Par exemple, en Lorraine, l'arrêté préfectoral du 13 janvier 2009 stipule que les bénéficiaires de l'allocation spécifique de solidarité (ASS), de l'allocation adulte handicapé (AAH), du revenu minimum d'insertion (RMI) et de l'allocation de parent isolé (API) ne sont éligibles ni au Contrat Initiative Emploi (CIE) ni au Contrat d'Accompagnement dans l'Emploi (CAE). En clair : c'est le public qui a, justement, le plus besoin de ces dispositifs qui en est exclu !
De «la mauvaise politique de l'emploi»
En octobre dernier, annonçant le nouveau «plan emploi» du gouvernement, Laurent Wauquiez avait déclaré au micro de i>Télé qu'il fallait réfléchir aux contrats aidés «en ayant un raisonnement en terme de formation professionnelle» et de «vrais passerelles pour un emploi durable» dans les entreprises, «le but [n'étant] pas de faire des contrats aidés pour faire des contrats aidés».
Le problème numéro un, c'est que ces contrats — véritable maquis supposé se limiter au CIE pour le secteur marchand et au CAE pour le secteur non marchand depuis le Grenelle de l'insertion, il y a un an — tels qu'on les utilise aujourd'hui, participent à la banalisation du sous-emploi : ils coûtent une fortune à l'Etat et aux collectivités locales qui les subventionnent, servent à compenser les suppressions de postes dans le secteur public (scolaire, sanitaire et social…), sont une aubaine pour les employeurs et, majoritairement jetables, maintiennent les «bénéficiaires» dans la misère tout en ne remplissant que rarement leur fonction d'insertion. Le problème numéro deux, c'est que les régions fixent elles-mêmes leurs critères et que celles qui ne peuvent pas suivre financièrement tentent de réaliser des économies de bouts de chandelles.
Bien que dénoncée par Laurent Wauquiez, vu le marasme actuel, cette «mauvaise politique de l'emploi» ne risque pas de changer. En effet, lors du Grenelle de l'insertion, le territoire de Belfort avait fait valoir son CDAE (contrat départemental d’accès à l’emploi), initiative pilote de qualité lancée en 2005, qui ne prenait pas les chômeurs pour une variable d'ajustement et responsabilisait les employeurs. Hélas, cette formule réellement efficace et pleine de bon sens a été renvoyée aux calendes grecques, tout comme le «contrat unique d'insertion» censé assainir l'ensemble du dispositif. Preuve que les contrats aidés n'ont pour vocation que de servir de voiture-balai au chômage de masse et à la crise.
Une politique contre-productive
Revenons en Lorraine. Bénévole dans une association verte œuvrant dans le secteur du développement durable et qui aurait bien besoin d'un permanent, un chômeur à l'ASS découvre que l'arrêté préfectoral cité plus haut lui interdit de se faire embaucher en CAE par cette structure pour laquelle il offre ses compétences avec motivation. Nous avons affaire ici à une double absurdité : sont compromises non seulement l'occasion de créer un nouvel emploi (qui ne se substitue pas à un emploi public), mais aussi le développement d'une activité d'avenir (quid du Grenelle de l'environnement ???). D'un point de vue économique et social, ces restrictions sont totalement grotesques !
Non seulement l'attribution des contrats aidés ne devrait pas être arbitrairement fixée en fonction des publics, mais aussi tenir compte de la nature des postes à pourvoir. Loin des misérables emplois de service ou des jobs dans la sécurité privée qui caractérisent l'ambition ô combien limitée de Laurent Wauquiez, tous les secteurs d'avenir (développement durable, énergies renouvelables, éco-construction, AMAP…) doivent être privilégiés. Mais d'un gouvernement qui ne raisonne qu'à court terme, il est inutile d'espérer une lueur d'intelligence...
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