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Comme en 2006 où parut son premier rapport, la moitié des plaintes concerne le domaine de l'emploi, entreprises publiques et privées confondues (mais deux fois plus d'affaires dans le secteur privé), où les entraves au déroulement de carrière (38% des cas) ou au recrutement (12%) vont bon train. La HALDE note également une hausse de 16% des plaintes pour discrimination hommes-femmes par rapport à 2007.
Tous domaines confondus (logement, éducation, etc), les discriminations relevées portent sur l'origine (géographique ou nationale, couleur de peau, patronyme… 29%), le handicap et l'état de santé (21%), l'âge (notamment pour les salariés de plus de 45 ans… 7%), les activités syndicales (5%), le sexe (4%), la situation de famille ou l'orientation sexuelle (3%) tandis que la grossesse, l'apparence physique ou les convictions religieuses représentent chacune 2%.
Pas de réelle volonté politique
La HALDE se félicite de décisions judiciaires qui vont dans le bon sens (98% des transactions pénales qu'elle propose sont acceptées par le Parquet et 82% de ses observations présentées devant les tribunaux sont prises en compte) et d'effets positifs liés à son action (médiations réussies, recommandations qui aboutissent à l'évolution de textes réglementaires, suppression de limites d'âge pour le recrutement des infirmières et chez EDF-GDF, testings anti-discriminations qui permettent de mieux mesurer et dénoncer le phénomène). Elle espère que son réseau de correspondants locaux, installés dans des permanences sur tout le territoire et dont le nombre passera bientôt de 60 à 125, contribuera à amplifier ses efforts.
Cependant, son président Louis Schweitzer n'hésite pas à faire part de sa «frustration», faute de pouvoirs et de moyens suffisants. Il juge que, pour que les discriminations cessent, «il faut passer à l’acte, ne pas se contenter de bonnes paroles. Il y a une prise de conscience de la part des entreprises, mais il n’y a pas de recul à ce sujet», affirme-t-il avec doigté. De même, il faut sortir le discriminant «de sa bonne conscience et de son indifférence bienveillante, et le discriminé de son fatalisme». Réagissant dans un communiqué, SOS Racisme estime que ce rapport montre «qu’il y a un manque flagrant de volonté politique pour lutter efficacement contre les discriminations».
2009, année noire
On le voit, malgré l'existence de la HALDE depuis 2005, les diverses (très molles…) «opérations de sensibilisation» gouvernementales ou autres, sans oublier les grandes déclarations présidentielles, les discriminations continuent de sévir. Et elles risquent de s'accentuer dans un contexte de «crise» où les employeurs/recruteurs n'ont que l'embarras du choix : il est fort à parier que le prochain rapport qu'elle publiera en 2010 en sera l'accablant reflet. D'ailleurs, la tendance est nette depuis le début de l'année : sur les quatre premiers mois, les saisines recueillies par la HALDE se sont accrues de 60% par rapport à 2008. Ça promet !
Le site de la HALDE : www.halde.fr
Leur numéro Azur : 08 1000 5000 (du lundi au vendredi de 8h à 20h)
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Commentaires
A l'occasion de la remise de son rapport au chef de l'Etat, cet après-midi, Louis Schweitzer avait l'intention de lui administrer une piqûre de rappel au sujet d'un droit que la HALDE réclame de longue date : celui de pouvoir mener des visites inopinées sur les lieux de travail. «Non pas pour faire des descentes de police, mais pour avoir accès par exemple aux dossiers du personnels». Et pouvoir ainsi apporter les preuves qui font défaut à nombre de victimes de discriminations .
Ce droit de visite, qui suppose une loi, avait été promis par Sarkozy en décembre lors de son discours sur l'égalité des chances, à Palaiseau. Depuis, la HALDE n'a rien vu venir…
Ce soir, le Président a renouvelé sa promesse de présenter ce droit au Parlement pour une mise en œuvre «en 2009» : Affaire à suivre ! Répondre | Répondre avec citation |
Plus d'un salarié sur quatre du privé (28%) se dit victime de discrimination, tout comme 22% des agents de la fonction publique.
L'âge est le premier critère de discrimination pour 38% des employés de la fonction publique (32% dans le privé), devant les convictions politiques ou syndicales (33% dans le public, 25% dans le privé) et l'apparence physique (30% dans le privé comme dans le public).
L'origine ethnique compte pour 35% des discriminations chez les salariés du privé (26% dans le public). Quant au handicap, il totalise 14% dans le privé et 17% dans le public. Répondre | Répondre avec citation |
Pour aboutir à un score de 7.788 requêtes, il faut passer par :
- 55% de dossiers clos qui ont été rejetés pour irrecevabilité,
- 18% de réclamations abandonnées par la personne qui s'estimait lésée.
Au final, 27% des requêtes seulement sont traitées :
- 15,6% font l'objet d'une instruction approfondie,
- 11% sont réorientées vers les instances compétences. Répondre | Répondre avec citation |
En effet l'idée commune est que la discrimination à l'âge n'est pas importante.
C'est faux : elle est élevée, si on en croit les parlementaires, journalistes qui ont étudié le sujet. Et peut être plus proche en général de celle due à la race.
Au cours d'une émission le représentant (photo de l'article) indiqué par ordre les discriminations recueillies par la halde; mais précisant bien (je résume ce que j'ai compris) que pour les discriminations liées à l'âge et au sexe, ils ont noté que peu de gens dans ces deux catégories déposent plainte à la Halde.
Par rapport au nombre réel d'actes discriminants.
D'ailleurs il a du préciser son propos car on aurait pu confondre le chiffre réel existant de la discrimination à l'âge et le nombre de plaintes enregistrées/instruites ?
Ce qui mérite de poser les questions, pourquoi les gens ne portent pas plainte en ce qui concerne l'âge :
soit ces personnes ont honte de le faire, soit elles estiment inutile de le faire, soit qu'en temps de crise il y a d'autres priorités.
Dans les deux cas ils ne rendent pas service aux autres qui essaient de se mobiliser.
Aucune discrimination n'est tolérable.
Mais nous savons que si ce ne sont pas les personnes directement concernées qui agissent, ce ne sont pas les autres catégories qui le feront.
Attention aux lendemains difficiles de personnes à la retraite qui ne pourront en obtenir une, faute d'avoir pu travailler.
De plus, le tabou de la discrimination à l'âge a évolué dans le comportement des recruteurs, actuellement ils n'hésitent pas à dire ouvertement qu'ils ne souhaitent pas de "séniors". Ils estiment que ce n'est pas vraiment grave, ni de le dire ni de le faire.
c'est pourquoi je ne suis absolument pas d'accord quand j'entends qu'avec la crise ce n'est pas le bon moment de défendre ces droits, parce que quand on oubliera de les défendre, ils cesseront d'exister. Répondre | Répondre avec citation |
Certains ont sans doute imaginé qu'une prose aussi alerte que la mienne ne pouvait être que l'apanage d'un jeune gars aux neurones nombreux et frétillants.
Que nenni. J'ai bel et bien 46 ans.
Bien qu'ayant conservé l'acuité intellectuelle d'un Prix Nobel de physique, le visage lisse et bronzé d'un jeune premier et le corps musclé d'un athlète de haut niveau, il me faut admettre avoir vu le jour l'année où John Fitzgerald Kennedy fut assassiné et où Martin Luther King prononça son célèbre discours sur la ségrégation raciale. Ce dernier événement constitue d'ailleurs un préambule idéal pour mon sujet d'aujourd'hui.
Près d'un demi-siècle s'est écoulé depuis. Une éternité. Une vie.
Si j'aborde le sujet de mon âge, ce n'est pas tant parce qu'il me préoccupe - quoique - que pour manifester mon dépit : au-delà de 30, voire 35 ans, certains homo sapiens se voient refuser l'accès à quelques activités, dont on n'eut pu supposer qu'elles réclamaient pourtant une certaine maturité.
1er exemple avec ce concours de journalisme
Il y a quelques jours, une charmante Jane m'a invité à participer au European Young Journalist Award. A la clé, un séjour culturel à Berlin tous frais payés ; ça motive !
Pas de bol. Il me fallait avoir entre 17 et 35 ans pour m'inscrire.
17 ans minimum, 35 ans maximum.
"But why", fus-je enclin à me dire fort logiquement avec une larme à l'œil ? Je confesse demeurer perplexe quant aux motivations des organisateurs.
Car aux antipodes de ces 18 ans d'écart, il y a un adolescent qui se rêve peut-être grand reporter et un(e) possible journaliste averti(e) en mal de notoriété. Pourquoi faire cohabiter deux profils que tout sépare et exclure le quadra naïf et néanmoins motivé que je suis ?
Ce "young" doit être entendu au sens littéral ! m'a dit Paul, un ami musicien.
Il n'est pas ici question d'expérience. L'enjeu du concours ne vise pas à permettre à des journalistes en herbe de faire la démonstration de leur talent supposé. Il "suffit" - non - il FAUT être jeune pour participer. C'est une condition nécessaire et suffisante pour celui qui prétend disserter sur "l'élargissement de l'Union Européenne, ses nouveaux pays membres, les changements en Europe de l'Est depuis la disparition du Rideau de fer"…
Et moi qui prétendait connaître les centres d'intérêt des ados de 17 ans.
Pourtant, sauf erreur ou omission de ma part, ni marathon éprouvant, ni défilé en maillot de bain ne sont au programme. La jeunesse pour la jeunesse mise à part, aucune autre condition n'est requise. Comme si ce sésame pouvait être un gage unique et absolu de pertinence.
Nous vivons une époque formidablement étonnante.
Je ne me lancerai pas dans une analyse sur le sens de ce mot ("jeune"), ni sur les conditions requises pour s'en prévaloir. Il me suffira de lui substituer les termes BLANC, CATHOLIQUE ou MÂLE pour révéler, s'il en était besoin, le caractère discriminatoire de cette sympathique compétition qui, outre 2 ou 3 journalistes professionnels, compte parmi les membres de son jury un représentant de la Commission Européenne.
Je suppute que les humanistes du monde entier se seraient élevés contre semblable forfaiture si elle s'était présentée : un concours de journalisme réservé aux cathos couillus de race blanche. Mais je n'entend personne, ne serait-ce que murmurer, pour protester contre cette ségrégation qui tend à se généraliser, fondée sur la date de naissance.
Quant au prix de journalisme à gagner, c'est sans rigoler que ces adeptes de l'ouverture et garants de la liberté d'expression lui ont donné le nom de "Enlarge your vision".
Plus c'est gros, plus ça passe.
2e exemple avec la Fondation Lagardère
"Vous êtes jeune créateur… ET vous avez moins de 30 ans"
J'ai d'abord subodoré le pléonasme.
Absolument pas.
Pour avoir une chance de devenir lauréat de la Fondation de Jean-Luc, il faut être un créateur débutant ET jeune, ou bien un professionnel des médias ET jeune.
Bon, en dépit d'une expérience à la fois modeste et récente de pigiste pour un site de bourse en ligne, je ne puis revendiquer le statut de journaliste. Et si (presque) aucun éditeur ne s'est pour l'instant manifesté pour publier mon "Sex à Reykjavik", je ne peux davantage m'octroyer celui d'écrivain. Cependant, n'était mon âge canonique, mon expérience du monde de la communication aurait pu me permettre de postuler. Re-pas de bol. Une fois encore, mes 552 mois d'existence se révèlent un handicap insurmontable parce qu'irrémédiable.
J'ai beau retourner le problème dans tous les sens : je n'ai pas moins de 30 ans et le fait d'être libraire ne m'arrangerais pas outre mesure. J'aurais pu simuler une dyslexie passagère et tricher sur mes 46 ans, mais j'aurais pris 18 ans de plus. Le sort s'acharne contre mes mois.
Je dois me rendre à l'évidence : seule la jeunesse s'avère sponsorisable. Au-delà de 30 ans (35 ans pour un libraire), l'espérance de vie professionnelle d'un journaliste, d'un photographe ou même d'un libraire est très en deçà de celle d'un être humain.
Cette prime à la jeunesse, ce pré-requis acnéique conditionne le mode de pensée de nos contemporains au point de considérer le vieux que je suis - que nous sommes tout de même quelque uns - comme un macchabée qui s'ignore et qu'il serait déraisonnable de financer.
Comment prétendre alors espérer changer de vie ou plus simplement d'activité lorsque beaucoup vous voit, à moins de 50 ans, entamer des pourparlers avec Thanatos ? Pas évident.
Et les exemples ne manquent pas.
Qu'il faille aider les jeunes gens qui le souhaitent à se faire une place dans leur domaine de prédilection, me parait être une idée louable. Pas évident de prouver son talent de journaliste, d'écrivain, de musicien, de photographe… ou de libraire, lorsque l'on débute dans l'un de ces métiers.
Mais pourquoi ce qui ce qui se conçoit à 20 ans ne pourrait-il être envisagé à 50 ? Pourquoi les difficultés qui se présentent à l'individu d'âge mûr désireux de s'engager sur une voie nouvelle, ne devraient-elles s'accompagner de réponses, de solutions équivalentes ?
Je n'ambitionne pas de devenir pompier ou haltérophile. Le chatouillement d'un clavier ou le titillement du membre dur d'un objectif d'appareil photo n'implique pas nécessairement le port de la couche-culotte ou la consommation quotidienne de Biactol. L'envie, la persévérance et quelques dispositions pour l'activité plébiscitée me paraissaient amplement suffisantes.
Mais pire qu'un sale vieux, peut-être ne suis-je tout bonnement qu'un vieux con ?
(Source : Le Post) Répondre | Répondre avec citation |