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Un Nobel d'économie qui invente l'eau tiède

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Pour combattre le chômage de longue durée, l'un des trois gagnants du "prix de la Banque de Suède" 2010 conseille de limiter l'indemnisation à un an et propose que l'Etat subventionne de «vrais» emplois afin que les chômeurs restent actifs… Consternant.

Hier, Christopher Pissarides participait à une conférence à Stockholm sur "les conséquences de la crise économique sur le marché du travail". Cet expert britanno-chypriote de 62 ans, professeur à la prestigieuse London School of Economics et récompensé le mois dernier avec deux Américains, a enfilé les perles.

«Je conseille fortement aux gouvernements de ne pas laisser s'installer le chômage à long terme en offrant directement des emplois subventionnés aux chômeurs après neuf à douze mois de chômage», a-t-il déclaré.

«L'expérience professionnelle est une très bonne chose pour les chômeurs» (ça, on s'en doute !). «Mais cette expérience devra être un vrai emploi productif, pas un emploi inventé simplement pour forcer les gens à sortir de chez eux», a précisé l'économiste.

Et de suggérer que «l'Etat pourrait, par exemple, subventionner des emplois pour remplacer les femmes parties en congé maternité. On dit : "Voilà un emploi productif". Si le chômeur dit "Non, je n'en veux pas", c'est comme s'il disait "Oui, je suis disponible pour un emploi mais je n'en veux pas"». Ouh, le vilain !

Et de poursuivre : «En période de récession, vous pouvez bien sûr rallonger un peu la période [d'indemnisation chômage] parce qu'il n'y a pas assez d'emplois, mais pas trop. Vous pouvez l'allonger jusqu'à un an, mais je serais inquiet si elle était rallongée sans condition au-delà de 12 mois».

Et de conclure : «Je ne crois pas que les allocations chômage doivent être données aux gens qui de façon générale ne veulent pas d'un emploi. Elles doivent être données aux gens qui veulent un emploi, mais n'en trouvent pas». Ça alors, quelle évidence !

Voici un homme qui, en tant que co-lauréat du douteux "prix de la Banque de Suède" qu'Alfred Nobel n'a jamais cautionné, vient d'empocher une récompense de 10 millions de couronnes suédoises, soit 1.075.000 €. Ça fait cher l'ineptie...

En France, où le chômage est encore indemnisé 24 mois maximum, 36 mois pour les plus de 50 ans, il faut tout de même rappeler que c'est l'Etat qui détruit le plus d'emplois. Dans ces conditions, comment voulez-vous qu'il fasse marche arrière ? Quant aux contrats aidés qu'il subventionne grassement afin de remplacer les emplois pérennes qu'il a supprimés dans le secteur public afin de réaliser des économies de bouts de chandelles, ce sont des jobs précaires/jetables, à temps partiel et sous-payés qui déresponsabilisent les employeurs.

M. Pissarides entretient l'image du chômeur profiteur et fainéant. Or, 99% des chômeurs veulent travailler mais actuellement, dans un contexte de précarisation structurelle, la majorité d'entre eux ne retrouve pas l'emploi qui leur permettrait de vivre et de se projeter. Donc, si ces «gens» méritent bien l'indemnisation pour laquelle — on le rappelle — ils ont cotisé, il ne faut pas non plus s'étonner que certains se découragent à force d'être rejetés. Et ce n'est jamais de gaité de cœur qu'on se retrouve à l'ASS ou au RSA.

Par ailleurs, M. Pissarides oublie que si le chômeur a le devoir de travailler, même gratuitement sous peine de radiation, l'Etat et les entreprises ont toujours le droit de détruire des emplois et de ne pas en créer : cherchez l'erreur !

M. Pissarides entretient la fausse idée que s'il y a du chômage, c'est de la faute aux allocations. Or, depuis le développement du chômage à partir des années 80, le montant et la durée d'indemnisation dans les pays riches n'a jamais cessé de baisser, sans incidence positive sur le chômage de masse. Au contraire, réduire la qualité de l'indemnisation est la porte ouverte au déclassement professionnel généralisé, maux dont se plaint l'Allemagne qui, après avoir appauvri et maltraité ses chômeurs, s'inquiète désormais d'une pénurie de main d'œuvre qualifiée.

Une chose est sûre : les conseilleurs ne sont les payeurs. Pendant que cet expert chèrement indemnisé brasse du vent en débitant ses préconisations à deux balles, des millions de «gens» pleins de bon sens et de qualités croupissent, eux, dans l'inactivité forcée et dans la misère. Si ce n'est pas pathétique ! On ne peut que conseiller à Monsieur Pissarides d'empocher son million et de prendre sa retraite.

SH
Mis à jour ( Mercredi, 10 Novembre 2010 01:33 )  

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