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Accueil Social, économie et politique Reclassement professionnel : une loi pas si «stupide» que ça

Reclassement professionnel : une loi pas si «stupide» que ça

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Tout le monde en parle : à Castres, neuf salariés d'une entreprise textile se sont vus proposer un reclassement professionnel à Bangalore pour un salaire de 4.500 roupies, soit 69 € par mois.

Le dirigeant délocalisateur invoque «la stupidité de la loi française qui nous oblige à faire par écrit une proposition de reclassement si l'on dispose d'autres sites, même si c'est en Papouasie ou au Bengladesh…» => LIRE ICI

Effectivement, le groupe Carreman est aussi implanté en Ariège, à New York (ou réside le PDG), mais aussi dans quelques «paradis sociaux» comme la Roumanie, l'Inde, le Pakistan et la Chine, vrais pays de cocagne pour affairistes qui prétendent les extraire de la pauvreté en contribuant à l'essor de leur économie. Ainsi, la puce change de chien pour se nourrir d'un nouveau sang plus abondant car moins difficile à pomper, laissant derrière elle désindustrialisation, chômage de masse et dégradation sociale. Carreman n'échappe pas à cette noble mission : depuis plusieurs années, l'entreprise s'est déjà délestée d'une grosse partie des emplois de son siège de Castres et son site de Lavelanet en «externalisant» une majeure partie de sa production.

La polémique enfle entre considérations politiques («Faire modifier les textes» ? Voilà qui est vraiment stupide, puisque sans impact aucun sur le phénomène des délocalisations) et syndicales («Plutôt que ça, la loi ne leur interdit pas de verser des indemnités pour aménager un départ négocié»). L'un comme l'autre s'agitent pour masquer leur impuissance.

L'écran de fumée de la «valeur travail»

Mais cette loi n'est pas si «stupide». Au contraire, elle est très instructive pour les salariés concernés et même l'opinion publique, qui a besoin de scandales médiatisés et répétés avant d'ouvrir les yeux. Aussi absurde — dans la forme — ou déficiente — dans le fond — soit-elle, cette obligation légale, adressée par écrit aux victimes du capitalisme mondialisé, leur permet de mesurer noir sur blanc et avec précision le gain que va réaliser leur patron sur sa masse salariale : 69 € par mois contre un Smic, qui dit mieux ?

La vérité, c'est que le travail n'a aucune valeur mais, plutôt, un «coût» : en cela, il n'est qu'un instrument de profit et ceux qui l'exécutent sont de simples variables d'ajustement, des pions à moindre frais dont on se débarrasse sans état d'âme dès que l'occasion se présente. Nous le répétons ici : la «valeur travail» (et l'amour-propre qu'elle suscite chez les salariés naïfs) n'est qu'un slogan manipulateur, une imposture idéologique, une escroquerie intellectuelle. La fierté du travailleur et la reconnaissance de ses efforts ne sont rien contre le vampirisme économique tout-puissant.

La fonction première des entreprises n'est pas de créer ou maintenir des emplois mais de gagner de l'argent. Au lieu de s'illusionner sur une «valeur travail» qui n'existe que dans son petit cœur flatté par un Don Juan de la politique pressé de le baiser, le salarié ferait mieux d'adopter la logique patronale et ne s'escrimer, lui aussi, que pour le fric, pas pour la gloire. (Et dire qu'il y en a, au nom de l'amour du travail bien fait, qui sont fiers d'effectuer des heures qu'on ne leur paiera pas !) Et si le salarié ne confondait pas fierté et dignité, s'il s'employait à fournir une somme de travail qui corresponde à la rémunération qu'on lui accorde, le fallacieux «Travailler plus pour gagner plus» n'aurait pas triomphé du principe «À mauvaise paye, mauvais travail».

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Mis à jour ( Samedi, 09 Mai 2009 07:41 )  

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