Actuellement, le Smic horaire brut s'élève à 8,86 €. Cette revalorisation de 1,6%, selon le calcul publié mercredi par Les Echos, représente donc une royale augmentation de 14 centimes de l'heure, soit 1 euro brut par jour. De quoi mettre du beurre discount dans les épinards en promo des millions de salariés payés à ce tarif, qu'ils soient à temps complet ou non.
Combien sont-ils ? Selon le «Portrait social de la France» publié mardi par l'Insee, en 2008 — donc, tout au début de la crise —, un quart des 25 millions de salariés comptabilisés a perçu un revenu salarial annuel inférieur à 9.000 euros nets (moins de 0,73 Smic). Un deuxième quart, de 9.000 à 16.000 euros (entre 0,73 et 1,36 Smic, soit une moyenne de 1,1 Smic). Même s'il faut affiner ces résultats, on est bien loin du taux de Smicards officiel évalué à 14,5% par la DARES.
Pire : les 26 millions d'emplois comptabilisés par l'Insee en 2008 n'ont représenté que 19 millions d'emplois en équivalent temps plein, et seuls 50% des salariés ont travaillé à temps complet ! Il suffit d'être à la recherche d'un emploi pour constater que la majorité des postes proposés, même s'ils exigent des qualifications et de l'expérience, sont non seulement précaires mais s'alignent sur le salaire minimum.
Pendant ce temps, au premier semestre 2010, les grands groupes du CAC 40 ont réalisé 41,5 milliards d'euros de bénéfices, soit une hausse de 87% sur un an. Et, selon les prévisions établies par le cabinet d'audit et de conseil PricewaterhouseCoopers, ils devraient réaliser plus de 84 milliards d'euros de résultat net à la fin de l'année. Un chiffre en hausse de 90% par rapport à 2009 qui les ramène vers le niveau record historique atteint en 2007 avec 101,4 milliards d'euros de profits. De plus, une autre étude publiée le 21 octobre par Les Echos a révélé que ces saigneurs qui détruisent des emplois disposent d'un matelas de trésorie de quelque 146 milliards d'euros (+5% sur un an).
A côté de cela, le 26 octobre, Antonio Belloni, le directeur général délégué du groupe LVMH, a réalisé en toute légalité une plus-value de près 18 millions d'euros, soit 1.280 années de Smic en une seule journée. Avec un salaire annuel de 5,3 millions, cet Italien de 55 ans fut, en 2009, classé «dirigeant le mieux payé du CAC 40» par le magazine Challenges.
Enfin, il est indispensable de rappeler que l'Etat français, dont le gouvernement rechigne à donner tout "coup de pouce" au Smic sous prétexte qu'il «n'est pas un moyen efficace pour réduire la pauvreté et les inégalités» et qu'il vaut mieux «s'appuyer sur des mesures fiscales et des prestations sociales ciblées plutôt que sur un salaire minimum élevé et uniforme» — comprenez : c'est à la collectivité d'assurer de meilleurs revenus et non aux employeurs —, a offert l'année dernière 172 milliards d'euros (soit 9% du PIB) de cadeaux fiscaux aux entreprises, essentiellemment les plus grosses.
Plus que jamais, les salariés doivent comprendre qui paie la crise et qui en profite.
SH
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