«Nous sommes clairement passés en mode de management de crise», annonçait mercredi Patrick Pelata, le directeur général délégué de Renault. Et l’un des outils de ce management par gros temps, c’est le «contrat social de crise», présenté par la direction fin février et signé par quatre syndicats (CFDT, CFE-CGC, FO, CFTC). Objectif : élargir à tous les salariés le chômage partiel, mais assurer en compensation une indemnisation à hauteur de 100% du salaire net pour tous... Renault vient, en fait, de négocier un gros accord de réduction du temps de travail.
Comment marche le «contrat social de crise» ?
Il joue sur un principe de solidarité : les cadres et ingénieurs de Renault devront sacrifier quelques jours de RTT (8 maximum par an) pour financer une meilleure indemnisation des ouvriers mis au chômage partiel (qui ne sont indemnisés qu’à 75% du salaire brut). Le système est le suivant : les cadres qui, grâce à un accord de branche, sont intégralement payés quand ils chôment (contrairement aux ouvriers), devront abandonner une de leur RTT à un «fonds de solidarité» au bout de 5 jours chômés. Ce fonds financera l’indemnisation à 100% du chômage partiel des ouvriers (à condition qu’eux aussi y abondent, selon la même règle que les cadres). Au final, le chômage partiel des ouvriers sera payé pour un tiers par l’Etat, pour un tiers par l’entreprise et pour un tiers par le fonds de solidarité.
Un retour à la réduction du temps de travail ?
Jusqu’à présent, les cadres et les ingénieurs étaient épargnés par le chômage partiel. Ils vont désormais y avoir droit. Renault prévoit 50 jours chômés dans ses usines et une vingtaine de jours dans ses sites tertiaires. «On a obtenu que lorsque les cadres chômeront, les établissements seront fermés, lance Fred Dijoux de la CFDT. Pas de passe-droits : même les dirigeants resteront chez eux et cotiseront au fonds !» Au deuxième semestre, les cadres et ingénieurs ne travailleraient plus que quatre jours par semaine. L’équivalent de 32 heures de travail payées 39.
Que disent les syndicats ?
Difficile de refuser un tel contrat quand la direction répète que, sans celui-ci, elle aurait supprimé 8.000 à 10.000 postes. La CFDT voit même dans l’accord «la preuve que la préservation de l’emploi» peut passer «par un dialogue social fort, innovant et créatif». Mais le terme de «solidarité» fait sourire certains : «L’Etat a accepté d’augmenter sa part du financement du chômage partiel, les salariés aussi mais l’entreprise, elle, n’a rien mis de plus», commente Fabien Gâche de la CGT (qui réserve sa signature). Ce contrat est même une sacrée bonne affaire pour Renault qui n’aura pas à payer de cotisations sociales sur les jours de chômage partiel. Elle compte ainsi économiser 100 millions d’euros.
(Source : Libération)
NLDR : On rappelle que Renault, entreprise cotée au CAC 40 et à qui le gouvernement vient d'octroyer 3 milliards d’€ dans le cadre de son «plan de sauvetage de l'automobile», a tout de même dégagé en 2008 un résultat net de 1,6 milliard d’€. A ce titre, son PDG M. Carlos Ghosn a eu le plaisir de verser au bas mot plus de 800 millions d’€ de dividendes à ses actionnaires — dont l'Etat — tandis que sa rémunération annuelle s'est élevée à 3,4 millions.
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