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Salaire minimum européen, la bataille du Smic

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Un salaire minimum européen ? A première vue, c’est un thème de campagne qui aurait dû mobiliser les foules. Le problème est que si l’on veut être un tout petit peu crédible sur le sujet, il vaut mieux éviter les postures simplistes.

Au Front national, pas d’états d’âme. Le «rétablissement des frontières économiques» et la «préférence nationale» ont réponse à tout. A l’extrême gauche, on ne fait pas plus dans la nuance. Il faut «harmoniser par le haut les droits sociaux, le salaire minimum», proclame Lutte ouvrière. Le NPA d’Olivier Besancenot revendique «un salaire minimum européen équivalent à 1.500 € net en France».

Mais aligner par le haut est loin d’être évident quand, en Bulgarie, le minimum légal est de 112 € par mois, qu’il est de 231 € en Lettonie et de 312 € en Pologne. Pour la seule zone euro, il va de 242 € en Slovaquie à 1.570 € au Luxembourg en passant par 497 € au Portugal, 700 € en Espagne, 1.280 € en France, 1.309 € en Belgique et 1.335 € aux Pays-Bas. Et l’Allemagne n’a pas de minimum légal, puisqu’il est négocié par branche professionnelle.

L’UMP et le Modem se montrent très discrets sur le sujet. Mais leurs soutiens ne se privent pas de critiquer la gauche. «Les socialistes sont fous de réclamer un salaire minimum européen, assure un proche conseiller de Sarkozy. Si on ne veut pas ruiner les nouveaux adhérents de l’UE, il faudra baisser le Smic français

La difficulté n’a pas échappé aux socialistes qui, tout comme le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon et Marie-George Buffet, ne proposent pas un salaire minimum européen unique, mais un processus d’harmonisation qui commencerait par imposer dans chaque pays un minimum garanti égal à 60% du salaire moyen de l’Etat. L’attractivité plus forte des pays à bas salaire tirerait ainsi automatiquement le minimum garanti vers le haut. «En quelques années, on peut arriver à une harmonisation, à condition que l’Europe donne aux pays à bas salaire les moyens de rattraper le niveau de productivité des autres», estime l’économiste de gauche Liêm Huang Ngoc. Tant que cette harmonisation ne sera pas faite, les entreprises françaises qui licencient continueront à proposer des reclassements à 141 € par mois dans leur filiale roumaine...

(Source : Libération)
Mis à jour ( Dimanche, 07 Juin 2009 16:09 )  

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