Le Conseil de modernisation des politiques publiques (CMPP), présidé vendredi par Nicolas Sarkozy, a décidé de réserver l'attribution de ces contrats «aux personnes les plus éloignées de l'emploi». Car, en 2007, ont été recensées quelque 1.183.700 entrées dans ces dispositifs : une gabegie doublée d'une propagation néfaste du sous-emploi précaire qui ont, certes, profité aux "bons" chiffres du chômage, l'ANPE les ayant prescrits à la chaîne et de façon plus ou moins coercitive, y compris à des personnes très qualifiées.
Désormais ces petits boulots jetables, mal payés mais grassement subventionnés, ne seront prolongés au-delà de la première année qu'à la condition que le bénéficiaire s'engage «dans un parcours d'insertion ou de formation» ou en cas de «situation particulière»... Et l'actuel maquis de contrats pondus en pagaille sous la coupe de Jean-Louis Borloo, qu'ils soient "d'avenir" (CAv), "initiative emploi" (CIE), "d'insertion-revenu minimum d'activité" (CI-RMA) ou "d'accompagnement dans l'emploi" (CAE), devrait bientôt disparaître pour laisser place à un «contrat unique d'insertion».
Enfin ces dispositifs seront destinés à un public restreint et peut-être mieux ciblé, échappant à l'effet d’aubaine qu'ils suscitaient auprès d'employeurs sans scrupules !!! Même si cela ne fait pas plaisir à certains - notamment à Martin Hirsch pour son RSA, aux associations particulièrement désargentées ou à la Fonction publique, saignée par les suppressions de postes -, même si les jeunes de moins de 25 ans risquent d'être les grands perdants de cette nouvelle orientation de la politique de l'emploi, une fois n'est pas coutume, nous considérons que c'est fondamentalement une bonne nouvelle. Voici pourquoi :
• Contrats aidés : les Restos du Cœur n'ont rien compris
• Les enseignants «défendent» les emplois vie scolaire
• Contrat d'avenir : ce que gagne l'employeur
• Un contrat aidé ? Parce que je ne vaux rien...
• CI-RMA : Attention arnaque !
Dans le contrat aidé, c'est l'employeur qui est aidé, et personne d'autre.
=> Quelques réactions au plan de rigueur déguisé du gouvernement : lire en commentaires…
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Commentaires
FSU (premier syndicat de la Fonction publique d'Etat)
"On est toujours dans la même logique : on considère les services publics et les politiques publiques uniquement comme une dépense qu'il faut absolument réduire, sans prendre en compte les atouts que ces politiques représentent", a déclaré son secrétaire général Gérard Aschieri. Avec le remplacement de seulement un départ à la retraite sur deux dans la Fonction publique, "on a la confirmation de la saignée parmi les fonctionnaires", a-t-il souligné. Quant au reste des mesures annoncées, M. Aschieri parle d'une "purge sur toutes les autres dépenses, notamment en matière de logement et de politique sociale".
CGT
"La CGT, en se plaçant du point de vue des usagers du service public, est très inquiète de ce nouveau train de mesures", a déclaré son secrétaire confédéral Jean-Christophe Le Duigou. Les mesures annoncées vont conduire à "la suppression de 100.000 postes de fonctionnaires d'ici à 2012 et à une remise en cause de la politique du logement et des politiques sociales", a-t-il ajouté.
La CGT estime que "l'approche du gouvernement ne traite pas de la politique économique qu'il faut suivre dans la période de difficultés actuelles". "Je prend le pari", a dit M. Le Duigou, "que dans trois ans, on aura le même déficit, si ce n'est plus, en raison d'une croissance qui risque de rester faible ces trois prochaines années".
FO
"Le gouvernement continue à avancer masqué sur ce dossier", a déclaré son secrétaire général Jean-Claude Mailly. "On nous présente des considérations uniquement comptables pour justifier la révision générale des politiques publiques (RGPP), sans expliquer le fond des choses, les motivations réelles, et la méthode", a-t-il ajouté. La RGPP, selon M. Mailly, "c'est quelque chose qui est préparé en catimini, sans aucune concertation ou consultation alors que cela met en jeu l'avenir du service public au sens large dans notre pays, c'est-à-dire que cela touche au principe républicain", a-t-il ajouté. "Ce débat n'a pas eu lieu".
CFTC
La RGPP "est une opération très lourde de restructuration qui inquiète les personnels", a expliqué l'un des porte-parole de la CFTC-Fonctionnaires, Denis Lefebvre. "La CFTC a toujours été opposée à une réduction drastique des postes de fonctionnaires sans tenir compte de la réalité et de la nécessité de leurs missions", a-t-il précisé.
UNSA-Fonctionnaires
Nicolas Sarkozy et le gouvernement "se sont engagés dans une méthode qui méconnaît les principes même du dialogue social fondé sur une réelle concertation avec les organisations syndicales représentatives ", déplore le syndicat dans un communiqué. "Les mesures brutales qui en découlent, assises sur une approche essentiellement budgétaire, n'apparaissent pas de nature à répondre de façon satisfaisante au défi que représente l'offre d'un service public de qualité à l'ensemble des citoyens sur la totalité du territoire", ajoute l'UNSA qui juge que les mesures annoncées "méconnaissent (…) les personnels en les plaçant dans des situations dégradées au regard de l'exécution de leurs missions et de leurs conditions de travail, ce qui risque in fine de nuire à la qualité du service rendu aux usagers".
(Source : Le Nouvel Obs) Répondre | Répondre avec citation |
Où le gouvernement va-t-il trouver ces 7 milliards ? C'est la question qu'il faut se poser. Les 35.000 postes de fonctionnaires supprimés vont rapporter 500 millions d'euros, pas davantage. Il va leur falloir couper dans les dépenses pour l'emploi, le secteur de la santé et l'aide au logement, ce qui équivaut à renoncer à la flexisécurité. Et le volet du logement social pour les plus faibles revenus ne sera pas traité. De plus, le manque de personnel dans les hôpitaux ne sera pas pallié.
On peut s'interroger sur les marges de manœuvre du gouvernement. Trop de rigueur tue la rigueur. Et ce n'est pas nécessaire. Ce plan de réforme est une erreur économique. La France n'est pas en difficulté comme le sont les Etats-Unis et peut donc s'endetter à très bas taux. La politique engagée par le gouvernement comme le paquet fiscal n'a pas eu d'effet sur la croissance.
Je pense que ce plan de rigueur est surtout là pour respecter le pacte de stabilité européen que seule l'Espagne suit à la lettre. Le chef de l'Etat doit profiter de sa présidence prochaine à la tête de l'Union européenne pour revoir ce pacte et effectuer les modifications qui s'imposent.
L'opposition et les syndicats dénoncent vigoureusement la réforme. Est-ce du corporatisme ou est-ce que la crise actuelle n'est pas gérée comme il le faudrait par l'Etat ?
Dans la Fonction publique, il est prévu de supprimer 23.000 postes dont 11.000 dans l'Education nationale et plusieurs milliers dans les services de santé, ce qui va détériorer la qualité des soins dans les hôpitaux. Cette dénonciation relève-t-elle du corporatisme ? Non. Il s'agit de deux choix de société qui s'opposent. Avec le gouvernement actuel, il y a la volonté d'en finir avec le gaullisme économique de 1945 qui représentait un état social. Des réformes en ce sens avaient commencé avec Chirac et Balladur. Le gouvernement a décidé d'aller au bout d'un programme. D'approfondir une politique qui nous met dans le mur. Qui creuse les inégalités et les déficits. Ces mesures vont planter l'activité économique et accentuer la dette.
Le paquet fiscal mis en place au début du quinquennat provoque de nombreux remous. La remise en cause de cette mesure comme le souhaiterait l'opposition est-elle une alternative aux 7 milliards d'économies prévues par le gouvernement ?
Le choc fiscal annoncé ne s'est pas produit. Il n'y a pas eu d'effet la première année. Cela va-t-il se produire dans les années à venir ? Il faut investir dans d'autres domaines comme la recherche ou l'éducation.
Les 15 milliards du paquet fiscal sont financés par la dette et l'emprunt. Une partie de cet argent a bénéficié aux ménages les plus aisés qui vont épargner davantage et alimenter la bulle financière et augmenter la spéculation immobilière. Mais cet argent ne sera pas réinvesti. De plus, cela a engendré un effet pervers : 6 millions d'euros en moins pour la Sécurité sociale. Où va-t-on trouver cet argent ? Dans le prélèvement des ménages ?
(Source : Le Nouvel Obs) Répondre | Répondre avec citation |