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Fête du Travail et Défaite de l'Emploi

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Les syndicats vont-ils faire du 1er mai 2009 une énième «Fête du Travail» ou une première et salutaire «Faites des Emplois». Car sur ce thème, la défaite est totale et ses conséquences désastreuses !

Ah ça, nous en avons reçu des mails vengeurs quand, en novembre 2008, nous envisagions 600.000 chômeurs de plus en 2009 («hypothèse basse», avions-nous cru utile de préciser). Quelques coléreux et autant d’imbéciles nous traitèrent alors de «mauvais Français», de «sapeurs de moral», pour ne citer que les récriminations les plus courtoises (nous vous épargnerons les ordurières)... Comme si on se réjouissait, nous, sur Actuchomage, des conséquences désastreuses de la crise sur l’emploi, s’accompagnant de difficultés redoublées pour celles et ceux qui sont en recherche d’un travail depuis des années parfois.

Et puis, les mois passant, les mauvaises nouvelles s’accumulant, personne ne conteste que «nous sommes bien sur la pente du million de chômeurs supplémentaires en 2009», comme l’a admis Geoffroy Roux de Bézieux, Président de l’Unedic, au micro de RTL. Même son de cloche à l’Élysée où Sarkozy craint, lui aussi, que ce chiffre puisse être atteint à la fin de l'année. On se sent moins seuls à présent.

Il y a deux mois pourtant, le 12 février très exactement, le même (Roux de Bézieux) envisageait 282.000 chômeurs supplémentaires en 2009 quand, du côté du ministère de l’Économie, on tablait sur 300.000 à 350.000 demandeurs d’emploi de plus. Du grand n’importe quoi !

Pour obtenir ces chiffres fantaisistes, les crânes d’œuf du ministère et de l’Unedic misaient sur une vigoureuse reprise de l’activité au printemps qui effacerait d’un coup d’éponge magique les mauvais chiffres de fin 2008 et de début 2009 (+400.000 chômeurs depuis août dernier). Seulement voilà, en matière de «croissance économique», la machine n’est pas en panne, elle enclenche carrément la marche arrière. Et la question qui se pose aujourd’hui est de savoir combien de points PIB nous allons perdre en 2009. Disons, pour faire simple, qu’un point en moins, c’est 500.000 chômeurs de plus. Deux points : 1 million. Et ainsi de suite…

Et justement, ils sont de plus en plus nombreux - et parmi eux, François Fillon, notre Premier ministre - à envisager un recul du Produit intérieur brut de l’ordre de 2 à 2,5% en 2009. Pour obtenir le nombre de chômeurs supplémentaires sur l'année, faites le calcul. Enfin, le calcul n’est pas si simple car on ne sait toujours pas de quoi on parle précisément quand on évoque les chiffres du chômage. Explication :

Quand l’Unedic ou le gouvernement pronostiquent 400.000 à 500.000 chômeurs de plus (leurs nouvelles projections… revues à la hausse en mars), ils se réfèrent à la seule catégorie A, le taux officiel, qui correspond aux demandeurs d'emploi immédiatement disponibles, n'ayant exercé aucune activité dans le mois. Ne sont donc pas comptabilisés les chômeurs ayant exercé une activité réduite courte (moins de 78 heures dans le mois) ou longue (plus de 78 heures), correspondant aux catégories B et C. Pas plus que ne sont comptabilisés les chômeurs en arrêt maladie, en stage ou en formation, de la catégorie D… qui gonfle, qui gonfle à mesure que des milliers de licenciés économiques optent pour une Convention de reclassement personnalisée (CRP) ou un Contrat de transition professionnelle (CTP) qui leur assurent une meilleure indemnisation. Et hop, tous ceux-là n’apparaissent pas dans le taux officiel. Magique !

Et puis, il y a ces milliers de jeunes, ces dizaines de milliers de jeunes qui, n’étant pas indemnisés par les Assédic et ne pouvant prétendre aux minima sociaux, ne s’inscrivent pas à Pôle Emploi, n’y voyant aucun intérêt et, bien au contraire, une contrainte : le contrôle de leur recherche d’emploi… infructueuse.

Et tout ça, ça en fait combien des chômeurs actuels ou à venir qui n’apparaissent pas et n’apparaîtront pas dans le taux officiel ? Quelques centaines de milliers supplémentaires ! Une paille dans la meule des licenciements annoncés.

Car il ne faut pas croire une minute à une «stabilisation» du nombre de destructions d’emplois dans les 6 prochains mois. Même si le Président de l’Unedic la pronostique pour septembre. Nous estimons au contraire que les licenciements secs pourraient succéder aux mesures de chômage partiel prises ces derniers mois si jamais l’activité économique ne redécolle pas. Et, comme nous l’avons vu plus haut, cette «reprise» n’est pas attendue en France avant 2010 ; la «stabilisation» des destructions d’emplois, donc du taux de chômage, n’est pas pour demain ! Sans compter qu’après les vacances d’été, 250.000 jeunes arriveront sur le «marché» du travail.

Alors voilà. Il y a 8 mois, nous tirions la sonnette d’alarme et les faits nous ont malheureusement donné raison. Il y a 4 mois, nous lancions notre opération «Chômage Année Noire» pour dénoncer le cataclysme des licenciements massifs. Abasourdis, nous avons vu défiler à Paris, le 29 janvier dernier, des dizaines de milliers de manifestants sur le thème de la défense du pouvoir d’achat et des services publics, revendication légitime mais qui, de notre point de vue, n’est pas la priorité du moment quand on sait qu’1 million de salariés pourraient se retrouver sur le carreau en 2009. Et 1 million de chômeurs de plus, ce sont entre 2 et 3 millions de personnes directement ou indirectement «impactées» : conjoints, enfants, parents…

Pour le 1er mai, les syndicats doivent IMPÉRATIVEMENT placer la lutte contre le chômage et le soutien aux chômeurs (actuels et futurs) en tête des défilés. S’ils ne le font pas, ça signera leur abdication face à la destruction massive d’emplois en France qui est, pour l’essentiel, motivée par des enjeux strictement financiers : Maintenir ou accroître encore les marges bénéficiaires. Car pour nombre d'entreprises, la crise est prétexte à restructurer et à délocaliser leurs activités.

Si Nicolas Sarkozy a pour ambition de «refonder le capitalisme», il n’aura échappé à personne que ce sont toujours ses vieilles recettes qui prévalent : Réduire les coûts de production pour accroître les marges bénéficiaires, les rémunérations du Top management et les dividendes des actionnaires. Une équation prime encore et toujours : Moins + Moins = Plus.

Pour cette raison, le 1er mai, nous renouvelons notre opération «Chômage Année Noire» à Paris, à Rennes et peut-être dans d’autres villes de province.

Yves Barraud

==> Plus d’infos sur l'opération «Chômage Année Noire» (ou en commentaire).


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Mis à jour ( Dimanche, 12 Juillet 2009 00:48 )  

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