Afin d'enrayer la désertification médicale constatée dans certaines zones de France, en milieu rural mais aussi dans des quartiers urbains, Nicolas Sarkozy a décidé d'engager une réforme de la médecine de proximité qui, selon lui, souffre d'une «crise identitaire» (vous avez le droit de ricaner).
«ll n'y a jamais eu autant de médecins en France, et jamais il n'y a eu autant de régions sous-représentées médicalement. On ne peut pas continuer comme ça !» a-t-il déclaré. Et de poursuivre : «Je suis persuadé que la coercition ne marche jamais, mais l'incitation peut marcher». Un argument relayé avec ferveur par son sbire Xavier Bertrand, ministre de la Santé mais aussi… du Travail et de Pôle Emploi, hier après-midi à l'Assemblée nationale, au nom de «la liberté de choix».
Il s'agit donc d’"inciter" les médecins libéraux à s'installer dans des zones sous-médicalisées. Pour ce faire on leur propose une carotte, à savoir le versement d'une rémunération fixe au titre de «mission de service public» (dont on ne connaît pas le montant mais qui sera, bien évidemment, prise en charge par la Sécu) venant s'ajouter au paiement de leurs actes. De quoi, effectivement, les "soigner".
La carotte pour les uns, le bâton pour les autres
Mais revenons à l'idée principale : celle qui consiste à admettre que «la coercition ne marche jamais». Certains diront que ce n'est pas toujours vrai, mais peu importe. Nicolas Sarkozy a lâché cette affirmation comme une vérité universelle : il n'a pas dit "la coercition ne marche pas" dans tel ou tel cas de figure, non; il a dit : «La coercition ne marche JAMAIS».
Or, nous l'avons compris, l'univers de notre président se limite aux plus aisés, au grand patronat et aux affairistes, qu'il s'emploie à enrichir davantage. A eux la bonne carotte juteuse et bourrée de vitamines. Aux autres, plus ou moins mal nourris, le bâton. Car ceux-là ne font pas partie des intérêts qu'il sert et se doivent, comme l'âne, de baisser la tête et avancer au pas, au nom du libéralisme économique et ses agences de notation.
Ainsi, la coercition est bonne pour les chômeurs qui doivent accepter tout et n'importe quoi sous peine de sanctions. Ici, pas d'incitation aimable ni de «liberté de choix» car du choix, il n'y en a pas. Même chose pour le salariat en général : zéro carotte, que de la ceinture à serrer et pour bâton, la menace du licenciement.
Mauvais calcul
Le problème, quand on n'œuvre que pour une minorité même puissante, c'est qu'au bout d'un moment, la majorité qu'on maltraite et qu'on appauvrit ouvertement finit par vous tourner le dos. Bien avant la crise, la cote de popularité de Nicolas Sarkozy était basse. Depuis la crise, elle caresse les pâquerettes. Jamais un président de la République n'a été autant détesté et faire un parallèle avec la haine que le peuple français voua à Marie-Antoinette n'est pas si exagéré.
Cajoler 210.000 médecins libéraux en méprisant 4 millions de demandeurs d'emploi "tenus d'accomplir des actes positifs et répétés de recherche", d'un point de vue électoral, est une bien mauvaise stratégie. Gare au retour de bâton...
SH
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