Clément Carbonnier, économiste à l'université de Cergy-Pontoise et auteur de «A qui profiterait une baisse de la TVA dans la restauration ?», estime que cette mesure onéreuse, qui profitera surtout aux consommateurs aisés, ne permettra de créer que 12.000 postes.
Quel impact sur l'activité peut-on attendre de la baisse annoncée de la TVA à 5,5% dans la restauration ?
Selon mes calculs, on peut attendre une hausse d'environ 4% de l'activité. Quand on observe l'évolution après la hausse générale de la TVA de 1995 ou la baisse de 2000, on s'aperçoit que le prix s'ajuste à environ deux tiers de la variation de la taxe. Avec une TVA à 5,5%, on peut donc attendre une baisse de prix de l'ordre de 7% pour 11% de baisse de taxe. Une telle baisse devrait entraîner une hausse de la demande de 4%.
Que devient la différence qui n'est pas déduite du prix ?
Cette différence peut profiter aux employés par des hausses de salaires ou l'amélioration des conditions de travail, à des chômeurs qui vont retrouver de l'emploi et, évidemment, aux employeurs. Tout dépendra des négociations. L'amélioration de la convention collective de l'hôtellerie-restauration, qui est une des plus défavorables pour les salariés, peut être aussi une motivation pour la mesure.
A combien estimez-vous le nombre d'emplois créés avec cette mesure et son coût ?
Douze mille emplois devraient être créés, ce qui fait un coût d'environ 20.000 € par mois et par emploi [la perte de recettes fiscales étant estimée à environ 2,5 milliards d'euros]. Il y a pire dans les mesures pour l'emploi, mais c'est effectivement peu efficace. Cela va coûter cher et va créer peu de postes par rapport à l'ampleur médiatique et économique de la mesure. Mais, en période de crise, on est souvent prêt à payer plus cher pour éviter des destructions d'emplois.
Le souci est que toutes ces estimations ont été faites à partir de petites variations. Avec une très forte baisse, tous ces changements seraient à des échelles plus importantes. Les employeurs pourraient donc avoir des difficultés pour recruter. La redistribution pourrait alors plus se faire au profit des salariés, pour attirer de la main-d'œuvre. Dans un contexte de crise économique, il y a toutefois peu de chances que cela se produise.
A quels consommateurs va profiter cette mesure ?
Aux plus riches, ce qui n'est pas très surprenant. La restauration à emporter est déjà à 5,5% et les plus hauts revenus sont ceux qui consomment le plus de restaurants. Selon une étude, la baisse profiterait six fois plus aux 10% de Français les plus riches qu'au 10% les plus pauvres.
(Source : Le Monde)
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