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Chômage : des durées d'indemnisation qui rétrécissent

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Entre 2005 et 2008, la durée moyenne d'indemnisation au titre du chômage a diminué de deux mois, passant d'un an et trois semaines à moins d'un an, selon une étude de la DARES publiée ce mercredi.

Soit, en trois ans, de 386 à 328 jours.
A titre de comparaison, la durée maximale d'indemnisation est aujourd'hui de 730 jours (environ 24 mois) sauf pour les plus de 50 ans (1.095 jours, ou 36 mois et demi), et la minimale de 122 jours (environ 4 mois).

Nos fossoyeurs sociaux

Rien d'étonnant ! «Cette diminution s'explique en partie par les baisses successives des durées maximales d'indemnisation décidées lors des réformes de l'assurance chômage», précise à juste titre la DARES. C'est même une tendance lourde. Les conventions de l'Unedic sont effectivement négociées tous les trois ans par nos soi-disant "partenaires sociaux" : syndicats de salariés (les associations de chômeurs n'ayant pas voix au chapitre…) et organisations patronales. Les premiers — notamment la CFDT — n'hésitant pas à s'aplatir devant les exigences du Medef. A chaque fois, seule la CGT refuse de signer ces "accords" qui nous lèsent un peu plus.

«Des réformes du système d'indemnisation sont intervenues en 2003, en 2006 ainsi qu'en 2009, bien que pour cette dernière aucun bilan ne soit encore disponible.» A cause de la crise, «une nouvelle réforme sera mise en œuvre pour l'année 2011 après les négociations entre les organisations patronales et syndicales, qui gèrent les cotisations alimentant le régime de l'assurance chômage», nous dit La Tribune qui rajoute que, selon la DARES, «la diminution de la durée d'indemnisation serait également liée à l'amélioration de la conjoncture économique à partir de 2006 — synonyme de retours à l'emploi plus rapides ou plus faciles pour les chômeurs»...

Entrer en pauvreté

La DARES nous apprend que, de septembre 2005 à septembre 2008, le nombre de bénéficiaires de l'ARE a baissé continûment, passant de 2.067.000 à 1.685.000. On doute que "l'amélioration de la conjoncture économique" explique tout.

Parallèlement, la conséquences des restrictions successives a été la hausse du nombre d'entrants dans les dispositifs de solidarité de l'Etat comme l'ASS ou l'AER, sinon au RMI. Un tableau détaille le devenir des chômeurs six mois après avoir épuisé leurs droits à l'assurance chômage début 2008 : 14,4% sont au régime de solidarité; 13,3% sont à nouveau indemnisés (souvent des intermittents); 26,4% sont sans indemnisation ou au RMI et inscrits à Pôle Emploi; 45,9% sans indemnisation ou au RMI et non inscrits, donc plus suivis par Pôle Emploi.

Selon la DARES, ces chômeurs de longue durée, en passant de l'indemnisation chômage aux minima sociaux, ont perdu en moyenne 50% de leurs ressources, puisque l'indemnisation se calcule proportionnellement au salaire antérieur (62% en moyenne en 2008), tandis que l'ASS est un minimal à base forfaitaire (442 € en 2008, comme le RMI) et l'AER d'un montant proche du Smic (955 € en 2008). Or, ce n'est qu'une moyenne. Prenez un salarié qui gagnait 1.700 € nets au moment de son licenciement. Le montant mensuel de son ARE s'élève à 1.275 € soit, déjà, 25% de revenu en moins. Deux ans plus tard, une fois tombé à l'ASS ou au RSA (460 €/mois), la perte totale est de 75%.

L'indemnisation du chômage n'aggrave pas le chômage

Contrairement aux divagations néo-libérales produites par l'OCDE, longtemps persuadée que les allocations chômage créent du chômage, l'étude de la DARES nous prouve qu'il n'en est rien.

Depuis le développement du chômage à partir de la fin des années 70 et plus particulièremen t depuis 1982, sur fond de "crise" économique (qui s'éternise tant qu'elle n'en est plus une), le montant et la durée de l'indemnisation des chômeurs n'ont cessé de baisser dans tous les pays riches. En France, en 1979, la durée maximale d'indemnisation était de 36 mois pour un Smicard de moins de 50 ans ayant cotisé au moins 14 mois : elle est passée à 30 mois en 1984 et à 23 en 2001, avec un dispositif de sanctions accrues depuis août 2005 et octobre 2008.

Or, depuis un quart de siècle, le chômage n'a cessé d'augmenter : il s'est même gravement massifié. Ce qui prouve bien que la diminution régulière des allocations de chômage n'a eu aucune incidence sur son hypothétique baisse !

De plus, il y a un lien certain entre retour à l'emploi et indemnisation : mieux le chômeur est indemnisé, mieux il peut chercher du travail. Au delà de la situation de chacun (âge, diplôme, métier, parcours…), il serait intéressant que la DARES produise des données chiffrées comparatives sur les revenus de ceux qui retrouvent rapidement un emploi et ceux qui n'en retrouvent pas. Car, quand il faut décider entre "chercher du boulot et remplir le frigo", le choix est vite fait.

Enfin, note L'Expansion, l'étude de la DARES nous enseigne aussi que, contrairement au même discours néo-libéral opposant travail et "assistanat", plus du tiers des allocataires indemnisés par l'assurance chômage (35,1% au 30 septembre 2008) exerce une activité réduite ou occasionnelle, contre 21% des demandeurs d'emploi non indemnisés.

SH

L'étude de la DARES en pdf
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Mis à jour ( Mardi, 06 Décembre 2011 12:09 )  

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