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Et puis, les mois passant, les mauvaises nouvelles s’accumulant, personne ne conteste que «nous sommes bien sur la pente du million de chômeurs supplémentaires en 2009», comme l’a admis Geoffroy Roux de Bézieux, Président de l’Unedic, au micro de RTL. Même son de cloche à l’Élysée où Sarkozy craint, lui aussi, que ce chiffre puisse être atteint à la fin de l'année. On se sent moins seuls à présent.
Il y a deux mois pourtant, le 12 février très exactement, le même (Roux de Bézieux) envisageait 282.000 chômeurs supplémentaires en 2009 quand, du côté du ministère de l’Économie, on tablait sur 300.000 à 350.000 demandeurs d’emploi de plus. Du grand n’importe quoi !
Pour obtenir ces chiffres fantaisistes, les crânes d’œuf du ministère et de l’Unedic misaient sur une vigoureuse reprise de l’activité au printemps qui effacerait d’un coup d’éponge magique les mauvais chiffres de fin 2008 et de début 2009 (+400.000 chômeurs depuis août dernier). Seulement voilà, en matière de «croissance économique», la machine n’est pas en panne, elle enclenche carrément la marche arrière. Et la question qui se pose aujourd’hui est de savoir combien de points PIB nous allons perdre en 2009. Disons, pour faire simple, qu’un point en moins, c’est 500.000 chômeurs de plus. Deux points : 1 million. Et ainsi de suite…
Et justement, ils sont de plus en plus nombreux - et parmi eux, François Fillon, notre Premier ministre - à envisager un recul du Produit intérieur brut de l’ordre de 2 à 2,5% en 2009. Pour obtenir le nombre de chômeurs supplémentaires sur l'année, faites le calcul. Enfin, le calcul n’est pas si simple car on ne sait toujours pas de quoi on parle précisément quand on évoque les chiffres du chômage. Explication :
Quand l’Unedic ou le gouvernement pronostiquent 400.000 à 500.000 chômeurs de plus (leurs nouvelles projections… revues à la hausse en mars), ils se réfèrent à la seule catégorie A, le taux officiel, qui correspond aux demandeurs d'emploi immédiatement disponibles, n'ayant exercé aucune activité dans le mois. Ne sont donc pas comptabilisés les chômeurs ayant exercé une activité réduite courte (moins de 78 heures dans le mois) ou longue (plus de 78 heures), correspondant aux catégories B et C. Pas plus que ne sont comptabilisés les chômeurs en arrêt maladie, en stage ou en formation, de la catégorie D… qui gonfle, qui gonfle à mesure que des milliers de licenciés économiques optent pour une Convention de reclassement personnalisée (CRP) ou un Contrat de transition professionnelle (CTP) qui leur assurent une meilleure indemnisation. Et hop, tous ceux-là n’apparaissent pas dans le taux officiel. Magique !
Et puis, il y a ces milliers de jeunes, ces dizaines de milliers de jeunes qui, n’étant pas indemnisés par les Assédic et ne pouvant prétendre aux minima sociaux, ne s’inscrivent pas à Pôle Emploi, n’y voyant aucun intérêt et, bien au contraire, une contrainte : le contrôle de leur recherche d’emploi… infructueuse.
Et tout ça, ça en fait combien des chômeurs actuels ou à venir qui n’apparaissent pas et n’apparaîtront pas dans le taux officiel ? Quelques centaines de milliers supplémentaires ! Une paille dans la meule des licenciements annoncés.
Car il ne faut pas croire une minute à une «stabilisation» du nombre de destructions d’emplois dans les 6 prochains mois. Même si le Président de l’Unedic la pronostique pour septembre. Nous estimons au contraire que les licenciements secs pourraient succéder aux mesures de chômage partiel prises ces derniers mois si jamais l’activité économique ne redécolle pas. Et, comme nous l’avons vu plus haut, cette «reprise» n’est pas attendue en France avant 2010 ; la «stabilisation» des destructions d’emplois, donc du taux de chômage, n’est pas pour demain ! Sans compter qu’après les vacances d’été, 250.000 jeunes arriveront sur le «marché» du travail.
Alors voilà. Il y a 8 mois, nous tirions la sonnette d’alarme et les faits nous ont malheureusement donné raison. Il y a 4 mois, nous lancions notre opération «Chômage Année Noire» pour dénoncer le cataclysme des licenciements massifs. Abasourdis, nous avons vu défiler à Paris, le 29 janvier dernier, des dizaines de milliers de manifestants sur le thème de la défense du pouvoir d’achat et des services publics, revendication légitime mais qui, de notre point de vue, n’est pas la priorité du moment quand on sait qu’1 million de salariés pourraient se retrouver sur le carreau en 2009. Et 1 million de chômeurs de plus, ce sont entre 2 et 3 millions de personnes directement ou indirectement «impactées» : conjoints, enfants, parents…
Pour le 1er mai, les syndicats doivent IMPÉRATIVEMENT placer la lutte contre le chômage et le soutien aux chômeurs (actuels et futurs) en tête des défilés. S’ils ne le font pas, ça signera leur abdication face à la destruction massive d’emplois en France qui est, pour l’essentiel, motivée par des enjeux strictement financiers : Maintenir ou accroître encore les marges bénéficiaires. Car pour nombre d'entreprises, la crise est prétexte à restructurer et à délocaliser leurs activités.
Si Nicolas Sarkozy a pour ambition de «refonder le capitalisme», il n’aura échappé à personne que ce sont toujours ses vieilles recettes qui prévalent : Réduire les coûts de production pour accroître les marges bénéficiaires, les rémunérations du Top management et les dividendes des actionnaires. Une équation prime encore et toujours : Moins + Moins = Plus.
Pour cette raison, le 1er mai, nous renouvelons notre opération «Chômage Année Noire» à Paris, à Rennes et peut-être dans d’autres villes de province.
Yves Barraud
==> Plus d’infos sur l'opération «Chômage Année Noire» (ou en commentaire).
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Commentaires
Aussi vite publié, aussi vite oublié, le dernier chiffre du chômage (+ 80.000 chômeurs de catégorie A en février). Mesdames et Messieurs des médias, vous êtes priés de passer à autre chose ! Aux bonus indécents des patrons et des cadres dirigeants, aux scandales des stock-options, des parachutes et plans de retraite dorés… Ou encore au 1er mai qu’on nous annonce «historique». Les contre-feux fonctionnent à merveille. Et pendant ce temps, on licencie à tour de bras et les inégalités se creusent !
Ah ça, on peut dire que Sarkozy, Fillon, Lagarde (à l’Économie), Woerth (au Budget), Wauquiez (à l’Emploi) ont réussi leur coup, avec la bénédiction des médias et des syndicats. Les + 170.000 chômeurs depuis le début de l’année 2009 : Envolés, disparus, dilués, volatilisés ! Les premiers ont oublié que ce chiffre plaçait la France sur l’orbite du million de demandeurs d’emploi supplémentaires sur un an ; les seconds n’ont plus que leur 1er mai unitaire à la bouche, qu’ils annoncent «historique» (1).
Pendant qu’on bourre le mou de l’opinion en lui faisant miroiter que «ça va changer», que les patrons vont arrêter de se goinfrer, qu’on mobilise pour l’emploi et le pouvoir d’achat, qu’on continue à faire pression sur le gouvernement… on licencie à tour de bras.
Et nul besoin de militer au NPA ou à Lutte Ouvrière pour convenir que la fracture sociale ne fait que se creuser en cette période de récession. Les privilégiés le sont plus encore (par le seul maintien de leurs acquis) quand les plus fragiles voient leurs conditions d’existence (de subsistance pour un nombre croissant) se dégrader à mesure que passent les mois.
Le gouvernement, le Medef et même les syndicats cherchent à camoufler cette amplification des inégalités. À grands tapages médiatiques, on nous impose une vision réductrice de la situation, en focalisant l’attention de l’opinion sur les excès les plus outranciers. On agite la «queue du Mickey», bonus, stock-options, retraites et parachutes dorés, sous les yeux ébahis de nos Concitoyens, alors que le manège des licenciements et de l’exclusion tourne à plein régime.
La question n’est pas d’encadrer les rémunérations des privilégiés ou même de les bloquer, mais bien DE LES BAISSER en cette période où les plus vulnérables doivent se serrer plus encore la ceinture. Et ce qui est valable pour le grand patronat l’est tout autant pour les ministres, les députés, les sénateurs, les hauts fonctionnaires, les cadres dirigeants… tous ceux qui sont protégés des intempéries de la crise par leurs statuts «imperméabilisé s» et confortables.
La situation impose que TOUS les Citoyens d’une république fondée sur des principes d’Égalité et de Fraternité fassent des efforts, à commencer par les mieux lotis. Mais si cette «égalité» n’est qu’un idéal républicain apposé sur le fronton des écoles et des bâtiments publics, l’amplification des inégalités, elle, est bien réelle. Elle est vécue au quotidien par des millions d’entre nous !
Certains sortiront de cette crise plus préservés, plus riches encore qu’ils n’y sont entrés, quand d’autres en sortiront plus affaiblis, plus pauvres qu’ils ne l’étaient. Voilà le VRAI SCANDALE que l’establishment politique et économique cherche à évincer du débat social. Voilà pourquoi on enterre aussi vite 80.000 chômeurs supplémentaires sous un tombereau d’articles, d’analyses et de commentaires à propos d’un décret de pacotille qui encadre les rémunérations et intéressements de quelques dizaines de patrons.
Pour nous empêcher de saisir l’ampleur réelle de la crise, la stratégie consiste à mentir aux Français pour retarder le plus longtemps possible l’instant de vérité. Vous en voulez une preuve ? Rien de plus simple !
Le 12 février TRÈS EXACTEMENT, l’Unedic (l’organisme composé des syndicats et des organisations patronales qui gère l’assurance-chômage) prévoyait 282.000 chômeurs supplémentaires en 2009. Le 2 mars, le ministère de l’Économie laissait filtrer + 300.000 chômeurs ; deux jours plus tard, le même en annonçait 350.000 ! Cette succession d’annonces fantaisistes ne vise-t-elle à préparer l’opinion à doses homéopathiques ? Assurément !
Sur les deux premiers mois de l’année, on enregistre + 170.000 chômeurs de catégorie A, soit plus de la moitié de la prévision sur un an établie par le ministère de l’Économie. N’y a-t-il pas là intention manifeste de tromper l’opinion ? Assurément ! Par extrapolation des derniers chiffres connus, le chômage pourrait augmenter de 50% en 2009, soit entre + 800.000 et + 1 million de chômeurs !
Depuis 7 mois, Actuchomage ne cesse de dénoncer cette manipulation grossière. Et nous réitérons nos accusations, encore et toujours. La volonté de l’establishment est bien de minimiser les conséquences désastreuses de la crise pour ne pas à avoir de comptes à rendre sur ses acquis, ses avantages et ses statuts privilégiés.
Pour «apprécier» cette désinformation bien organisée, nous vous invitons à taper «licenciements» dans Google – comme nous le faisons régulièrement depuis 6 mois – et à lancer votre requête dans les «Actualités». Et là, vous mesurerez toute l’ampleur des dégâts et des drames qui s’annoncent chaque jour plus nombreux (lire en commentaires). Mais vous pouvez aussi continuer à ingurgiter la bonne soupe que vous servent jusqu’à plus faim ceux qui ont tout intérêt à vous la faire avaler.
À quand l’indigestion ?
YB
(1) Une Fête du Travail vraiment «historique» consisterait à faire défiler Chômeurs et Précaires en tête des manifestations. Mais ne comptons pas sur les syndicats pour afficher cette solidarité qui, en ces temps, devrait s’imposer d’évidence. Cela rendrait trop visible leur impuissance à s'opposer au tsunami des licenciements.
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Bonjour à Toutes et Tous,
Alors que «la France est sur la pente du million de chômeurs supplémentaires en 2009», comme l’admet Geoffroy Roux de Bézieux, Président de l’Unedic, les Chômeurs et Précaires seront-ils encore une fois les grands absents des défilés du 1er mai ?
Ne serait-il pas temps de transformer cette énième «Fête du Travail» en salutaire «Faites des Emplois» ?
Les syndicats vont-ils enfin se saisir du problème en s’opposant AU NIVEAU NATIONAL aux licenciements massifs qui pourraient mettre sur le carreau 1 million de salariés en 2009, comme nous l’envisageons depuis décembre 2008 ?
En toute logique, les syndicats devraient placer LA LUTTE CONTRE LE CHÔMAGE et le soutien aux chômeurs (actuels et futurs) en tête des défilés du 1er mai.
S’ils ne le font pas, ça signera leur abdication face à la destruction massive d’emplois en France qui est, pour l’essentiel, motivée par des ENJEUX STRICTEMENT FINANCIERS : Maintenir ou accroître encore les marges bénéficiaires des entreprises. Car pour nombre d’entre elles, la crise est prétexte à restructurer et à délocaliser leurs activités.
Si Nicolas Sarkozy a pour ambition de «refonder le capitalisme», aujourd’hui, il n’aura échappé à personne que ce sont toujours ses vieilles recettes qui prévalent : Réduire les coûts de production pour accroître les marges bénéficiaires, les rémunérations du Top Management et les dividendes des actionnaires.
Pour toutes ces raisons, NOUS RENOUVELONS NOTRE OPÉRATION «Chômage Année Noire» à Paris, à Rennes, à Poitiers (et dans d’autres villes de province si d’ici-là nous réussissons à monter des rendez-vous).
• À Paris : RDV à partir de 14h00, à coté des grilles du jardin du Luxembourg, au 58 boulevard Saint-Michel, au niveau de l'arrêt de bus. Accès : Métro Odéon, Cluny-La Sorbonne ou RER Luxembourg).
Pour plus d’infos ou pour annoncer votre présence, contactez Pili : pili.serra
• À Rennes : RDV à 9h50, sur le refuge au milieu de l'avenue Jean Janvier, à hauteur des locaux de France3 (situés au n° 9 de l’avenue).
Pour plus d’infos ou pour annoncer votre présence, contactez Gérard : contact
• À Poitiers : RDV à 10h45, Place d'Armes d'où partira le cortège. Signes de reconnaissance : Parapluies «Chômage Année Noire» et banderole «AC ! Agir contre le Chômage».
Pour plus d’infos ou pour annoncer votre présence, contactez Vincent : mentorin
Toujours à Paris, nous participons à la RONDE DES OBTINÉS, mercredi 29 avril (jour où devraient être annoncés les chiffres du chômage de mars).
• RDV à 18h00, sur le parvis de l’Hôtel de Ville. Signes de reconnaissance : Parapluies «Chômage Année Noire».
Pour plus d’infos ou pour annoncer votre présence, contactez Yves : contact
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