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AFF : la colère des «recalculés» de la formation

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Le gouvernement vient de supprimer l’allocation de fin de formation, empêchant des milliers de chômeurs de se reconvertir.

Laurent Wauquiez, secrétaire d’État à l’Emploi, ne pourra pas dire qu’il ne savait pas. Depuis le début de l’année, son blog, où il invite à témoigner sur la «mobilité pour le travail», est inondé de messages de désarroi, de désespoir, de colère. Des quatre coins de la France, des dizaines de chômeurs racontent comment leur projet de reconversion, sur lequel ils travaillaient depuis des mois, vient d’être réduit à néant avec la suppression par le gouvernement de l’allocation de fin de formation, l’AFF.

La plupart sont trentenaires, la plupart s’apprêtaient à entrer en école d’infirmiers. Tombés au chômage après un début de carrière dans un autre secteur, ils avaient élaboré avec leur ANPE une reconversion dans ce métier difficile, confronté à une pénurie de vocations. Les 38 mois de formation excédant de beaucoup la durée de leur allocation chômage (23 mois), ils pouvaient prétendre à l’AFF, versée par l’État pour prendre le relais des Assedic jusqu’à la fin de la formation.

L’AFF n’existe plus

Pour les «métiers en tension», cette allocation était facilement accordée. Ils avaient donc eu le feu vert de l’ANPE pour préparer le concours d’entrée à l’école d’infirmiers. Début janvier, l’examen en poche, ces chômeurs retournent à l’ANPE, rebaptisée Pôle Emploi, pour valider le projet. C’est alors qu’ils apprennent que l’AFF n’existe plus depuis le 1er janvier, en vertu d’un article discrètement glissé dans la loi de finances pour 2009 adoptée fin décembre. Pour économiser près de 200 millions d’euros par an, le gouvernement a mis fin à un dispositif dont bénéficiaient chaque mois 22.000 chômeurs. Et afin d’éviter un effet rétroactif, il a pris garde de ne pas retirer l’allocation aux chômeurs engagés dans la formation avant le 31 décembre. Mais le couperet est tombé sur ceux qui s’apprêtaient à s’inscrire.

«Quand le conseiller de Pôle Emploi m’a appris la nouvelle, j’ai d’abord cru mal entendre, puis défaillir», témoigne Xavier-Paul, chômeur d’Évreux, écœuré de cette décision d’un gouvernement «en pleine période de crise, après moult cadeaux aux entreprises, boucliers fiscaux et renflouement de banques». «Je le vis comme une profonde injustice, appuie Véronique de Nantes. On n’arrête pas de parler des pénuries d’infirmiers et de la formation tout au long de la vie, mais on nous retire le coup de pouce dont on avait besoin.» «On était pourtant sûrs de trouver un boulot à l’issue de la formation», renchérit Romain, de Paris.

Ces chômeurs se retrouvent devant un choix cornélien : ou bien abandonner un projet auquel ils tenaient, ou bien s’engager malgré tout dans la formation, sans savoir de quoi ils vivront après épuisement des Assedic. Le pari est risqué pour ces chargés de famille. «Mais je me suis trop investi pour renoncer», explique Benjamin de Dieppe, à qui il manque un an et demi d’allocation. «Mon père pourra me donner 500 € par mois. Pour compléter, je travaillerai la nuit comme aide-soignant.»

«C’est d’un cynisme absolu»

De l’autre côté du guichet, Yann Venier, conseiller ANPE et militant CGT en Lorraine, confirme : «En 2008, on avait monté des plans de formation dans les secteurs de la restauration, de la métallurgie, des services à la personne. On a appris le 22 décembre que l’AFF était supprimée. On a dû rappeler les demandeurs d’emploi pour leur dire qu’il fallait revoir leur projet. Ils voulaient changer de domaine ou progresser dans leur métier. On va les maintenir de force dans leur état actuel.»

Lors du débat budgétaire, le gouvernement avait argué que la suppression de l’AFF «inciterait» les chômeurs à entrer plus vite en formation... «C’est d’un cynisme absolu», conteste cet agent, témoignant du «parcours du combattant» des chômeurs pour obtenir une formation. Depuis plusieurs années, les Assedic et les régions ne financent plus que des formations sur les métiers «en tension» mais, même dans ces secteurs, «les budgets sont en diminution constante, le nombre de places est très limité». Et de citer le délai d’attente de deux ans pour une formation en climatisation. «Dans mon agence, une chômeuse attend depuis 8 mois une formation d’aide à domicile, appuie une conseillère Pôle Emploi de Normandie. Tout ce qu’on peut proposer, c’est des ateliers de recherche d’emploi, histoire de noyer le poisson.»

Interrogé sur l’AFF, le 14 janvier dernier dans le quotidien Les Échos, le secrétaire d’État à l’Emploi s’est voulu rassurant : «C’est une question de semaines pour caler les choses, il faut savoir qui finance quoi pour faire quoi», avait-il affirmé, allusion aux négociations en cours sur l’Unedic et sur la formation professionnelle. Mais celles-ci sont bouclées, sans aucune solution de financement pour l’AFF. Sollicité par L’Humanité sur les pistes prétendument envisagées, le cabinet de Laurent Wauquiez n’a pas tenu à répondre.

Fanny Doumayrou pour L'Huma

PÉTITION => Non à la suppression de l'AFF !
Mis à jour ( Mercredi, 04 Février 2009 17:31 )  

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