Côté médias, sauf polémiques incontournables comme les scandaleuses suppressions d'emplois chez Total ou Continental, les journaux télévisés zappent les actualités sociales qu'elles abordent avec superficialité, survolant les conflits et les infos importantes au bénéfice du glamour ou des faits divers. Même l’«AFP social» ressemble désormais à une source tarie. Cet appauvrissement de l'actualité sociale est général : on le note dans toute la presse généraliste et même sur internet où seuls les plus indépendants tirent laborieusement leur épingle du jeu. Quant aux JT et aux magazines télévisés, ils cautionnent le règne de la pensée unique en confiant les débats toujours aux mêmes «experts», journalistes ou autres, à la solde du sarkozysme.
Tout va très bien, Madame la Marquise...
Côté politiques, si ce n'est la méthode Coué, c'est l'hypocrisie la plus crasse. Alors qu'ils ont toujours encouragé le libéralisme économique (et, sans le dire, ces outils indispensables à son bon fonctionnement que sont le chômage et la précarité), nos gouvernants font mine de désapprouver les décisions des entreprises qui licencient. De Laurent Wauquiez à Luc Chatel en passant par Philippe Marini, les grosses têtes de l'UMP s'indignent et font croire au bon peuple qu'ils vont faire justice alors qu'ils ne le peuvent (ni ne le souhaitent) réellement.
Même chose du côté des sondagiers et autres organismes statistiques : on nous fait croire que les Français sont d'accord pour travailler jusqu'à 62 ans, que la cote de Nicolas Sarkozy remonte, tandis que l'Unedic ou l'Insee minimisent les chiffres de l'inflation et du chômage.
Il s'agit, à la veille d'une nouvelle journée de grève nationale et dans un contexte de chômage explosif, d'atténuer au maximum le ressenti des Français. Pour ceux qui sont touchés de plein fouet, d'étouffer l'information. Cette omerta et ces mensonges, censés entretenir une légèreté salutaire pour ne pas écorner la «confiance», finissent par peser comme une chape de plomb sur un climat social déjà lourd. Reste à savoir combien de temps ces supercheries grossières réussiront à contenir le malaise.
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Commentaires
Des chiffres pareils devraient motiver à eux seuls les manifestations du 19 mars prochain, reléguant au second plan la défense du pouvoir d’achat. Et en tête des cortèges devraient défiler Chômeurs et Précaires qui, par centaines de milliers, font les frais de la crise qui s’installe et s’amplifie. Même le gouvernement et sa majorité semblent dépassés par l’ampleur du phénomène depuis l’annonce de licenciements chez Total et, plus encore, chez Continental à Compiègne.
La situation est explosive sur le front du chômage alors que Pôle Emploi (résultant de la fusion entre ANPE et Assedic) n’arrive plus à traiter les dossiers d’indemnisation des licenciés économiques qui s’empilent par dizaines de milliers (on parle de 80.000 dossiers en souffrance), plus à assurer un suivi correct des millions de chômeurs inscrits depuis plus d’un an, et des centaines de milliers inscrits depuis 7 mois (+ 300.000 demandeurs d’emploi depuis août 2008 ; 90.200 pour le seul mois de janvier 2009). Pôle Emploi dont la création s'est faite «très vite, à marche forcée», à un «mauvais moment», de l’aveu même du Président de l’Unedic. Le voilà habillé pour le printemps… et l’été !
Mais revenons aux prévisions du chômage en 2009. Mi-février, l’Unedic évaluait à 282.000 le nombre des destructions d’emplois en 2009. Le 2 mars, filtrait du ministère de l’Économie la prévision de + 300.000 chômeurs. Le 4 mars, le Conseil des ministres en annonçait + 350.000. Le 11 mars, l’Unedic revoyait son chiffre à la hausse : + 454.000 chômeurs en 2009 ! Qui dit mieux ?
En moins d’un mois, les «grands experts» du gouvernement et de l’assurance-chômage ont corrigé leurs pronostics qui sont pratiquement passés du simple au double, comme ça, d’un claquement de doigt. Et quand on sait qu’en matière de chômage les chiffres officiels sont toujours sous-évalués, on peut craindre le pire, d’autant plus qu’on ne parle ici que de la catégorie 1 des demandeurs d’emploi (le taux officiel). Pôle Emploi en compte huit dont la catégorie 4, celle des «stagiaires de la formation professionnelle» qui recense tous les licenciés économiques ayant opté pour une Convention de reclassement personnalisée ou un Contrat de transition professionnelle. Et en ce moment, des CRP et des CTP (qui assurent aux chômeurs une meilleure indemnisation), il s’en signe des milliers. Voilà autant de demandeurs d’emploi qui n’apparaîtront pas dans le taux officiel !
Pour cette raison et pour d’autres encore plus préoccupantes (notamment l’augmentation exponentielle du nombre de plans sociaux : 2.500 destructions d’emplois envisagées en deux jours, les 10 et 11 mars, rien qu’à la FNAC, chez Total, dans le réseau d’agences de voyages Carlson Wagonlit Travel France, chez Continental), la RUPTURE SOCIALE est imminente.
Pour cette raison et d’autres encore plus préoccupantes (notamment l’indemnisation des chômeurs qui n’est pas garantie car le financement de l’assurance-chômage, face à un déferlement de licenciements, n’est pas prévu), le gouvernement, le patronat et mêmes les syndicats de travailleurs font semblant d’ignorer une situation catastrophique.
Oui, le chômage (officiel) pourrait augmenter de 25 à 50% en France sur un an et ce, malgré les artifices statistiques mis en place pour en limiter la visibilité. Aux USA, on envisage 6 millions de destructions d’emploi en 2009 (contre 2 millions en 2008). Sur janvier et février, 1,3 million d’emplois ont disparu outre-Atlantique !
Sur la base du dernier chiffre connu en France, Actuchomage.org n’hésite pas à pronostiquer 1 million de demandeurs d’emploi supplémentaires en 2009, soit +50% de chômeurs sur un an. Plus raisonnablement – souhaitons-le – l’augmentation pourrait se situer entre 500.000 et 600.000, soit entre +25 et +30% sur un an.
+25, +30 ou +50%, de quoi alimenter une explosion sociale… Mais chut !
Source : Rénovation-démocratique.org Répondre | Répondre avec citation |