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Le G8 s'inquiète des «conséquences humaines» de la crise

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Les ministres du Travail du G8 (Etats-Unis, Japon, Canada, Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni et Russie) et de plusieurs pays émergents (Chine, Inde, Brésil, Mexique, Afrique du sud et Egypte) se réunissent du dimanche 29 au mardi 31 mars, à Rome, pour débattre des «conséquences humaines» de la crise financière et élaborer un «pacte global de protection sociale».

L'enjeu : échanger des bonnes pratiques et dessiner une politique sociale coordonnée face à la montée en flèche du chômage. L'objectif : éviter le retour du chômage de masse et le chômage de longue durée via des mesures de chômage partiel et de formation professionnelle.

Intitulé «People First - Affronter ensemble la dimension humaine de la crise», ce G8 élargi verra également la participation de l'OCDE, du FMI et de l'Organisation internationale du Travail (OIT).

L'Italie, qui préside ce sommet, va proposer aux pays participants de discuter d'un «Pacte global de protection sociale» qui offrirait «des garanties aux personnes déjà touchées par la crise ainsi qu'à celles qui pourraient l'être», a annoncé jeudi le ministre italien du Travail Maurizio Sacconi, sans donner davantage de précisions.

50 millions de chômeurs supplémentaires en 2009 dans le monde

L'enjeu est de taille : selon le Bureau international du travail (BIT), le chômage a touché plus de 200 millions de personnes dans le monde en 2008. Ses prévisions pour 2009 ne sont guère plus optimistes : le taux de chômage mondial pourrait atteindre un niveau se situant entre 6,3 et 7,1% de la population, ce qui se traduirait par 24 à 52 millions de chômeurs supplémentaires à l'échelle mondiale.

«Nous sommes en présence d'une crise majeure de l'emploi qui affecte tous les pays de la planète en même temps, déplore Philippe Egger, directeur adjoint du BIT. Il est important de sauver le système bancaire et financier, mais il est tout aussi important de sauver l'emploi.»

Selon un rapport que va présenter l'OCDE lors de ce sommet social du G8 élargi, le nombre de chômeurs dans le monde a progressé de plus de 7 millions en un an pour atteindre un taux de 6,9% en janvier 2009, contre 5,6% en 2007. L'organisation, qui publiera mardi prochain ses perspectives économiques actualisés, devrait annoncer une contraction du PIB de sa zone de 4,2% en 2009, contre un recul de 0,4% annoncé en novembre dernier.

Même le Fonds monétaire international semble avoir pris la mesure de la catastrophe sociale qui s'annonce : la contraction sévère de la croissance (le FMI table sur une contraction du PIB mondial comprise entre 0,5% et 1% en 2009, entre 3 et 3,5% pour les économies avancées) «menace de jeter des millions de personnes dans la pauvreté», s'est alarmé lundi 23 mars son directeur, Dominique Strauss-Kahn. Il a également assuré que le FMI allait désormais poser une nouvelle «conditionnalité sociale» pour l'octroi de ses prêts : «Une partie de l'aide devra être utilisée pour protéger les plus vulnérables», notamment avec des «filets de sécurité» sociaux.

Le G8 proposera des mesures pour maintenir l'emploi

Quels résultats peut-on attendre de ce sommet social du G8 ? Il s'agit essentiellement d'une réunion de concertation, d'échange de bonnes pratiques, mais pas de négociation. Néanmoins, cette réunion devrait aboutir à une déclaration commune visant à «aborder le développement économique selon une approche intégrant les aspects sociaux et environnementaux», explique un conseiller technique du cabinet de Laurent Wauquiez, le secrétaire d'Etat chargé de l'emploi qui représentera la France à Rome. Il s'agit en clair d'associer systématiquement le BIT aux grandes messes économiques internationales : sommet du G8, du G20, réunions de l'OMC, du FMI, etc.

La déclaration commune de clôture de ce sommet social devrait également définir en détail un certain nombre de mesures visant à éviter le retour du chômage de masse, comme le recours à la formation professionnelle, à l'aménagement du temps de travail ou au chômage partiel, tout essayant de redynamiser le marché du travail via une certaine flexibilité pour les employeurs. «C'est la déclinaison de la politique de "flexisécurité" mise en place depuis deux ans en Europe», poursuit ce conseiller de M. Wauquiez. Les conclusions seront transmises aux dirigeants qui participeront au sommet du G20 le 2 avril prochain à Londres.

Des engagements sociaux qui ne sont pas soutenus financièrement

Reste à savoir si ces déclarations de bonnes intentions en vue de «préserver l'emploi» seront suivies de mesures concrètes. Une étude récente réalisée par l'Institut International d'Etudes Sociales du BIT note, en effet, que les plans de relance actuels menés dans 32 pays, dont les membres du G20, penchent largement en faveur du sauvetage des banques et des réductions d'impôts, plutôt que la création d'emplois et la protection sociale. Le rapport précise qu'en moyenne les plans de relance budgétaire pour l'économie réelle sont cinq fois plus faibles que les plans de sauvetage financier.

Pourtant, la hausse brutale du chômage est une réalité douloureuse pour tous les pays du G8. En Italie, pays organisateur du Groupe des huit du 8 au 10 juillet prochain en Sardaigne, quelque 370.500 personnes ont perdu leur emploi en janvier et février 2009, soit un bond de 46,1% sur un an. Au Royaume-Uni, le nombre de chômeurs a dépassé les 2 millions en janvier, portant le taux de chômage à 6,5% de la population active. En Allemagne, le nombre de demandeurs d'emploi a grimpé à 3,5 millions en févier, soit un taux de chômage à 8,5% de la population active. C'est le même taux pour la Russie qui comptait 6,4 millions de chômeurs fin février. Plus de 6,4 millions d'Américains touchaient des allocations chômage au 14 mars. La France n'est pas en reste : avec près de 80.000 demandeurs d'emplois supplémentaires en février, le nombre de chômeurs de catégorie A frôle les 2,4 millions.

Aux gouvernants du G8 qui seraient tentés d'arguer qu'ils n'ont plus d'argent dans les caisses pour lancer de nouveaux plans de relance axés sur la protection de l'emploi et la consommation, que leur niveau de dette publique a atteint sa limite, Philippe Egger leur répondra que «si on laisse se dégrader avec cette violence le marché de l'emploi, le coût futur sera supérieur au coût présent».

«Plus les personnes s'éloignent du marché du travail, plus il est difficile de les y faire revenir, explique le directeur adjoint du BIT. Le chômage de longue durée est un problème structurel très important. Face à cette crise profonde, les gouvernement doivent prendre les mesures qui s'imposent pour préserver l'emploi, même de façon artificielle via l'indemnisation du chômage partiel ou la mise en formation intensive.»

(Source : L’Expansion)
Mis à jour ( Samedi, 28 Mars 2009 03:16 )  

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