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Notons l'incroyable apathie des intervenants qui n'ont pas osé le remettre en place dès le début (il était pourtant simple de lui dire «Monsieur Lellouche, je ne vous ai pas interrompu pendant que vous parliez, ayez la politesse de ne pas m'interrompre quand c’est mon tour») et celle de Serge Moati qui n'a pas su (voulu ?) injecter un minimum de discipline dans ce débat. Le temps avançant, le député UMP de Paris et «Monsieur Afghanistan et Pakistan» de Nicolas Sarkozy a donc continué à faire preuve d'une discourtoisie et d'une impolitesse rares doublées d'un mépris du téléspectateur, indignes d'un élu de la République. Mais il fallait le voir pour y croire : chose est donc faite.
Et c'est dix minutes avant la fin qu'il a montré son vrai visage. Alors que Jean-Luc Mélenchon abordait le point de l'automaticité d'intervention des membres de l'Otan en cas de conflit, Pierre Lellouche lui a une fois de plus coupé la parole et s'est fâché tout rouge, limite hystérique, monopolisant à nouveau le débat. Mélenchon, un peu à bout, lui a alors glissé que «l’alignement de la France à l’OTAN, c’est s’aligner à la CIA». Piqué au vif, Lellouche, atlantiste forcené qui, en 2003, avait approuvé l'intervention américaine en Irak, eut alors une réaction totalement démesurée. Il a traité Mélenchon de «pauvre type» et de «sale type», puis l'a menacé sans vergogne ni retenue : «On serait au XIXe siècle, je vous convoquerais en duel et je vous flinguerais. Et ce serait mérité. Malheureusement, je ne peux pas»... Eh oui, M. Lellouche, nous sommes au XXIe siècle : c'est bien ce qui contrarie l'UMP, parfait artisan du grand bond en arrière.
«Vous ressemblez à ceux que vous défendez», lui a dit Jean-Luc Mélenchon. C'est tristement vrai. A l'ère du «Casse-toi pauv’ con», proféré en toute impunité par un président à l'encontre d'un citoyen qui refusait qu'il le touche tandis qu'on condamne un militant politique ayant repris cette célèbre insulte sur sa pancarte lors d'une manifestation — pire : qu'on fait tout un fromage de menaces de mort envoyées par un mystérieux corbeau à des personnalités —, oser dire à quelqu'un qu'il mérite de se faire flinguer, en direct sur une chaîne publique, dépasse l'imagination !
Ces injures et ces menaces, indignes d'un parlementaire et représentant de l'Etat français, sont d'autant plus condamnables que cette façon de faire par les représentants de la politique de Nicolas Sarkozy devient de plus en plus fréquente et se banalise, sans même que les journalistes (ni personne, d'ailleurs…) ne s'en offusquent.
Nous espérons que Jean-Luc Mélenchon portera plainte.
=> POUR VISIONNER CE GRAND MOMENT DE HONTE TÉLÉVISUELLE
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Commentaires
Voilà une contrevérité ABSOLUE car l'Article 5 du Traité stipule :
«Les parties conviennent qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs d'entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence, elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d'elles, dans l'exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l'article 51 de la Charte des Nations Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellemen t et d'accord avec les autres parties, telle action qu'elle jugera nécessaire, y compris l'emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l'Atlantique Nord».
Concernant la guerre en Afghanistan, les USA n'ont pas été attaqués par ce pays mais, soi-disant, par Al Qaïda et Ben Laden, ce dernier étant de nationalité saoudienne. De fait, l'Article 5 du Traité ne s'applique pas. En revanche, si la Géorgie entrait dans l'OTAN, et si ce pays était attaqué par la Russie, l'automaticité d’un soutien militaire à la Géorgie pourrait s'appliquer, en vertu de l’Article 5 du Traité d’Alliance. En d'autres termes, pour un litige frontalier entre la Géorgie et la Russie, la France pourrait être contrainte de faire la guerre à la Russie.
C'est cette automaticité que Pierre Lellouche a voulu évincer du débat en le faisant dégénérer jusqu'au stade ultime : la menace de mort. Car la phrase : «On serait au XIXe siècle, je vous provoquerais en duel et je vous flinguerais. Et ce serait mérité.» témoigne INDISCUTABLEMEN T de la volonté d'attenter à la vie de la personne qui la reçoit.
Pour faire bonne figure, Lellouche aurait pu ajouter : «Mais comme nous sommes au XXIe siècle, je me contenterai de vous mettre une balle dans la tête !».
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