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Ces imbéciles de Français !
N’ayons pas peur des mots. Les Français sont des imbéciles. Pas tous évidemment, mais ceux qui constatent et déplorent aujourd'hui que leur condition de vie se détériore alors qu’ils ont reconduit à la tête du pays la majorité qui les gouverne depuis 6 ans. À quelle autre perspective ces imbéciles aspiraient-ils ?
Il y a un an, alors que la grande bataille électorale s’annonçait, «on» leur présenta un candidat sous les appellations certifiées non conformes : «homme providentiel» et «homme de la rupture» avec le passé. Et cet improbable «sauveur» fut élu à 53%. Quelques semaines plus tard, dans la foulée des slogans qui emportèrent leur suffrage - «tout devient possible» et «travailler plus pour gagner plus» -, ils reconduisirent la majorité UMP qui, depuis 2002, siège à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, ces mêmes Français manifestent leur mécontentement ; ils seraient 64% à ne plus faire confiance au Chef de l’État : 36% d’opinions favorables en février 2008 contre 55% en juin 2007, une dégringolade de 20 points !
Électeurs de Sarkozy, assumez vos responsabilités
Ainsi, neuf mois après l’élection triomphale de Nicolas Sarkozy, les Français découvrent le pot aux roses dans lequel ils se sont plantés en mai dernier. Et aujourd’hui, d’en faire porter le chapeau au «pauvre» Président qu’ils ont élu. Mais que diable, électeurs de Nicolas Sarkozy, assumez vos responsabilités ! Vous aspiriez au changement, mais vous avez voté massivement pour un homme et une majorité qui gouvernent le pays depuis 6 ans maintenant, 6 années marquées par une succession de crispations politiques, économiques et sociales de grande ampleur : augmentation des prix, défaite aux élections régionales, NON au référendum européen, émeutes des banlieues, crise du CPE… À quelle bonne surprise vous attendiez-vous ?
On ne fait pas du neuf avec du vieux
Vous constatez aujourd’hui que «les caisses sont vides», que l’économie et les finances de notre pays se dégradent en matières de croissance, de balance commerciale, de déficit budgétaire, de dette publique… Mais vous avez élu à la tête de l’État un «homme d’expérience», ministre du Budget sous Édouard Balladur et ministre de l’Économie et des Finances sous Jean-Pierre Raffarin, un homme dont les actions improductives et contreproductives ont conduit au bilan suivant : accroissement de la dette publique et du chômage, augmentation des prix à la consommation, délocalisations et désindustrialisation massives… (…)
La France d’en haut vous salue bien !
Et aujourd’hui, vous Français électeurs de Nicolas Sarkozy, vous ronchonnez parce que votre situation ne s’améliore pas, alors que vous avez remis tous les leviers du pouvoir entre les mains de celles et ceux qui ont placé la France en «cessation de paiement». Enfin, une partie de la France seulement est dans la dèche, celle des Français moyens et des Français qui «en chient», car les plus aisés vous saluent bien et vous remercient pour l’enthousiasme débordant que vous avez mis, en mai et juin 2007, à reconduire une majorité qui, depuis des années, mène une politique qui privilégie les privilégiés. Oui, dans la France Sarkozy/UMP, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Il y a ceux qui s’enlisent dans les difficultés de la vie quotidienne et ceux qui se gavent. (…)
Pour paraphraser notre camarade de lutte, Frédéric Bonnaud, éditorialiste sur Europe1 : «Le Président de la République (et sa majorité) font très bien leur travail. Vous savez, faire des cadeaux fiscaux aux riches, c’est très simple. Augmenter le pouvoir d’achat des autres, c’est beaucoup plus difficile.»
En votant pour Nicolas Sarkozy et pour l’UMP en mai et juin 2007, ces imbéciles de Français ont choisi leur camp : Celui des privilégiés. Ils n’ont oublié qu’une chose : EN FAIRE PARTIE !
Yves Barraud
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Commentaires
Ci-dessous la transcription de la chronique de Frédéric Bonnaud, "Politiquement incorrect", diffusée à 13h10 sur Europe1, le 20 novembre 2007. Un petit chef d’œuvre de lucidité qui résume tout le bien que nous pensons de notre formidable Président de la République.
Jean-Marc Morandini (JMM) : J’ai moi-même posé cette question : Où est en ce moment Nicolas Sarkozy ? Vous souhaitez répondre à tous ceux qui se plaignent de ce silence présidentiel en ces temps difficiles.
Frédéric Bonnaud : Mais oui ! Il a raison, son porte-parole, qui n’est pas Laurent Ruquier : disons que les gens ne sont jamais contents ; quand il parle trop il est omnipotent, et quand il parle pas il ne fait rien. À vrai dire, JMM, on ne voit pas bien pourquoi Nicolas Sarkozy s’exprimerait aujourd’hui sur cette grève des fonctionnaires qui sont inquiets pour leur pouvoir d’achat. Il faut quand même se mettre à sa place : c’est une revendication catégorielle. Or, Nicolas Sarkozy est fonctionnaire que je sache, et question pouvoir d’achat, avec la petite augmentation qu’il s’est autoaugmenté-là, vous savez, ces dernières semaines de ce coté-là, tout va bien. Pourquoi voulez-vous qu’il fasse grève, cet homme ? En fait je trouve que l’ambiance rappelle celle d’après la campagne de 1995, vous vous souvenez, quand Jacques Chirac avait été réélu avec ce slogan génial qui était «la fracture sociale». Au bout d’à peu près la même période, 6/7 mois, on s’est aperçu que Jacques Chirac ne faisait rien pour la fracture sociale. Et personne ne serait allé dire à Jacques Chirac : Dis quelque chose sur la fracture sociale. Jacques Chirac disait en privé : «Les promesses n’engagent que ceux qui y croient». Eh ben Sarkozy, c’est exactement pareil. Il a fait campagne sur le pouvoir d’achat, toute la campagne était sur le pouvoir d’achat, avec cette formule que j’adore : «Travailler plus pour gagner plus». Que voulez-vous qu’il dise, JMM ? Eh ben non, il ne tient pas ses promesses. Voilà, les promesses n’engagent que ceux qui y croient. J’ai regardé hier sur France2 "Complément d’enquête", d’ailleurs c’est l’émission de notre rédacteur en chef Benoît Duquesne. Il y avait un reportage fascinant sur Neuilly. On oublie toujours ça, nous avons élu à 53% le maire de Neuilly, la commune la plus riche de France. Et ce maire de Neuilly, ses meilleurs copains, c’est des patrons du CAC 40. Il y a des gens qui sont étonnés qu’il fasse sa politique pour ses administrés de Neuilly et pour ses copains du CAC 40. Mais il faut vraiment être absurde pour être étonné de ça. Les gens sont incroyables, JMM.
Jean-Marc Morandini (JMM): Mais c’est le rôle du Président de s’occuper des choses vraiment importantes.
Frédéric Bonnaud : Mais il s’occupe des choses vraiment importantes, c’est clair. Le Président appartient à une oligarchie financière, et il s’occupe de cette oligarchie financière. Par exemple, on a appris que le 16 novembre, c’était vendredi dernier, il a reçu les journalistes des Échos qui étaient un peu inquiets, paraît-il : Qu’est-ce qui va se passer, patati, patata, parce que vous savez le journal Les Echos, premier quotidien économique de France, est racheté par Bernard Arnault, grand copain de Nicolas Sarkozy, ça a été son témoin de mariage et il était à la fameuse nuit du Fouquet’s où aucun de nous trois n'était invité. Donc Bernard Arnault achète Les Echos, et qui nomme le rédacteur en chef, le grand patron ? Nicolas Sarkozy ! Et après, on va me dire qu’il ne fait rien, que soit disant il suit la grève. Non, il a reçu les journalistes des Echos vendredi dernier à l’Élysée. On a eu le script de la conversation et il leur a annoncé, très calmement, qu’il nommait lui, Nicolas Sarkozy, Nicolas Beytout à la tête des Échos. Voilà c’est vraiment un Président qui fait tout, il nomme même les chefs de rédaction.
Jean-Marc Morandini : Nicolas Beytout qui était au Figaro avant… Finalement ça doit être Bernard Arnault qui doit être content que le Président s’occupe si bien de lui.
Frédéric Bonnaud : Bernard Arnault est très très très content ! Voilà, il faut arrêter de se plaindre. Est-ce qu’il manifeste, Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France ? Mais pas du tout. Il ne manifeste pas. Parce que figurez-vous qu’en douce, il y a eu une réforme de la fiscalité des dividendes. Alors c’est très compliqué, je ne vais pas vous expliquer, mais j’ai quand même bien compris le résultat. Donc, ça concerne les revenus versés par les entreprises à leurs actionnaires. Or, on apprend qu’il va y avoir une très très nette baisse fiscale pour les gens qui touchent beaucoup beaucoup de dividendes.
C’est ainsi que Bernard Arnault, donc un des meilleurs amis du Président, a touché la coquette somme en 2007 – pas des salaires, JMM, ce sont des dividendes - de 327 millions euros. Il faut le répéter : 327 millions euros. C’est pas des zlotys, c’est pas des yens, c’est pas des francs anciens ou nouveaux, ce sont des euros, 327 millions d’euros. Et grâce à cette petite réforme de la fiscalité des dividendes, vous savez combien il va économiser, Bernard Arnault, pour l’année 2007 ? Il va économiser 19 millions 560 mille euros, soit 1.000 ans de salaire annuel d’un Français. Et ensuite on nous dira que le Président ne fait pas son travail, n’applique pas le programme pour lequel il a été élu.
Vous savez, faire des cadeaux fiscaux aux riches, c’est très simple. Augmenter le pouvoir d’achat des pauvres, c’est beaucoup plus difficile. On est en train de s’en apercevoir.
Transcription assurée par notre ami Diety, de son vrai prénom Stephan, membre utilisateur du site Actuchomage, notre "expert" sur les questions de l'emploi, du chômage et des mouvements sociaux en Allemagne. Répondre | Répondre avec citation |
(en 2012, ses amis contrôleront toujours les médias) Répondre | Répondre avec citation |