La température restera aussi élevée mais le thermomètre va changer. Des lettres (de A à E) vont remplacer les chiffres (de 1 à 8) dans la définition des catégories de chômeurs recensés par le ministère du Travail chaque mois, ont annoncé vendredi le directeur de sa Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES), Antoine Magnier, et le directeur général de Pôle Emploi, Christian Charpy. La référence au type d'emploi recherché va également être supprimée.
L'objectif affiché de la réforme, qui résulte de deux rapports, l'un élaboré par l'Inspection générale des finances (IGF) et celle des Affaires sociales (IGAS), l'autre du Conseil national de l'information statistique (CNIS), est de mieux refléter la diversité des situations de chômage.
Un critère chasse l'autre
Jusqu'à présent étaient comptabilisés sans distinction les chômeurs qui n'avaient pas travaillé le mois concerné et ceux qui avaient travaillé moins de 78 heures. En revanche, le type d'emploi recherché était déterminant. Selon que l'on recherchait un CDI, un temps partiel ou un CDD, on relevait des catégories 1, 2 ou 3. Les demandeurs d'emploi indisponibles pour cause de formation ou de maladie étaient comptés à part (catégorie 4), tout comme les salariés à la recherche d'un autre emploi (catégorie 5) et les chômeurs ayant travaillé plus de 78 heures dans le mois (catégorie 6).
Désormais, la référence au type d'emploi recherché va être supprimée. C'est l'existence ou pas d'une activité professionnelle durant le mois écoulé qui sera déterminante. Le A correspondra à l'absence totale d'emploi (quel que soit le type de contrat recherché), le B et le C respectivement à une activité de moins et de plus de 78 heures.
Dès le mois de février
Ce changement de règles ne va pas conduire à minorer le chômage, contrairement à ce qui s'était passé en 1995 avec l'isolement des demandeurs d'emploi ayant travaillé au moins 78 heures ou encore en 2007 avec la modification du calcul par l'INSEE du taux de chômage au sens du BIT. Selon les évaluations de la DARES, qui seront désormais non seulement corrigées des variations saisonnières mais aussi des jours ouvrés, le nombre de chômeurs de catégorie A est un peu plus élevé que celui des demandeurs d'emploi de catégorie 1, le plus médiatisé aujourd'hui : 2,305 millions au lieu de 2,204 millions (fin janvier).
La nouvelle présentation sera utilisée dès mercredi pour les chiffres de février.
«Deux millions qui en cachent trois»
Pour l'intersyndicale DARES-INSEE-Pôle Emploi et le comité de défense de la DARES, constitué contre la délocalisation d'une partie des services à Metz, le compte n'y est cependant pas. Dans un communiqué diffusé vendredi (lire en commentaire) et intitulé «Deux millions de demandeurs d'emploi qui en cachent trois…», ils critiquent le fait que la nouvelle catégorie A risque de devenir la principale référence en matière de chômage, puisqu'elle figurera en tête du communiqué officiel mensuel, alors qu'elle ne rend compte qu'imparfaitement de la réalité du chômage, comme l'ex-catégorie 1. L'intersyndicale rappelle que «la sous-catégorie A des demandeurs d’emploi sans activité réduite n’est pas représentative des chômeurs selon les critères internationaux (BIT)» et dénonce «des pressions extérieures» qui «ont amené le directeur de la DARES à choisir de communiquer sur ce sujet de façon contraire aux recommandations essentielles du CNIS».
Le débat — récurrent — va donc se poursuivre.
(Source : Les Echos)
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