfler son staff pour fournir «un meilleur travail au service des Français». La précarité inhérente au mandat politique est toujours aussi bien reconnue et indemnisée, puisque le traitement mensuel d'un secrétaire d'Etat doit aujourd'hui approcher les 15.000 € brut, sans compter les stimulants avantages en nature... Là où, partout ailleurs, la sécurisation des parcours professionnels est quasi inexistante et les rémunérations des nouveaux emplois avoisinent le Smic, le gouvernement fait figure d'exception en embauchant du personnel à qui il fournit des jobs dignes et copieusement payés !
Les plus «méritants» sont naturellement récompensés. Les rares rescapés du fiasco électoral montent en grade : Luc Chatel, qui a ravi Chaumont à la gauche dès le premier tour, devient le nouveau porte-parole du gouvernement tout en restant secrétaire d'Etat à la Consommation (il perd le Tourisme mais gagne l'Industrie). Le sénateur Hubert Falco, réélu à Toulon dès le premier tour, est nommé secrétaire d'Etat à l'Aménagement du territoire. Yves Jego, lui aussi réélu au premier tour à Montereau-Fault-Yonne, remplacera Christian Estrosi - le nouveau maire de Nice qui, étonnamment, ne souhaite pas cumuler… - au secrétariat d'Etat à l'Outre-mer. Et Laurent Wauquiez, qui a gagné au Puy-en-Velay dès le premier tour, devient secrétaire d'Etat à l'Emploi.
Alors que, sur le marché du travail, la plupart de ceux qui cumulent plusieurs emplois le font par nécessité économique, jonglant avec la précarité et des salaires de misère, au gouvernement on vous autorise à occuper plusieurs postes en même temps : à la foi maires, ministres, députés ou sénateurs, ces surhommes d'un autre genre assument leurs prestigieuses fonctions aux lourdes responsabilités. Exemples d'abnégation, de volontarisme et de compétence pour la Nation, ces cumulards de la République sont donc indemnisés en conséquence.
Alors que, sur le marché du travail, il vaut mieux avoir moins de 40 ans et un profil en totale adéquation avec le poste proposé, au gouvernement on donne aux «seniors» une chance de se reconvertir ou de tenter une nouvelle expérience : comme Bernard Laporte devenu secrétaire d'Etat aux Sports, Anne-Marie Idrac, ancienne de la RATP et de la SNCF, devient secrétaire d'Etat au Commerce extérieur et Christian Blanc, également ancien de la RATP et d'Air France, est nommé secrétaire d'Etat chargé du développement de la "Région Capitale" (le «Grand Paris», si cher à Nicolas Sarkozy). Au gouvernement, le dilettantisme n'est pas une tare.
Seules fausses notes dans ce tableau idyllique : l'agressive Nadine «sans tabou» Morano, qui s'est pris une mémorable veste à Toul, reçoit un lot de consolation en devenant secrétaire d'Etat chargée de la Famille (favoritisme ?). Quant à l'ex PS Eric Besson, il se voit confier, en plus de son portefeuille actuel, le "Développement de l'économie numérique" (on charge la mule ?)...
L'Emploi - avec un grand E - est visiblement à l'honneur. Nous avions déjà un ministre du Travail (Xavier Bertrand) et une ministre de l'Economie et de l'Emploi (Christine Lagarde, qui perd les Finances mais se retrouve avec l'Industrie, tout comme Luc Chatel). Nous voici donc avec un troisième larron, le jeune secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez ! On comprend que la volonté sarkozyenne de «sauver» l'industrie française se précise à travers les nouveaux titres de Mme Lagarde et M. Chatel. Mais pour l'emploi en général, on reste songeurs...
Car tous s'accordent pour nous dire qu'il y a «embellie» : le chômage baisse (statistiquement parlant), les créations d'emplois et d'entreprises atteignent des sommets (quantitativement parlant)... Pourtant, la création de poste de M. Wauquiez semble avouer le contraire. A moins qu'il ne s'agisse d'œuvrer à la dégradation de l'emploi avec un zèle redoublé - toujours plus de cadeaux et de dérèglementation en faveur des employeurs, toujours plus de précarisation et de paupérisation pour le salariat - au nom des «bons chiffres» officiels, jusqu'à ceux de la pauvreté avec le futur RSA de Martin Hirsch. Réflexion faite, il nous semble qu'à l'aune de la compétitivité et de la mondialisation économiques (qui ignorent les enjeux sociaux), cette stratégie consiste plutôt à continuer de faire subir aux autres ce qu'on ne tolère pas pour soi-même !
SH
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Commentaires
Les nouveaux entrants :
• Laurent Wauquiez, précédemment porte-parole du gouvernement, est nommé secrétaire d'Etat à l'Emploi.
• Hubert Falco, sénateur du Var et maire de Toulon, est nommé secrétaire d'Etat à l'Aménagement du territoire.
• Christian Blanc, ancien PDG d'Air France, est nommé secrétaire d'Etat chargé du développement de la "Région Capitale".
• Anne-Marie Idrac, ancienne présidente de la SNCF, est nommée secrétaire d'Etat au Commerce extérieur.
• Nadine Morano, porte-parole de l'UMP, est nommée secrétaire d'Etat à la Famille.
• Alain Joyandet, député et secrétaire national de l'UMP chargé des fédérations, est nommé secrétaire d'Etat à la Coopération et la Francophonie.
Les changements :
• Luc Chatel, secrétaire d'Etat au Tourisme et à la Consommation, est nommé porte-parole du gouvernement ainsi que secrétaire d'Etat chargé de l'Industrie et de la Consommation.
• Yves Jégo, porte-parole de l'UMP, est nommé secrétaire d'Etat à l'Outre-mer en remplacement de Christian Estrosi.
• Alain Marleix, précédemment secrétaire d'Etat à la Défense chargé des Anciens combattants, est nommé secrétaire d'Etat à l'Intérieur et aux Collectivités territoriales.
• Jean-Marie Bockel, précédemment secrétaire d'Etat à la Coopération, est nommé secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens combattants.
• Eric Besson, secrétaire d'Etat chargé de la Prospective et de l'évaluation des politiques publiques, s'est vu adjoindre le développement de l'Economie numérique.
(Source : Le Nouvel Obs) Répondre | Répondre avec citation |
• François Fillon, Premier ministre
A son service :
- Roger Karoutchi, secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement
- Eric Besson, secrétaire d'Etat chargé de la Prospective, de l'évaluation des politiques publiques et du Développement de l'économie numérique
- Martin Hirsch, Haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté
• Jean-Louis Borloo, ministre d'Etat, ministre de l'Ecologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire
A son service :
- Dominique Bussereau, secrétaire d’Etat chargé des Transports
- Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie
- Hubert Falco, secrétaire d'Etat chargé de l'Aménagement du territoire
- Christian Blanc, secrétaire d'Etat chargé du développement de la "Région capitale"
• Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur, de l'Outre-mer et des Collectivités territoriales
A son service :
- Alain Marleix, secrétaire d'Etat à l'Intérieur et aux collectivités territoriales
- Yves Jégo, secrétaire d'Etat chargé de l'Outre-mer (en remplacement de M. Christian Estrosi dont la démission a été acceptée)
• Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères et européennes
A son service :
- Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes
- Rama Yade, secrétaire d’Etat chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’Homme
- Alain Joyandet, secrétaire d'Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie
• Christine Lagarde, ministre de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi
A son service :
- Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat chargé de l'Emploi
- Luc Chatel, secrétaire d'Etat chargé de l'Industrie et de la Consommation (+ porte-parole du gouvernement)
- Hervé Novelli, secrétaire d'Etat chargé du Commerce, du Tourisme et des Services, de l'artisanat et des PME
- Anne-Marie Idrac, secrétaire d'Etat chargée du Commerce extérieur
• Brice Hortefeux, ministre de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire
• Xavier Bertrand, ministre du Travail, des relations sociales, de la Famille et de la Solidarité
A son service :
- Valérie Létard, secrétaire d’Etat chargée de la Solidarité
- Nadine Morano, secrétaire d'Etat chargée de la Famille
• Rachida Dati, Garde des Sceaux, ministre de la Justice
• Michel Barnier, ministre de l’Agriculture et de la Pêche
• Xavier Darcos, ministre de l’Education nationale
• Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
• Hervé Morin, ministre de la Défense
A son service :
- Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens combattants
• Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la Santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative
A son service :
- Bernard Laporte, secrétaire d'Etat chargé des Sports
• Christine Boutin, ministre du Logement et de la Ville
A son service :
- Fadela Amara, secrétaire d’Etat chargée de la Politique de la ville
• Christine Albanel, ministre de la Culture et de la communication
• Eric Woerth, ministre du Budget, des comptes publics et de la Fonction publique
A son service :
- André Santini, secrétaire d’Etat chargé de la Fonction publique Répondre | Répondre avec citation |
Si je comprends bien, Christine Lagarde n'est plus ministre de l'Economie, des Finances et de l'Emploi mais ministre de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi…
Alors, qui a récupéré les Finances ? Il y a bien le Budget, les Comptes publics… mais rien d'autre parmi ces nouveaux nominés.
Alors c'est bien vrai : LES CAISSES SONT VIDES ?????? Répondre | Répondre avec citation |
"Le gouvernement resserré qu'avait promis Nicolas Sarkozy est de plus en plus dilaté. Avec la nomination de six nouveaux secrétaires d'Etat, il comprend désormais 38 membres", a souligné le président du FN dans un communiqué.
(…) "Sans doute échappe-t-on à une nouvelle ouverture à la gauche socialiste. Mais c'est une piètre consolation", a conclu M. Le Pen, estimant que "ce très modeste remaniement ministériel" est "sans rapport avec l'ampleur de la crise".
(Source : 20 Minutes) Répondre | Répondre avec citation |
Le premier gouvernement Fillon nommé le 18 mai 2007 comportait 15 ministres, 4 secrétaires d'État et un haut-commissaire, soit 20 personnes. Aujourd'hui, ils sont 38 ! Pour supprimer des milliers de postes d'enseignants, ça y va. Mais pour créer une poignée d'emplois inutiles à 15.000 € minimum, pas de problème ! Et n'oublions que le premier servi a été Sarko, qui s'est augmenté de 172%.
La parité homme-femme y a laissé aussi des plumes : en mai 2007 elles étaient sept sur vingt soit 46,66%, maintenant elles ne sont plus que treize sur trente huit, soit 34%. Répondre | Répondre avec citation |
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A (re)lire :
• Travail gouvernemental : une très mauvaise organisation ! (07/07)
Contrairement au marché du travail où l'on ne créé pas suffisamment d'emplois et où l'on cultive le sous-effectif chronique ainsi que la précarisation du personnel, les gouvernements successifs, eux, n'ont jamais été avare de recruter… Pourtant, malgré cette abondante main d'œuvre - grassement payée - et à l'heure où il est question de tailler dans la Fonction publique, les dysfonctionnements ne cessent de s'accroître à la tête de l'Etat.
• Sécurité de l'emploi pour la France d'en haut (11/06)
Comment Matignon reclasse ses personnels et met en place des cellules d’«outplacement» pour prémunir ses collaborateurs en prévision des changements…
• L'emploi «précaire» de Jean-François Copé (et de Bernard Kouchner) (09/07)
Qu'ils soient ministres ou parlementaires, c'est bien connu, nos politiques souffrent de précarité ! Répondre | Répondre avec citation |
Encore une promesse de campagne de Sarkomenteur qui n'est pas tenue !!!
Il demande aux autres plus de rendement avec moins de personnel, mais lui c'est plus de personnel pour moins de rendement !!!
Car si on regarde du côté des résultats pour la France aujourd'hui, quels sont-ils ?
ZÉRO POINTÉ !!! Répondre | Répondre avec citation |
Une chose est sûre, ses quatre priorités sont :
• «Remettre le travail au cœur des politiques publiques» (obliger les privés d'emploi à accepter n'importe quel boulot)
• «Renforcer la compétitivité de notre économie» (compétitivité qui ne s'encombre surtout pas des droits des salariés)
• «Continuer à gérer avec sérieux les finances du pays» (alors qu'il est un champion de la dette publique !)
• «Concilier solidarité et responsabilité en matière de retraites, de prise en charge de la dépendance et de santé» (en clair, poursuite du démantèlement de la protection sociale)…
Pour cela, il veut «maintenir le cap, et accélérer les réformes». Car, selon lui, «au plan national, ces élections ont exprimé une attente, une impatience, une interrogation aussi sur la possibilité que les engagements de la campagne présidentielle puissent être tenus dans une conjoncture que chacun perçoit comme plus difficile. La plus mauvaise réponse serait de ralentir le changement. (…) Il faut continuer [à réformer]. C'est la seule façon de tenir nos engagements, c'est la seule façon de répondre aux difficultés du moment. Dans la tempête économique mondiale, il faut fermement tenir le cap».
CQFD Répondre | Répondre avec citation |
A force de petits-fours et toilettes, la garde des Sceaux a grevé le budget réceptions de son ministère. LIRE ICI…
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Il fait office de récompense pour Laurent Wauquiez, le seul membre du gouvernement à avoir arraché, avec Luc Chatel, une mairie de gauche (Le Puy-en-Velay) au premier tour des élections municipales. Celui-ci doit cependant renoncer, en contrepartie, au rôle de porte-parole.
Défendue à l'origine par Jean-Louis Borloo, éphémère ministre de l'Economie, l'idée d'un rattachement du portefeuille de l'Emploi à Bercy est dans une certaine mesure confortée. Christine Lagarde s'est beaucoup impliquée dans le projet de fusion entre l'ANPE et les Assedic. Elle est venue à bout des résistances syndicales en multipliant les concertations et les visites locales.
Un moindre mal
Mais l'étendue de son portefeuille l'a desservie sur d'autres points. L'Elysée lui a notamment reproché sa mauvaise communication sur les heures supplémentaires , au point de confier le dossier du rachat des jours de RTT à Xavier Bertrand, ministre du Travail et des Relations sociales. Ses mauvais résultats aux élections municipales du 12e arrondissement de Paris n'ont pas amélioré le crédit dont elle disposait à l'Elysée.
La nomination de Laurent Wauquiez apparaît toutefois comme un moindre mal : évoqué il y a quelques semaines, le «rapatriement» du portefeuille de l'Emploi au ministère du Travail aurait été vécu, lui, comme une vraie punition.
(Source : Les Echos) Répondre | Répondre avec citation |
Maire de Tulle, Président du Conseil général de la Corrèze, député, Premier secrétaire du PS… les fins de mois ne doivent pas être trop difficiles pour Super Cumulard. Répondre | Répondre avec citation |
David Martinon, l'ex porte-parole de l'Elysée limogé par Nicolas Sarkozy, est désormais consul général de France à Los Angeles, en Californie, selon un décret du président le nommant à ce poste et publié jeudi au Journal Officiel.
Agé de 36 ans, il hérite d'un poste prestigieux pour un exil politique… Répondre | Répondre avec citation |