Ils ne sont ni clients ni adhérents de ce grand groupe spécialisé dans les assurances complémentaires (retraites et autres…) dont Guillaume Sarkozy, frère aîné du président, est délégué général depuis 2006. Ils ont pourtant reçu une lettre l'invitation personnalisée à une journée d'information sur «l'insertion professionnelle des non cadres» et «les aides à la complémentaire Santé», ainsi qu'un coupon-réponse leur demandant s'ils souhaitent y participer.
Car, côté pile, l'Action sociale de Malakoff-Médéric leur propose un accompagnement personnalisé gratuit «complémentaire à celui de Pôle Emploi, et entièrement financé par les fonds sociaux des caisses» consistant en «entretiens individuels dans le but de préparer à un entretien d'embauche, établir un CV, demander une formation», avec «des ateliers animés par des professionnels (…) pour vous guider dans vos orientations» en partenariat avec l'association Arcus Conseil, «spécialiste de l'accompagnement à la reprise d'activité et en bilans professionnels». Mais, côté face, l'objectif est évidemment de glaner quelques contrats...
Comment Malakoff-Médéric s'est-il procuré cette liste de demandeurs d'emploi indemnisés ? Il semble évident que des fichiers de Pôle Emploi ont été utilisés dans l'unique but de faire souscrire des chômeurs à la complémentaire santé Médéric, mutuelle privée appartenant au frère de Nicolas Sarkozy, et que cela ressemble au détournement illégal d'un fichier public confidentiel à des fins d'intérêt privé, au nom d'une soi-disant aide désintéressée prodiguée aux sans emploi.
Si, d'un côté, Nicolas fait mine de lutter contre le chômage en luttant sauvagement contre ses victimes, de l'autre, Guillaume profite du fléau accentué par l'incurie de son président de frère : business as usual.
Ce n'est pas la première fois que Guillaume bénéficie de l'action de Nicolas. La dernière loi sur les retraites recèle quelques subtils amendements destinés à développer les "plans d’épargne collectifs pour la retraite" (PERCO) et les "plans d’épargne-retraite populaire" (PERP) qui lui ont permis de lancer son offre PERCO. De même, en janvier 2009, suite à une réforme concernant les complémentaires Santé, 170.000 salariés de Pôle Emploi et de la Sécurité Sociale ont été contraints de résilier leurs contrats avec leurs mutuelles pour adhérer à une «mutuelle employeur obligatoire»; et, comme par hasard, c'est le groupe Malakoff-Médéric qui a raflé les deux marchés !
Trop, c'est trop. L'un des destinataires de la lettre personnalisée Malakoff-Médéric-Arcus a déposé une plainte à la CNIL, soutenu par un collectif de chômeurs et précaires. Affaire à suivre...
SH
Articles les plus récents :
- 25/02/2012 09:34 - Chômage de janvier : un «ralentissement de l'augmentation»
- 25/02/2012 06:45 - Travail forcé : une convention bafouée par ses signataires
- 23/02/2012 14:49 - Ce n'est pas le RSA qui créé des emplois
- 23/02/2012 13:05 - L'indemnisation du chômage en Europe
- 22/02/2012 12:00 - Un blog «sans foi ni loi pour l'emploi»
Articles les plus anciens :
- 17/02/2012 12:09 - Formation des chômeurs : Nicolas Sarkozy, roi de l'improvisation
- 16/02/2012 11:19 - USA : de chômeurs à invalides
- 15/02/2012 03:07 - Conventions de reclassement : un succès à relativiser
- 10/02/2012 17:27 - Sois beau, et cherche du boulot
- 10/02/2012 04:42 - Référendum sur les droits des chômeurs : Nicolas Sarkozy veut-il perdre les élections ?
Commentaires
Sauf que dans le cas d'espèce, cette mutuelle commerciale n'est pas un prestataire de P.E sauf erreur.
On peut trouver curieux (anormal?) que l'un des frères par sa politique pro patronale met à mal le financement de la protection sociale pendant que l'autre est à la tête d'une mutuelle. Répondre | Répondre avec citation |
En tant que groupe de protection sociale paritaire et mutualiste, au titre de son action sociale, Malakoff Médéric considère effectivement de sa mission de proposer des actions d’accompagnemen t personnalisé aux chômeurs dont il gère la retraite complémentaire par répartition, et ce depuis 10 ans.
C’est à ce titre et à ce titre seulement que le Groupe utilise ses propres fichiers pour proposer aux demandeurs d’emploi son aide et ses conseils.
Pour en savoir plus sur cette action nous vous invitons à consulter notre site Internet :
www.malakoffmederic.com/groupe/media/presse-actualites/action-sociale-envers-chomeurs-longue-duree.htm Répondre | Répondre avec citation |
Malakoff Médéric est gestionnaire des cotisations retraite et non pas de la retraite.
Un retraité peut travailler et peut être demandeur d'emploi mais il ne peut pas être "chômeur".
Par ailleurs je me demande bien ce qu'est un "chômeur" au sens où l'entend Malakoff Médéric. Répondre | Répondre avec citation |
Malakoff Médéric devrait se concentrer sur ses véritables missions qui sont gérer des fonds et non des individus.
Malakoff Médéric ferait mieux d'annoncer clairement ce qu'il a à gagner dans cette affaire, ce serait plus crédible.
Parceque, si mon garagiste me paie un stage de récupération de points, on ne me fera jamais croire que c'est par pure philanthropie. Répondre | Répondre avec citation |
Elle concerne tous les groupes de retraite complémentaire, depuis des années. Répondre | Répondre avec citation |
J'aimerai bien qu'on m'explique comment une société a pu connaître le statut dune personne vis à vis de l'emploi sans que celle-ci n'ait de relation avec cette société. Rassurez-moi, le mot chômeur n'est pas encore accolé au nom des gens dans l'annuaire téléphonique en ligne? 8-) Répondre | Répondre avec citation |
Les travailleurs du privé cotisent sur leur salaire à ce régime de retraite, donc on ne peut pas dire que l'entreprise en question (qui gère ce régime) ne les connaît pas.
La suite n'est pas très dure à imaginer (mais j'avoue ne pas connaître la réalité) : quand les cotisations cessent (pour cause de chômage) l'employeur doit donner la raison de cet arrêt au régime peut être ? Répondre | Répondre avec citation |
Citer: Tous? J'ignorais que l'argent des retraites était confié à une société commerciale qui a pour seul finalité de faire du profit.
Sur Wikipedia on trouve ces chiffres:
Citer: Cela ne représente donc pas tous les salariés et on cotise sur une base volontaire, en principe. Répondre | Répondre avec citation |
Comme les autres groupes il a à la fois une mission d'intérêt général (la retraite, l'action sociale) et de gros intérêts privés (mutuelle, assurance…etc). On peut tout à fait trouver ce mélange des genres scandaleux, mais ce système date des années 60, n'est pas l'apanage de Malakoff-Mederic, et ne date pas de Sarkozy. Répondre | Répondre avec citation |
Ce n'est pas de cela dont je vous parlais et que je ne conteste pas. Reliez les dix dernières lignes de l'article plus haut , ce qui y est décrit ne date pas des années 60. Répondre | Répondre avec citation |
le PERP et le PERCO sont des contrats de retraites complémentaires créés en 2003 par la loin Fillon sous Chirac pour l'ensemble des assureurs, avec une fiscalité avantageuse pour la population (et la possibilité de poursuivre un contrat de retraite collective même après être sorti de son entreprise, ou d'y faire des versements libres) Répondre | Répondre avec citation |
tempsreel.nouvelobs.com/social/20101014.OBS1278/guillaume-sarkozy-futur-beneficiaire-de-la-reforme-des-retraites.html Répondre | Répondre avec citation |
mon propos était de préciser certains points "flous" de l'article afin de ne pas tout mélanger. Répondre | Répondre avec citation |
Mais sa réforme des retraites de 2010 a introduit des amendements visant à les développer, et permettant à son frère Guillaume d'en capter une "part de marché". Répondre | Répondre avec citation |
C'est donc du détournement de fiscalité au profit des plus riches et des mieux lotis. Répondre | Répondre avec citation |
"Parlons de votre situation professionnelle et de votre santé". Voilà l'invitation que reçoivent certains demandeurs d'emploi de la part de l'Action sociale de Malakoff Médéric, un groupe de protection sociale paritaire et mutualiste à but non lucratif, qui vend notamment des complémentaires santé et des produits de retraite. Au programme : des ateliers pour peaufiner son CV, préparer un entretien d'embauche et… bénéficier de "l'aide à la complémentaire santé".
Cette lettre a provoqué l'émoi des associations de chômeurs, car ces sessions d'information serviraient en fait à les faire adhérer à la mutuelle Malakoff Médéric. "C'est un détournement illégal d'un fichier public confidentiel à des fins d'intérêt privé, au nom de l'aide aux chômeurs", s'insurge Evelyne Perrin, co-présidente du réseau Stop Précarité, membre d'AC!.
Action sociale courante des régimes de retraite
Première question : comment l'organisme de prévoyance s'est-il procuré cette liste de demandeurs d'emploi indemnisés ? Elle ne provient pas de Pôle emploi. "Ce sont les fédérations Agirc-Arrco qui diffusent les listes des chômeurs aux différentes institutions de retraite afin qu'elles puissent attribuer aux chômeurs les points de retraite correspondant à leur période de chômage", explique une porte-parole de Malakoff Médéric, contactée par Capital.fr.
"Cette polémique est un mauvais procès", rétorque l'Agirc-Arrco, pour qui l'accompagnement des chômeurs entre dans le cadre de ses actions sociales dotées d'un budget annuel de 50 millions d'euros. "Nos cotisations proviennent des salariés en activité. Nous avons intérêt à aider les chômeurs en fin de droits à retrouver un emploi", justifie la responsable de la communication. Préparation à l'entretien d'embauche, rédaction de CV, demande de formation, création d'entreprise… chaque année, 500 chômeurs (dont la moitié de cadres) bénéficient ainsi d'un accompagnement financé par Malakoff Médéric au titre de l'action sociale de l'Agirc-Arrco.
Quant à la promotion de "l'aide à la complémentaire santé", l'objectif est d'informer les bénéficiaires de la CMU qu'ils peuvent prétendre à ce dispositif public pour souscrire un contrat d'assurance maladie complémentaire.
Reste à savoir si cet échange de fichiers est légal. Réponse avec le verdict de la CNIL…
www.capital.fr/carriere-management/actualites/polemique-autour-de-la-diffusion-des-fichiers-de-chomeurs-699964 Répondre | Répondre avec citation |
Chercher l'erreur Répondre | Répondre avec citation |
Monsieur le Directeur Général,
Lors du CCE du 20 février, nous avons interpellé le DGARH à propos d’un courrier adressé sous forme d'invitation à des chômeurs, émanant de Malakoff Médéric et de l’association ARCUS.
Des demandeurs et demandeuses d’emploi ont demandé à leur conseiller ou conseillère si la convocation émanait de Pôle Emploi et s’ils avaient obligation de s’y rendre. Il est vrai que ce courrier entretient une ambiguïté : «Vous êtes actuellement en recherche d’emploi et toujours indemnisé par Pôle Emploi», et plus loin : «L’accompagneme nt proposé est complémentaire à celui de Pôle Emploi».
Il nous semble qu’il y a là utilisation de l’autorité d’un service public afin de réunir des personnes dans un cadre qui pourrait paraître obligatoire. Il nous semble gênant et contraire à toute déontologie, d’une part, que des informations sur la situation personnelle des demandeurs et demandeuses d’emploi soient divulguées a des tiers et, d’autre part, que Pôle Emploi soit mêlé à une information qui, sous prétexte d’aide sociale, pourrait avoir des intentions commerciales. Ce serait même contraire à la loi, dans ce cadre précis.
Par ailleurs, nous savons que certains et certaines demandeuses d’emploi choqué-e-s par cette pratique ont saisi la CNIL. Nous souhaiterions nous assurer, auprès de vous, que Pôle Emploi n’est pas à l’origine de cette diffusion de liste.
Nous vous demandons également que Pôle Emploi lève toute ambiguïté et ne puisse apparaître, d’une manière ou d’une autre, comme le commanditaire de ces prestations proposées à certains et certaines demandeuses d’emploi.
Dans l’attente d’une réponse rapide de votre part, nous vous prions de recevoir nos salutations distinguées.
Pour le bureau national du SNU,
Sylvette Uzan-Chomat Répondre | Répondre avec citation |