Dans notre article du 10 Janvier, nous expliquions l'historique de ce régime et les enjeux de la négociation.
A cause de «la crise», selon les dernières prévisions, l'Agirc et l'Arrco plongeront dans le rouge dès 2009 alors que cette situation ne devait se présenter que dans cinq ans. A l'horizon 2020, le déficit dépasserait 7 milliards d'euros. Une nouvelle aubaine pour le patronat qui rêve depuis toujours de supprimer l'AGFF, ce fonds alimenté par l'Agirc et l'Arrco qui permet, par dérogation, aux salariés affiliés de liquider leur retraite à partir de 60 sans abattement et de percevoir, jusqu'à 65 ans, une pension complémentaire non prévue par le régime général.
En clair, faute de n'avoir pas obtenu du gouvernement le recul officiel de l'âge légal de la retraite à 62 ou 63 ans, la proposition du Medef — soi-disant «technique et pas dogmatique» — consiste, par ce biais, à repousser d'un an le départ des salariés âgés, ainsi dissuadés par la perte financière occasionnée.
Parallèlement, on comprend mieux pourquoi un sondage CSA, moins informatif que pétri de prosélytisme, avançait mardi — comme par hasard — que 49% des actifs seraient désormais prêts à travailler jusqu'à 62 ans...
Tollé syndical
Les syndicats, indignés, ont mis en avant des solutions alternatives, comme l'utilisation d'une partie des réserves financières de l'Agirc-Arrco (entre 50 et 60 milliards d'euros), la hausse des cotisations ou, pour la CGT, un élargissement de leur assiette. On rappelle que, depuis plus de vingt ans, notre masse salariale a été constamment malmenée et réduite grâce au chômage de masse et au développement de la précarité, bénéficiant aux revenus du capital. La masse salariale est également tributaire des ralentissements économiques, qu'ils soient organisés ou non. Or, un point de masse salariale en moins correspond à 2 milliards d'euros de recettes en moins pour notre protection sociale.
Faute d'accord d'ici le 31 mars, les salariés partant en retraite avant 65 ans toucheraient une pension complémentaire amputée : ils pourraient perdre jusqu'à 22% de leur pension complémentaire, qui représente environ le tiers de la pension totale des non-cadres et les deux-tiers de celle des cadres, selon FO. En cas de blocage, «nous n'hésiterons pas à mobiliser les salariés, qui sont très inquiets», a prévenu le syndicat.
Une nouvelle séance de négociation est prévue le 23 mars, mais étant donné l'étendue des désaccords, une «réunion de secours» est déjà envisagée le 31.
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