Si tout le monde ne demande pas comme lui ouvertement le départ du directeur général, les partenaires sociaux sont nombreux à réclamer un changement de gouvernance et à estimer ne pas être assez écoutés. Interview du secrétaire national de la Confédération française de l'encadrement- Confédération générale des cadres, et vice-président de Pôle Emploi.
Quel bilan tirez-vous de la fusion entre l'ANPE et les Assedic, six mois après ?
Je constate que deux Pôle Emploi coexistent. Présidant son comité d'évaluation, j'ai entamé un tour de France il y a quelques semaines. J'ai déjà visité cinq régions. Sur le terrain, j'ai trouvé des gens évidemment bousculés par la conjoncture, que n'arrangent pas l'arrivée du RSA et la perspective de l'inscription au chômage des jeunes arrivés en fin de scolarité en septembre-octobre. Malgré cela, je les ai trouvés très courageux et très motivés. Ils adhèrent au projet de fusion pour améliorer le service aux demandeurs d'emploi. Mais Pôle Emploi a aussi un autre visage, celui d'une «hypercentralisation» des décisions au niveau du siège.
Pour réaliser une fusion de cette ampleur, n'est-il pas indispensable d'avoir une direction générale assez forte pour imposer le changement ?
La réalité, c'est que le directeur général fonctionne en cercle fermé avec quelques proches. Les directions régionales n'ont pas de marge de manœuvre. Les ex-Assedic sont mis sur la touche. Je vous donne un exemple : est-il normal que Christian Charpy vienne de confirmer discrètement l'ancien responsable des ressources humaines de l'ANPE, censé faire l'intérim, au poste de DRH de Pôle Emploi, alors qu'il avait affirmé au conseil d'administration qu'il allait recruter quelqu'un à l'extérieur pour remplacer Jean-Louis Sciberras, dont j'aimerais bien connaître les vraies raisons du départ ? Ce n'est pas la première fois que le directeur général met ainsi le conseil d'administration de Pôle Emploi devant le fait accompli. Et il ne se cache même plus de prendre ses ordres directement auprès du gouvernement ! Il est grand temps de donner un second souffle à la fusion et de changer de directeur général. Il nous faut à la tête du service public de l'emploi un vrai patron qui vienne du privé car Pôle Emploi n'est pas une administration comme l'était l'ANPE mais une entreprise.
Vos propos sont particulièrement virulents. On n'a pourtant pas entendu le conseil d'administration se plaindre, jusqu'à présent...
Nous considérions, moi le premier, qu'il fallait prendre du recul. Mais six mois après la fusion, ce que je constate me conduit à tirer la sonnette d'alarme. Si ce n'est tous, en tout cas la plupart des partenaires sociaux partagent mon constat.
De toute façon, vous étiez déjà hostile à la nomination de Christian Charpy à la direction du nouvel organisme...
Je voudrais vous rappeler que c'était pour moi une question de principe : je pensais, et continue à penser, qu'il n'était pas bon de nommer à la direction générale un ex-ANPE. Cela aurait été pareil s'il s'était agi d'un ex-Unedic. Et six mois après la création de Pôle Emploi, le système a déjà montré ses limites.
(Source : Les Echos)
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