«Personne ne sentait ce truc», résume un diplomate européen. Comme l’a expliqué le premier ministre belge Herman van Rompuy, vendredi lors du Conseil européen de printemps, «on ne veut pas, à quelques semaines des élections européennes, donner l’impression que les autorités peuvent garantir l’emploi par une surenchère d’initiatives». Pour lui, «cela ne pourra déboucher que sur des déceptions. Ce n’est de toute façon pas le 7 mai qu’on aurait découvert le problème de l’emploi»...
Au départ, il s’agissait d’une idée de José Manuel Durao Barroso, le président de la Commission, qui l’a vendu aux Tchèques, «sans doute pour redorer son blason social. Préoccupé par sa reconduction à la tête de la Commission, il sait que son bilan dans ce domaine est particulièrement faible», analyse un diplomate.
Mais, immédiatement, les partenaires de Prague ont multiplié les objections : l’Union peut-elle vraiment agir dans le domaine de l’emploi ? N’y a-t-il pas un risque de créer des attentes qu’elle ne pourrait pas satisfaire ? Quelles sont les propositions concrètes qui pourraient être actées ? Surtout, pour la grande majorité des Vingt-sept, l’ensemble des plans de sauvegarde bancaire et de relance économique constitue déjà des mesures de sauvegarde de l’emploi. Organiser un tel sommet donnerait l’impression que les Européens découvrent le problème du chômage après avoir sauvé les banques et les industries… «Opposer un traitement économique à un traitement social serait une erreur», estime ce même diplomate.
De fait, on ne voit très bien ce que pourraient proposer les Vingt-sept, les questions sociales relevant essentiellement des compétences nationales. Le risque d’une grand-messe vide de décisions était donc grand. Autant d’objections reprises en cœur jeudi soir et vendredi matin par les chefs d’État et de gouvernement réunis à Bruxelles. Sur une proposition de Nicolas Sarkozy, il a été décidé de transformer ce sommet en une rencontre présidence de l’Union, commission européenne et partenaires sociaux.
Les syndicats européens ont néanmoins «regretté» cet abandon en estimant qu’un «mauvais signal» était «envoyé aux citoyens». Cela «donne l’impression que les décideurs européens ne se soucient pas suffisamment du chômage», a jugé John Monks, le président de la Confédération européenne des syndicats (CES). La CES organisera quatre «euro-manifestations» à Berlin, Bruxelles, Madrid et Prague du 14 au 16 mai, pour pousser l’Union à agir.
(Source : Les coulisses de Bruxelles)
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