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Aujourd’hui, les plans se suivent et se multiplient dans une indifférence quasi-générale comme le soulignait Le Canard Enchaîné du 24 juin. Ainsi, le Palmipède satirique comptabilisait plus de 3.000 licenciements en France en une seule journée, sans que cette info, ce véritable séisme, n’émeuve l’opinion, les syndicats… et les politiques de droite comme de gauche.
La France pourrait perdre 10% de ses emplois salariés en 2009/2010
Le 29 juin, c’était au suédois SKF (leader mondial du roulement à billes) d'annoncer 900 suppressions de postes dans le monde, dont 380 en France avec la fermeture de son usine de Vendée. Le 30 juin, c'est un autre géant, du tourisme cette fois, le Groupe Accor, qui envisage la suppression de 10% des effectifs de ses sièges parisiens : 230 postes sur 2.000. Et selon une source bien informée, la plupart des grandes entreprises du tourisme prévoient de se délester de 10 à 15% de leur personnel à la rentrée (après la saison d’été). Même l'éternelle optimiste Christine Lagarde le craint et l'admet.
Comme nous l’annonçons depuis décembre 2008, nous sommes bien sur la pente du million de chômeurs supplémentaires en 2009. Nous pensons même aujourd’hui que cette estimation est largement sous-évaluée au regard des derniers chiffres disponibles.
Les emplois détruits le sont définitivement !
En fait, nous pensons que sur 2009/2010, la France pourrait perdre entre 5% et 10% de ses emplois salariés (plus encore dans l’industrie), soit entre 1,5 et 2 millions de chômeurs supplémentaires.
Notre pronostic porte donc sur 4 MILLIONS DE CHÔMEURS, dans la seule catégorie A, d’ici la fin de l’année prochaine (contre 2,5 aujourd'hui). Nous en sommes d’autant plus convaincus que la plupart des emplois supprimés ne correspondent pas à des «allègements» d’effectifs ou à des «dégraissages» temporaires qui pourraient rapidement, en cas de reprise, se changer en embauches.
Non ! La majeure partie des emplois perdus le sont définitivement, irréversiblement, à l’instar de SKF (évoqué plus haut) qui quitte définitivement le territoire français. Seule une improbable vague de relocalisations des ateliers et usines pourrait inverser la tendance dans les années à venir. On peut toujours rêver !
L’UNEDIC va être contrainte d’emprunter pour indemniser les chômeurs
Nous sommes face à un véritable cataclysme industriel et social qui va s’amplifier dès l’automne 2009 et se prolonger encore longtemps, même si l’économie redémarre (ce qui n’est pas pour demain). Il y a un an, quand 1.000 personnes étaient licenciées en France, l’information faisait la Une de toute la presse. Aujourd’hui, quelques entrefilets détaillent les 1.000 à 2.000 destructions quotidiennes d’emplois. D’ici quelques mois, les 3.000 à 4.000 emplois perdus chaque jour apparaîtront en petits caractères dans les rubriques «Faits divers» des journaux.
L’omerta médiatique est assourdissante. Son réveil viendra de la mise en cessation de paiement de l’UNEDIC, qui gère l’assurance-chômage. Un signe ne trompe pas : Son Président, Geoffroy Roux de Bézieux, prépare déjà l’opinion à cette échéance qui paraît inéluctable, en envisageant, lui aussi, de lancer un emprunt pour indemniser le flot grossissant des chômeurs.
Empruntons, empruntons… Il n’y aura bientôt plus personne pour rembourser !
Yves Barraud
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- 26/06/2009 09:07 - 36.400, comme c'est «encourageant» !
Commentaires
Le nombre de chômeurs inscrits à Pôle Emploi en catégorie A en France métropolitaine — les DOM on s'en tape, n'est-ce pas… — a connu une hausse de 1,5% en mai, soit 36.400 demandeurs d'emploi supplémentaires , a annoncé Bercy hier dans un communiqué.
Sur un an, la poussée est de 26,4%.
En y ajoutant les chômeurs ayant travaillé occasionnelleme nt et tenus d'accomplir des actes positifs de recherche, la hausse s'élève à 54.100 personnes. Au total, fin mai, le nombre de demandeurs d'emploi inscrits en catégorie A (disponibles de suite et n'exerçant aucune activité) s'établit à 2.543.100, celui des catégories B et C (en «activité réduite» de plus ou moins 78 heures) à 1.082.500.
Les jeunes actifs, surtout les hommes, restent les plus durement frappés.
Toutes catégories confondues (A, B, C, D et E => voir détail en commentaire), la barre des 4 millions d'inscrits à Pôle Emploi est franchie depuis le mois dernier : ils sont maintenant 4.068.100. Sans compter quelque 338.000 seniors en «DRE», les mal nommés «dispensés de recherche» qui ne figurent nulle part…
L'œil du cyclone
Christine Lagarde a estimé «assez encourageant» le fait qu'on ait une «décélération du nombre de demandeurs d'emplois sur quatre mois consécutifs». En effet, depuis le pic de janvier (+ 100.400), les scores — impressionnants — diminuent : + 79.900 en février, + 63.400 en mars et + 58.500 en avril. Cependant, la ministre de l'Economie s'attend à «des plans sociaux importants» durant ou après l'été. Le chômage pourrait repartir de plus belle : le contingent de précaires (CDD, intérim) qui atterrit dans l'escarcelle Pôle Emploi s'amenuisant — ces «plans sociaux silencieux», comme disent Les Echos —, c'est la masse des futurs licenciés économiques qui alimentera bientôt le gros des chiffres. Et là, ce sont des CDI par dizaines de milliers qui vont disparaître, purement et simplement.
Mais le gouvernement a tout prévu : les contrats de transition professionnelle (CTP : 3.500 fin avril, + 250% en un an) et les conventions de reclassement personnalisé (CRP : 59.700 fin avril, + 138,8% en un an), en voie de généralisation, permettent d'escamoter de la catégorie A des milliers de salariés fraîchement licenciés, ainsi classés dans l'obscure catégorie D qui a progressé, elle, de 3,4% en mai et de 19,3% sur un an avec 207.500 inscrits.
L'Unedic, dont on sait qu'elle sous-estime ses pronostics, prévoit sur la totalité de l'année quelque 639.000 chômeurs supplémentaires en France. Quant à l'INSEE, qui parle de 700.000 disparitions de postes, elle annonce que nous allons d'ici Noël renouer avec un taux de 10% de chômeurs, notant la destruction de 187.800 emplois au premier trimestre, «d'une ampleur jamais observée dans toute l'histoire économique de la France».
On rappelle que Juan Somavia, le lucide directeur général de l'Organisation internationale du travail (OIT), juge qu'il faudra attendre jusqu'à 8 années pour retrouver le niveau d'emploi d'avant la crise : ceux qui voient des «signes de reprise» sont des affabulateurs. En attendant, le volume des offres diffusées sur le net a fondu de moitié.
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De janvier à avril 2008 inclus, c'est le yo-yo :
+ 13.200 en janvier, — 13.700 en février, + 8.200 en mars et — 8.400 en avril.
Puis ça décolle en mai : + 5.400
Juin : + 4.200
Juillet : + 2.100
Août : + 41.300
Septembre : + 8.000
Octobre : + 46.900
Novembre : + 64.000
Décembre 2008 : + 45.800
En 2009, ça s'envole…
Janvier : + 100.400
Février : + 79.900
Mars : + 63.400
Avril : + 58.500
Mai : + 36.400
Il ne s'agit que des chiffres officiels des catégories 1 et A, bien sûr.
Rajoutons à cela les quelque 600.000 salariés qui subissent déjà ou vont subir le chômage technique en 2009 et dont l'emploi est en sursis.
Les nouvelles catégories de Pôle Emploi
A : demandeurs d'emploi disponibles, n'ayant exercé aucune activité dans le mois et tenus de faire des actes positifs de recherche, peu importe le type d'emploi demandé (CDI, CDD, intérim, temps plein ou temps partiel…).
B : demandeurs d'emploi tenus de faire des actes positifs de recherche, ayant exercé une activité réduite courte (moins de 78 heures) au cours du mois.
C : demandeurs d'emploi ayant exercé une activité réduite longue (plus de 78 heures) au cours du mois, non tenus de faire des actes positifs de recherche.
D : demandeurs d'emploi non immédiatement disponibles en arrêt maladie, en stage ou en formation, CRP ou CTP, donc non tenus de faire des actes positifs de recherche.
E : personnes non immédiatement disponibles, déjà pourvues d'un emploi et à la recherche d'un autre emploi (par ex: bénéficiaires de contrats aidés).
Tableau des équivalences entre nouvelle et ancienne classification :
Catégorie A => catégories 1, 2, 3 hors activité réduite
Catégorie B => catégories 1, 2, 3 en activité réduite
Catégorie C => catégories 6, 7, 8
Catégorie D => catégorie 4
Catégorie E => catégorie 5
Catégories A, B, C => catégories 1, 2 ,3, 6, 7, 8 Répondre | Répondre avec citation |
L'assurance chômage pourrait souscrire un emprunt à l'automne, dont le montant s'élèverait à 3 milliards d'euros a indiqué Geoffroy Roux de Bézieux, président de l'Unedic, samedi 27 juin, confirmant une information du Figaro. "Le montant, le taux et la période de l'emprunt seront décidés dans deux mois", a-t-il ajouté. (…)
Déjà 5 milliards de dettes
Geoffroy Roux de Bézieux a confirmé que les montants étaient "de cet ordre-là". Rappelant qu'il y avait déjà 5 milliards de dettes financés par des billets de trésorerie, l'Unedic va "simplement demander une autorisation supplémentaire, jusqu'à 3 milliards supplémentaires ". Il a confirmé qu'"il y aura probablement un emprunt à la rentrée mais la date et le montant précis ne sont pas décidés".
Le patronat a souligné la dégradation des comptes du régime, qui devra réemprunter de l'argent pour couvrir son déficit cumulé, vendredi lors du conseil d'administration. Ce déficit, qui pourrait atteindre 18 milliards d'euros en 2013, ne commencerait à se résorber qu'en 2014, selon des documents remis aux partenaires sociaux.
Source : NOUVELOBS.COM Répondre | Répondre avec citation |
Heureusement, beaucoup de chômeurs vont arriver en fin de droit, ce qui va alléger la "charge"…
[ironie off] Répondre | Répondre avec citation |
hypothese pour les deux problemes a terme se sera baisse des droits à l'allocation chomage qui va en grande partie se reporter sur l'etat par le rsa donc du gagnant pour les entreprises et pour la securite sociale un desengagement volontaire qui fera que chacun devra mettre plus de sa poche ou encore pour les retraites la seule et unique solution miracle c'est allongement de la duree de cotisation et d'activité donc le pire c'est encore plus de demandeurs d'emploi a terme et certainement un jour un recul de l'age pour toucher le rsa qui donc ne coutera rien a personnes ni au entreprises ni au contribuable mais seulement aux parents enfin 2 ou 3 enfants de plus de 20 ans ca va couter cher c'est pas grave nous entrons dans l'ere du partage de revenu au niveau famille Répondre | Répondre avec citation |
"Situation financière de l'Assurance chômage (mai 2009)
Sous l’hypothèse d’une évolution du PIB de -3,0% en 2009 et de +0,5% en 2010, le résultat financier de l’Assurance chômage pourrait présenter un déficit de 1,3 milliard d’euros en 2009 et de 4,6 milliards d’euros en 2010.
La situation financière de l’Assurance chômage serait alors de -6,3 milliards d’euros au 31 décembre 2009 et de -10,9 milliards d’euros au 31 décembre 2010…
Afin de financer ce déficit, le Bureau de l’Unédic a d’ores et déjà pris toutes les dispositions nécessaires pour trouver auprès de ses partenaires financiers habituels les solutions adaptées à une situation exceptionnelle mais maîtrisée. "
www.unedic.fr/Finances/situation-financiere-de-l-assurance-chomage
La note d'équilibre technique
www.unedic.fr/documents/DIC/Actualites/CPequilibre%20technique%20projections20092010.pdf Répondre | Répondre avec citation |
Je me permets de signaler à votre attention cet appel, déjà signé par 750 personnes dont un certain nombre d'économistes renommés, en faveur du "revenu de vie", alternative à l'usine à gaz du RSA et autres bricolages gouvernementaux actuels.
appelpourlerevenudevie.org
Nous souhaiterions vivement qu' ActuChômage puisse s'en faire l'écho et contribue au débat sur cette alternative… Répondre | Répondre avec citation |
N'hésitez pas à nous adresser directement toutes les infos concernant cet appel, plutôt que de passer par nos commentaires.
contact@actucho mage.org Répondre | Répondre avec citation |