«Quand on est payé pareil, c'est déjà une prime de favoritisme. Etre payé en fonction de ses résultats, c'est naturel. Le paradoxe, c'est d'être obligé de l'expliquer», a-t-il réagi à la question de marion51 : «Comment éviter une dérive d'un favoritisme, d'une pression supplémentaire au titre du mérite ?»
D'abord, à l'instar de ses pairs, libéraux d'un point de vue économique mais politiquement conservateurs et qui croyaient en l'efficacité régulatrice de la «main invisible» du marché, Eric Woerth affiche le même optimisme béat sur le genre humain : supposant que l'homme est fondamentalement bon et honnête (sauf quand il est pauvre et tributaire de prestations sociales…), il n'émet aucun doute sur le fait que la rémunération au mérite puisse se transformer en prime à la «bonne» ou «sale» gueule, et que les objectifs fixés pour l'obtenir soient réalistes et justes. Pourtant, des entreprises à l'ANPE en passant par les administrations, les dégâts occasionnés par la culture du chiffre/résultat et la course aux objectifs sont légion : la déshumanisation et les abus qu'elles induisent sont régulièrement dénoncés par des experts (DRH, sociologues, professionnels de santé…) dignes de confiance.
De plus, il y a de quoi ricaner quand on constate que cette prime au mérite, qui pourrait atteindre pour certains 14.400 € par an (soit ce que gagnent 40% des salariés français), concernera essentiellement… des hauts fonctionnaires, déjà bien lotis.
Ensuite, pour M. Woerth, l'égalité — l'un des trois principes de notre devise républicaine — c'est du favoritisme : du novlangue digne d'Orwell («La liberté, c'est l'esclavage», «L'ignorance, c'est la force» et, pourquoi pas, «La guerre, c'est la paix» ?). Selon Eric Woerth, qui assimile grossièrement le salaire à une prime, l'inégalité de traitement au nom du «mérite» et du rendement, c'est na-tu-rel. Un naturalisme qui fleure bon le darwinisme social... On mesure toute la régression philosophique et civilisationnelle que ce serviteur de l'Etat, au demeurant plutôt mauvais, exprime à travers sa conception de l'égalité. Conception par ailleurs largement partagée au sein de son parti, dont le leader au pouvoir travaille ouvertement pour les plus riches, méprise les «faibles», et foule régulièrement du pied les notions mêmes de liberté et de fraternité.
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