La société Hutchinson, numéro un mondial du caoutchouc industriel (aéronautique, automobile, ferroviaire, bâtiment, défense… gants Mapa, éponges Spontex, préservatifs…), appartient à TOTAL où elle représente 1/4 des effectifs du groupe. De 1983 à aujourd'hui, Hutchinson est passée de 12.000 à 27.000 salariés sur 26 pays dans le monde sans avoir créé d'emplois en France où cessions et restructurations se succèdent. Dans l'Hexagone, huit sites emploient quelque 4.000 personnes. Ceux de Liancourt (Oise), Châteaudun (Eure-et-Loir) et Vierzon (Cher) sont visés par 216 suppressions de postes.
Avec «la crise» qui frappe le secteur automobile, la direction a décidé de mesures de chômage technique à géométrie variable : alors qu'en Espagne ou en Allemagne, Hutchinson va au delà de la loi et garantit de 90% à 95% du salaire, bizarrement, en France, ça reste le minimum : 60% du brut. Et les salariés français ont subi plus de journées de chômage que dans les autres sites européens : 29 jours entre janvier et avril, avec une perte de 30 à 40 € par jour chômé.
A Joué-lès-Tours, site spécialisé dans la fabrication de courroies de transmission pour automobiles, après une grève de quatre jours en mars afin d'obtenir l'égalité de traitement dans le groupe, les syndicats menacent à nouveau de déclencher un mouvement parmi les 660 salariés. La direction a, par deux fois, annulé une réunion du comité d'entreprise où un avis doit être prononcé sur de nouvelles mesures de chômage partiel pour les mois de mai et juin. Un chômage partiel paradoxalement assorti d'heures supplémentaires tous les mardis du mois de mai et les lundis et vendredis de juin… afin d'honorer un regain de commandes du groupe PSA.
Pour Farid Meslati, secrétaire adjoint du CE, la question des heures supplémentaires proposée par la direction est inacceptable : «Nous ne sommes pas contre les heures sup’ en tant que telles, mais contre le fait qu'elles sont annoncées alors que des mesures de chômage partiel touchent l'entreprise. Les heures sup’ en question sont d'ailleurs davantage récupérées que payées. Et la majorité des salariés d'Hutchinson les refusent». Pour éponger ce regain de travail inespéré, la direction, refusant de faire appel à des intérimaires, entend sans état d'âme mettre à la disposition de la production des salariés habituellement en poste au service qualité et développement. Ce que refusent les syndicats.
On signale que Hutchinson bénéficie du «plan de relance» du marché automobile...
Moralité, ce qui ressemble à de la fraude sociale est parfaitement légal. L'effet d'aubaine est triple : Hutchinson peut cumuler la défiscalisation de ses heures supplémentaires, l'indemnisation de l'Etat pour son chômage technique et les aides du plan de relance, alors que l'entreprise a réalisé plus de 3 milliards d’€ de chiffre d'affaire en 2008 et que Total, de son côté, a dégagé un bénéfice record de 13,9 milliards d’€. Vive la crise !
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