Trois arguments sont mis en avant : le premier est qu'un soutien à la consommation reviendrait à «faire travailler les Chinois»; le deuxième est que l'investissement profite finalement tout autant à la consommation via l'emploi; le troisième est qu'il est plus utile, parce qu'il laissera l'économie plus compétitive quand l'heure de la reprise sera venue. Discutons ces trois points.
Soutenir la consommation profiterait aux Chinois ? Pas si simple. Nos dépenses sont en grande partie faites de services — logement, assurances, télécommunications, transports, loisirs, culture — qui font très peu appel à l'importation. Quant à nos achats de biens, ils demeurent majoritairement satisfaits par l'offre locale. Et même dans les secteurs où les importations pèsent lourds, nos dépenses contribuent à développer l'emploi dans le commerce, les transports ou la publicité. Par ailleurs, une part non négligeable de nos dépenses revient… à l'Etat, via les impôts sur la consommation. Au final, selon une étude de l'OFCE réalisée pour le Sénat, la part importée est de l'ordre de 15 € pour 100 € dépensés. A cela s'ajoute le fait qu'à la différence des relances de 1975 ou de 1981, souvent citées en exemple pour refuser toute action sur la consommation, nos voisins appuient eux aussi sur l'accélérateur.
Soutenir l'investissement, c'est soutenir l'emploi et donc la consommation ? Ce n'est pas faux, à ceci près que le plan de relance gouvernemental, en dépit de la nomination d'un ministre ad hoc, mettra de nombreux mois à produire des effets alors qu'un coup de pouce aux revenus et aux prestations sociales perçus par les couches populaires aurait un effet immédiat sur l'activité. Une dimension temporelle essentielle dans toute politique anti-récession.
Soutenir l'investissement, c'est préparer l'avenir. Mais préparer l'avenir, est-ce uniquement couler du béton à l'heure de l'économie de la connaissance ? Le gouvernement a décidé d'accélérer la réalisation de diverses infrastructures, très bien. Mais pourquoi restreint-il dans le même temps les emplois dans la recherche ou de l'éducation ? Pourquoi taille-t-il dans les effectifs de nombreux services sanitaires et sociaux qui contribuent au bien-être de la population ? Sans multiplier le nombre d'agents publics au-delà du raisonnable, un bon moyen d'investir dans l'avenir, d'améliorer l'emploi et de distribuer rapidement du pouvoir d'achat serait d'investir dans ces secteurs en s'inspirant de ce qu'avait fait le gouvernement de Lionel Jospin en 1997, avec le programme emploi jeunes.
Mais il faudrait pour cela que Nicolas Sarkozy accepte de manger son chapeau. Allez, Monsieur le Président, encore un effort, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.
Philippe Frémeaux pour Alternatives Economiques
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