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Cette dégradation conjoncturelle touche en premier les moins de 25 ans (+ 6,2% depuis le 1er janvier), très concernés par l'effondrement de l'intérim.
En conformité avec la hausse du chômage, l'Assedic accuse également le coup avec une augmentation de 0,2% du nombre de ses allocataires : une première depuis deux ans. Les personnes indemnisées au titre de l'assurance-chômage (chômeurs, préretraités, stagiaires en formation) atteignent le seuil de 1,65 million.
De l'Unedic à l'INSEE en passant par le BIT ou l'OCDE, depuis des mois, tous les indicateurs économiques s'accordent pour dire que la situation ne va pas s'améliorer. Mais Christine Lagarde, reine de la méthode Coué, continue à positiver : elle se félicite d’«une résistance encourageante de notre marché du travail face aux chocs extérieurs». Quant à François Fillon, il estime que «l'amélioration apportée à la situation de l'emploi» autorise la prochaine (et arbitraire) diminution des cotisations chômage au profit des cotisations retraite. La situation serait risible si des millions de personnes n'avaient pas à souffrir d'un tel aveuglement.
Le nouveau taux de chômage officiel de l'INSEE pour le 2e trimestre sera publié le 4 septembre. Nos gouvernants ont intérêt à passer de bonnes vacances, car la rentrée sera rude.
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• 53% des personnes interrogées (actifs âgés de 25 à 59 ans) ont connu le chômage au moins une fois dans leur vie professionnelle
• 15% l'ont même connu au moins trois fois
• 24% disent avoir toujours alterné périodes d'emploi et de chômage
• 31% ont vécu une période de chômage supérieure à un an
• 15% ont bénéficié au moins une fois dans leur vie d'un minima social
• 10% déclarent travailler ou avoir déjà travaillé sous contrat aidé
• 15% de ceux qui travaillent se considèrent «dans une situation professionnelle précaire ou très précaire»…
Au total, un tiers des 25-59 ans sont ou ont été au chômage depuis/pendant plus d'un an au cours de leur carrière, ou bien ont été allocataires d'un minimum social (RMI notamment), ou bien ont "bénéficié" d'un contrat aidé.
Pour finir, un «noyau dur» représentant 14% des 25-59 ans a connu de façon récurrente le recours à un ou plusieurs dispositifs d'aide, soit au moins trois épisodes de chômage ou de passage aux minima sociaux. Et parmi les allocataires de ces derniers, face aux difficultés de recherche d'emploi, 49% disent avoir été découragés «au point d'arrêter de chercher pendant plusieurs mois».
Rappelons que, selon une évaluation du Centre d'analyse stratégique datée de janvier 2008, il y aurait en France entre 1 et 3,5 millions de personnes en âge de travailler qui seraient en «difficulté structurelle» sur le marché de l'emploi.
De plus, la part d'emplois précaires, de type CDD ou intérim, est passée de 14,1% à 14,4% entre 2005 et 2007. Sur cette période, il y a aussi eu une nette progression de ce qu'on appelle le «sous emploi», qui désigne les temps partiels subis. On est passé en deux ans d'un taux de 5,2% à un taux de 5,6%, ce qui représente 160.000 personnes de plus.
Enfin, l'ANPE compte aujourd'hui dans ses listes 476.700 chômeurs de longue durée (sans emploi depuis plus d'un an, un quart des inscrits en catégorie 1) dont 397.500 perçoivent l'ASS et 283.400 chômeurs de plus de 50 ans + 367.000 chômeurs en DRE («dispensés de recherche d'emploi», non comptabilisés dans les chiffres officiels). Répondre | Répondre avec citation |
La loi relative aux «droits et devoirs» des demandeurs d'emploi a été votée dans un contexte qui se dégrade : plusieurs indicateurs confirment le ralentissement du marché du travail pronostiqué par les économistes depuis plusieurs mois.
Un taux de croissance en berne et une remontée du chômage en 2008 et 2009 pour l'OCDE (1 million de chômeurs en plus dans sa zone) ou le BIT (5 millions de chômeurs en plus dans le monde), un net ralentissement de la création d'emplois et des embauches pour l'Unedic, une pudique «stabilisation» du chômage pour l'INSEE…
Au premier trimestre 2008, notre taux de chômage «officiel» s'établissait à 7,2% de la population active — en métropole : les DOM, on s'en fout —, selon l'INSEE. On sait bien que cette baisse est très cosmétique, et que 70% des emplois disponibles actuellement sur le marché du travail sont précaires et/ou sous payés.
Durant ce premier trimestre et pour la première fois depuis 2006, les offres d'emploi déposées par les employeurs à l'ANPE ont reculé (- 3,3% par rapport au trimestre précédent). Depuis janvier, on sait aussi que la courbe des inscriptions des moins de 25 ans est repartie à la hausse.
D'avril à juin, les URSSAF ont enregistré 4,8 millions embauches mais, en majorité, sur des contrats… de moins d'un mois.
En mai, l'Unedic a relevé une baisse inquiétante du nombre d'intérimaires pour le deuxième mois consécutif : une première depuis 2004.
Enfin, de mars à mai, selon un indice INSEE provisoire, l'emploi dans les secteurs principalement marchands n'a que faiblement progressé (+ 0,2%).
A l'OFCE, l'économiste Mathieu Plane prédit un marché du travail «atone», avec «au mieux une stabilité de l'emploi, au pire des destructions, et une remontée du taux de chômage».
Après avoir longtemps tablé sur une accélération de la création d'emplois salariés cette année, le gouvernement s'est rendu à l'évidence : le choc pétrolier et financier, qui privera la France d'un demi-point de croissance, devrait aussi coûter des dizaines de milliers d'emplois. «On a eu un marché très dynamique, on est maintenant dans une phase de ralentissement contenu de l'activité, qui fatalement devrait peser un peu sur le marché du travail», minimise l'entourage de Christine Lagarde.
Mathieu Plane estime qu’«on peut réformer autant qu'on veut, si les entreprises n'ont pas d'activité, elles ne vont pas prendre le risque d'embaucher». Mais, avec sa nouvelle loi, le gouvernement a choisi d’«accélèrer les réformes structurelles pour favoriser un retour rapide à l'emploi» alors que celui-ci se détériore : de quoi pourrir sans scrupule la vie des chômeurs à la rentrée. Répondre | Répondre avec citation |
Toujours pour les novices : On rappelle également que, pour recenser les créations nettes d'emplois, on met dans le même sac toutes les catégories de postes (CDI, CDD, intérim, saisonnier, temps plein, temps partiel ou très partiel : bref, sans distinction, le meilleur comme le pire). Mais pour chiffrer le chômage, que ce soit selon l'ANPE ou l'INSEE, on n'inclut qu’une seule catégorie de chômeurs et on ignore toutes les autres. Une disparité de calcul totalement malhonnête. Répondre | Répondre avec citation |
En Guadeloupe, par exemple, à fin juin 2008, le nombre de chômeurs a augmenté de 1,8% (1,5% pour les hommes, 0,2% pour les femmes). Le nombre de demandeurs d'emplois de moins de 25 ans a augmenté de 3,7%, celui des plus de 50 ans de 3,6% par rapport à mai 2008 et de 5,9% sur un an !
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