Le pillage de l'assurance-chômage est en marche : le Premier ministre en a informé les partenaires sociaux par écrit, leur rappelant que sa réforme des retraites de 2003 prévoit, outre l'augmentation de la durée de cotisation de 40 à 41 ans, «un relèvement des cotisations vieillesse pour assurer l'équilibre des comptes d'ici 2020».
Pour ce faire, François Fillon évoque «une réaffectation de recettes ou de dépenses de la branche famille» — supposée excédentaire, ce que conteste la Cour des comptes — de l'assurance-maladie, ainsi que le «relèvement progressif des cotisations vieillesse en trois phases : 0,3% en 2009, 0,4% en 2010 et 0,3% en 2011». Un relèvement qui «interviendrait à prélèvements constants, grâce à la diminution parallèle des cotisations d'assurance-chômage». Manœuvre populiste visant à épargner le pouvoir d'achat de ceux qui travaillent (en opposition à ceux qui ne travaillent pas alors qu'ils sont en âge de le faire), et que François Fillon justifie au vu des «marges de manœuvre dont dispose l'Unedic, compte tenu de l'amélioration apportée à la situation de l'emploi»...
Comme l'explique à juste titre l'économiste Jacques Bichot, «le système des vases communicants est la grande ressource de ceux qui veulent ne pas faire grand chose en réalité, tout en donnant l’impression qu’ils s’activent et résolvent les problèmes : ils bouchent un trou en en creusant un autre» => Lire en commentaire…
Déshabiller les chômeurs pour habiller les retraités
Seulement voilà : malgré ses «excédents» réalisés sur le dos des chômeurs — dont on rappelle que plus de la moitié n'est pas indemnisée par le régime d'assurance-chômage —, l'Unedic affichait fin 2007 un déficit cumulé de 9,5 milliards d'€ (alors que celui du régime vieillesse est estimé à 5,6 milliards pour l'exercice 2008) et, à paramètres constants, l'assainissement de sa situation financière n'est prévu qu'à l'horizon 2010. Or ces paramètres se modifient déjà, puisque le chômage ne baisse plus et qu'il doit même repartir à la hausse cette année ainsi qu'en 2009.
Mais le gouvernement semble avoir anticipé la manœuvre, puisque sa récente loi sur les «droits et devoirs» des demandeurs d'emploi durcit comme jamais le traitement à leur égard. Il table donc sur des radiations massives pour préserver à la fois ses statistiques officielles et les finances de l'Unedic.
Les partenaires sociaux, qui doivent s'atteler à la renégociation de la convention Unedic à la rentrée, sont opposés à cette mesure, de même que son président Geoffroy Roux de Bézieux. Mais ce que l'UMP veut, le gouvernement le fait, quitte user d'ingérence, au mépris du dialogue social. Quant à Nicolas Sarkozy, qui fut élu notamment grâce aux voix des électeurs âgés dont les sondages montrent qu’ils sont, plus que d'autres, hostiles aux chômeurs, trouve ainsi un moyen (dérisoire) de leur renvoyer l'ascenseur.
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