Le premier vise à renforcer le mécanisme d'aide à la reprise d'emploi proposé par les Assedic depuis 2006, qui entend «faciliter l'intérêt financier pour les seniors à prolonger leur activité» et compense la perte de revenu lorsqu'un chômeur âgé retrouve un poste à un salaire en-dessous du précédent. Alors que le gouvernement souhaite allonger la durée de cotisation à 41 annuités pour une retraite à taux plein sans même attendre les effets positifs de cet énième «plan seniors», il ne précise pas que le complément versé par l'assurance-chômage ne compense nullement la perte - en valeur - de cotisation liée à la nouvelle rémunération, forcément inférieure...
Le deuxième levier repose sur un accompagnement renforcé du service public de l'emploi, qu'on nous promet «extrêmement vigoureux». Le pire est à imaginer quand on sait que l'ANPE est déjà telle le poissonnier qui, ayant fort peu de poisson à disposer sur ses étals, justifie son existence par la distribution de livres de recettes à base de fruits de mer (appelons-les «suivi personnalisé» immédiat ou même «coaching») : une métaphore iodée, mais révélatrice de l'absurdité de la situation. Ne nous leurrons pas : en l'absence d'employeurs responsables, capables de fournir des postes suffisants et dignes, l'ANPE - devenue bras armé du gouvernement - a l'obligation de pratiquer la coercition et le chantage aux allocations avec un zèle redoublé pour faire baisser… les chiffres du chômage. D'ailleurs, la question de la suppression de la très mal nommée «dispense de recherche d'emploi» ou DRE - qui est en fait une dispense du fastidieux suivi ANPE, et non de recherche, avec pour conséquence quelque 415.000 chômeur âgés escamotés des statistiques - n'a pas été évoquée.
Le troisième levier fait mine de s'attaquer aux employeurs, grands responsables du problème, à qui on réserve un système de bonus-malus. Les entreprises vertueuses se verront octroyer un label (ça leur fera une belle jambe). Et celles qui expulsent «tacitement» leurs seniors feront l'objet de «mesures énergiques, pénalisantes», notamment pour les plus «récalcitrantes». De même celles qui ne favoriseront pas la formation de leurs salariés après 45 ans. Au lieu de dépenser des millions en campagnes publicitaires ridicules, il y a longtemps qu'on aurait du commencer par là ! Mais, dans le détail, ces bonnes résolutions seront-elles véritablement appliquées ? Car il est coutume de faire pression sur les privés d'emploi et jamais sur ceux qui les licencient : le jour où l'on traitera équitablement tous les protagonistes, on pourra enfin parler de «rupture» et, surtout, de justice.
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