Ce n’est un secret pour personne. Les pensions des retraités baissent. Et elles continueront de baisser. Encore et encore. A tel point qu’Aviva, sixième assureur mondial, affirme que les 27 pays de l’UE devront trouver 1.900 milliards d’euros pour assurer une "retraite décente" à leurs citoyens qui la prendront entre 2011 et 2051. Dont 243 milliards pour la France. Ainsi, Aviva estime que le Français moyen devra épargner 8.000 euros par an pour compléter sa retraite future. Une aubaine pour les assureurs...
En catimini, pendant l’été, plusieurs députés ont déposé quelques subtils amendements à la nouvelle loi sur les retraites. Objectif : généraliser la retraite par capitalisation. Et tant pis si l’exemple américain vire au cauchemar.
Amendements à but très lucratif
Une journaliste du site Miroir Social s’est penchée sur le texte de la nouvelle loi sur les retraites. Et devinez ce qu’elle y a trouvé : quelques discrets amendements, déposés sans tambour ni trompette, destinés à développer les "plans d’épargne collectifs pour la retraite" (PERCO) et les "plans d’épargne-retraite populaire" (PERP). Créés par Fillon en 2003, ces fonds de pension investis en Bourse sont abondés par le salarié, selon ses moyens, et son employeur, selon sa volonté. Avec en général une contrepartie : le gel des salaires. Et donc une baisse des cotisations du régime général, comme le souligne Le Canard Enchaîné de cette semaine. Une façon discrète de transférer des fonds du système par répartition vers la capitalisation individuelle...
Modernité, quand tu nous tiens
Jusqu’à présent, les PERCO étaient réservés aux grandes entreprises. Un amendement propose de les généraliser aux PME. Un autre suggère d’y affecter la moitié des sommes versées au titre de la participation. Un troisième demande aux entreprises offrant une retraite chapeau à leurs dirigeants de créer systématiquement un PERCO à destination de leurs salariés. Et enfin, un dernier propose à ceux qui n’auraient pu profiter de leurs RTT de les reverser sur un fonds d’épargne retraite. Bref, tout est fait pour que la retraite par capitalisation se généralise alors qu’elle restait jusqu’à présent une exception.
Un Sarkozy peut en cacher un autre
En 2009, les plans de capitalisation représentaient près de 10 milliards d’euros de cotisations, sur les 230 versés au régime général. C’est peu, mais déjà beaucoup pour un produit aussi jeune. Et les nouvelles mesures ne manqueront pas d’accélérer encore le mouvement. Une catastrophe pour les salariés. Une opportunité pour les assureurs, qui multiplient les offres d’assurance retraite par capitalisation. Ainsi, le groupe Malakoff-Mederic dont le PDG, Guillaume Sarkozy, n’est autre que le frère de notre président… s’apprête à lancer son offre PERCO. Ça marche comme ça, chez les Sarkozy : Nicolas réduit les montants des pensions de retraite pendant que Guillaume propose des complémentaires aux salariés les plus aisés !
Oncle Sam floué
Pourtant, la retraite par capitalisation est une catastrophe. Une récente étude universitaire montre qu’il manque 6.600 milliards de dollars aux fonds de pension américains pour maintenir le niveau de vie de leurs assurés pendant leur retraite, soit 45% du PIB des Etats-Unis. Excusez du peu ! Les fonds de pension US sont dans une situation financière abracadabrantesque. Ceux des 100 premières entreprises américaines accusent un déficit de 460 milliards de dollars. A ce jour, les retraités américains ne sont pas sûrs de recevoir le fruit de leur épargne. Loin de là. Un exemple de "modernité", à suivre de toute urgence...
(Source : Les mots ont un sens)
Piqûre de rappel
La brouette, ou l'écueil de la capitalisation par Franck Lepage et Gaël Tanguy :
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