Bisbilles ou grosses disputes. Dans les salles de profs, les heures sup’ sèment la zizanie. «Il y a deux camps : ceux qui acceptent de jouer le jeu du gouvernement et ceux qui résistent. Comme ils peuvent», résume Hélène, professeur de Français dans l’académie de Créteil.
Plus que jamais cette année, les enseignants sont incités à «travailler plus pour gagner plus». Dans sa dernière réforme, Xavier Darcos, le ministre de l’Education, a revalorisé les heures sup’ : 35,40 € pour la première heure en plus et 29,50 € pour les suivantes (valable pour les titulaires du CAPES, c’est un peu plus pour les agrégés). Petit bonus : une prime de 500 € pour récompenser les profs du second degré réalisant au moins trois heures supplémentaires chaque semaine.
Méthode incitative ou coercitive ?
«En théorie, on peut seulement nous imposer une heure supplémentaire par semaine. Pour le reste, on est censé avoir le choix…», explique Martine, professeur de sport dans l’académie de Créteil. «Mais, dans les faits, on nous met la pression pour qu’on en fasse plus. Si on accepte des heures, on est bien vu par le chef d’établissement… Et on a plus de chances d'avoir un bon emploi du temps ou les classes les plus faciles !» avoue une autre enseignante qui préfère garder l’anonymat, histoire de ne pas aggraver les tensions avec ses collègues. «Ces heures sup’, ça plombe l’ambiance entre nous. Vous comprenez, ceux qui acceptent sont montrés du doigt car ils participent à la précarisation du système.»
Des situations aberrantes
Grands perdants de ces heures sup’, les TZR (Titulaires de zone de remplacement), ces professeurs remplaçants affectés chaque année dans un nouvel établissement en fonction des besoins. Mardi, le jour de la rentrée, certains ont eu une mauvaise surprise : «Au lieu d’être dans un seul établissement, je vais devoir enseigner dans 4 collèges différents» témoigne, écœurée, Magali, 28 ans. Pour elle, l’explication est toute simple. Tenus d’utiliser un contingent d’heures supplémentaires, les chefs d’établissement ont dû ruser… «en remplaçant, par exemple, un temps complet par un temps partiel de 10 heures. II suffit ensuite de dispatcher les heures restantes entre les profs consentants».
«On en arrive à des situations complètement aberrantes» s'énerve Valérie Sultan, secrétaire académique au SNES de Créteil, prenant l’exemple de ce prof de physique-chimie forcé de faire plus de 6 heures de trajet par jour pour enseigner dans quatre établissements différents ! «A côté de ça, un collègue a réussi à amasser 13 heures de cours supplémentaires. C'est sûr, il va gagner plus. Au sacrifice de ses élèves. Dommage.»
(Source : Libération)
NDLR : Pour remplacer les 11.200 postes supprimés cette année dans l'Education nationale et les 13.500 annoncés pour 2009, rien ne vaut les heures supplémentaires (soi-disant sur la base du volontariat…) puis l'usage de salariés précaires (TZR et autres vacataires, contrats aidés…) comme variables d'ajustement, voire des retraités appelés à la rescousse (lire en commentaire). Un schéma que l'on retrouve partout ailleurs. Il y a ceux qui consentent et ceux qui n'ont pas le choix : rares sont ceux qui se révoltent. Et tout le monde se fait avoir.
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