Patricia Russo, 56 ans, avait pris la tête du groupe en décembre 2006, au moment de la fusion (malheureuse, il faut le dire) entre l’américain Lucent Technologies, dont elle était PDG depuis 2002, et le français Alcatel. Serge Tchuruk, 70 ans, PDG d’Alcatel depuis 1995, avait alors abandonné ses fonctions exécutives, devenant président du conseil d’administration du nouveau groupe.
En 2007, la rémunération de Mme Russo, qui était la première et seule femme patronne d'une entreprise du CAC 40, aboutissement d'un parcours pugnace dans les nouvelles technologies, s'était élevée à 1,8 million d'euros (dont un bonus de 600.000 €) et devrait être équivalente en 2008 pour la partie fixe. En outre, elle avait reçu 800.000 stock-options à un prix d'exercice de 3,80 €, soit plus de 3 millions d'euros. Selon une porte-parole du groupe, Mme Russo pourrait toucher «un maximum de 6 millions d’euros» d’indemnités de départ, soit deux ans de salaires. De son côté, Serge Tchuruk «ne touche pas de salaire, mais seulement des jetons de présence d'un montant de 100.000 € par an». L'homme, qui avait tout de même empoché 5,6 millions d'indemnités lors de la fusion, partira le «1er octobre 2008».
Parachutes dorés pour les uns, licenciements pour les autres !
Ces départs ont été salué à la Bourse de Paris. A midi, le titre Alcatel-Lucent, qui a perdu 60% depuis le mariage, grimpait de 3,66% à 3,97 €.
Depuis le rapprochement entre les deux groupes, la nouvelle entité a accumulé les difficultés et a procédé à plusieurs plans de restructuration comprenant des milliers de suppressions d’emplois dans le monde, actuellement en cours : 16.500 au total d’ici 2009, dont plus de 1.800 en France.
Pour la CFDT, la démission des deux patrons «est un constat d’échec de la fusion», tandis que la CGT espère du «prochain dirigeant qu’il redonne des perspectives d’avenir aux salariés». Un optimisme déraisonnable, puisque des rumeurs ont circulé sur l'ancien ministre des Finances et ex-PDG de Thomson et de France Télécom, Thierry Breton, qui est un champion des plans sociaux...
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Commentaires
"Alors qu'Alcatel-Lucent accuse de lourdes pertes depuis deux ans, on apprend la démission de ses deux dirigeants, assortie d'indemnités de départ indécentes", dénonce Stéphane Le Foll. "Cette démission solde une fusion ratée, fruit d'un projet industriel mal appréhendé, dont le bilan se traduit par la multiplication de restructuration s engendrant des milliers de suppressions d'emploi. Dans ce contexte, alors que dans le même temps, les salariés subissent des pressions sur les salaires, la dégradation de leurs conditions de travail et la précarité, il est choquant que des dirigeants, au vu de leur bilan désastreux, puissent bénéficier de primes se chiffrant en millions d'euros". Répondre | Répondre avec citation |
L'article 17 de la loi n°2007-1223 du 21 Août 2007 "en faveur du travail, de l'emploi et du pouvoir d'achat" (Tepa) a pourtant prévu que l'octroi d'une indemnité de départ au dirigeant doit être conditionnée à sa performance. Alors, comment se fait-il que la directrice générale d'Alcatel-Lucent puisse prétendre à un parachute doré de 6 millions d’€ alors que sa société accuse des pertes considérables ?
Réponse ici… Répondre | Répondre avec citation |
Ou le comportement des PDG français en cas d’échec : pas question de reconnaître ses (nombreuses) erreurs !!! Répondre | Répondre avec citation |