Pitoyable Pierre Lellouche, représentant d'un gouvernement aussi injuste que dépassé. Invité hier sur France 5 à l'émission «Ripostes» pour débattre du G20 et de l'Otan avec Jacques Attali, Jean-Luc Mélenchon et Bernard Guetta, à court d'arguments à faire valoir clairement — excepté encenser Sarkozy-son-maître et le rôle qu'il a joué dans ces rencontres 100% glamour —, il a d'abord opté pour la stratégie de la cacophonie, polluant les échanges en coupant sans cesse la parole aux autres. Le but du jeu : rendre le sujet inconfortable voire inaudible pour le téléspectateur, bien évidemment tenté de zapper.
Notons l'incroyable apathie des intervenants qui n'ont pas osé le remettre en place dès le début (il était pourtant simple de lui dire «Monsieur Lellouche, je ne vous ai pas interrompu pendant que vous parliez, ayez la politesse de ne pas m'interrompre quand c’est mon tour») et celle de Serge Moati qui n'a pas su (voulu ?) injecter un minimum de discipline dans ce débat. Le temps avançant, le député UMP de Paris et «Monsieur Afghanistan et Pakistan» de Nicolas Sarkozy a donc continué à faire preuve d'une discourtoisie et d'une impolitesse rares doublées d'un mépris du téléspectateur, indignes d'un élu de la République. Mais il fallait le voir pour y croire : chose est donc faite.
Et c'est dix minutes avant la fin qu'il a montré son vrai visage. Alors que Jean-Luc Mélenchon abordait le point de l'automaticité d'intervention des membres de l'Otan en cas de conflit, Pierre Lellouche lui a une fois de plus coupé la parole et s'est fâché tout rouge, limite hystérique, monopolisant à nouveau le débat. Mélenchon, un peu à bout, lui a alors glissé que «l’alignement de la France à l’OTAN, c’est s’aligner à la CIA». Piqué au vif, Lellouche, atlantiste forcené qui, en 2003, avait approuvé l'intervention américaine en Irak, eut alors une réaction totalement démesurée. Il a traité Mélenchon de «pauvre type» et de «sale type», puis l'a menacé sans vergogne ni retenue : «On serait au XIXe siècle, je vous convoquerais en duel et je vous flinguerais. Et ce serait mérité. Malheureusement, je ne peux pas»... Eh oui, M. Lellouche, nous sommes au XXIe siècle : c'est bien ce qui contrarie l'UMP, parfait artisan du grand bond en arrière.
«Vous ressemblez à ceux que vous défendez», lui a dit Jean-Luc Mélenchon. C'est tristement vrai. A l'ère du «Casse-toi pauv’ con», proféré en toute impunité par un président à l'encontre d'un citoyen qui refusait qu'il le touche tandis qu'on condamne un militant politique ayant repris cette célèbre insulte sur sa pancarte lors d'une manifestation — pire : qu'on fait tout un fromage de menaces de mort envoyées par un mystérieux corbeau à des personnalités —, oser dire à quelqu'un qu'il mérite de se faire flinguer, en direct sur une chaîne publique, dépasse l'imagination !
Ces injures et ces menaces, indignes d'un parlementaire et représentant de l'Etat français, sont d'autant plus condamnables que cette façon de faire par les représentants de la politique de Nicolas Sarkozy devient de plus en plus fréquente et se banalise, sans même que les journalistes (ni personne, d'ailleurs…) ne s'en offusquent.
Nous espérons que Jean-Luc Mélenchon portera plainte.
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