La situation financière du régime s'annonce moins dégradée que prévu. Chiffré initialement à 4,1 milliards, le déficit de l'Unedic ne devrait finalement atteindre que 3 milliards cette année, portant son cumul à 8,5 milliards d'euros au lieu des 10 envisagés.
Et l'année prochaine, sur une projection de croissance à 1,5%, il serait ramené à 1,8 milliard : le déficit cumulé, censé avoisiner les 14 milliards fin 2011, devrait donc se limiter à 11. Un véritable soulagement pour le bureau de l'Unedic et de quoi, peut-être, susciter la clémence des "partenaires sociaux" qui vont se réunir le mois prochain afin de tirer le bilan de la convention 2009-2010, valable jusqu'à fin mars, et la renouveler jusqu'en 2012.
Plus de recettes ?
Contrairement à l'avis de nombreux économistes, y compris ceux du CAS qui estime qu'il faudra 5 ans pour retrouver à peu près le niveau d'avant-crise, l'Unedic suppose que le nombre de demandeurs d'emploi devrait recommencer à baisser...
Or, l'Unedic ne raisonne qu'en terme de chômeurs indemnisés, pas en terme de chômage, et on sait que le régime couvre moins d'un privé d'emploi sur deux. C'est pour ça qu'en 2010, l'Unedic déclare n'avoir indemnisé que 87.000 allocataires de plus qu'en 2009 : mais, en parallèle, quelque 800.000 chômeurs en fin de droits sont sortis du régime — basculant éventuellement aux minima sociaux ou dans le "plan rebond" — alors que Pôle Emploi comptait 200.000 inscrits supplémentaires depuis janvier, toutes catégories confondues.
En 2011, l'Unedic prévoit 128.000 demandeurs d'emploi en moins... Tablant sur un hypothétique recul du chômage (à 9,3%) lié à une croissance hypothétiquement créatrice d'emplois (+74.000 postes… seulement), elle argue que la masse salariale devrait s'accroître (+2,4%), tirée par une augmentation du salaire moyen mensuel brut (alors que la plupart des embauches se font au Smic, qui ne bénéficie d'aucun coup de pouce depuis cinq ans !), donc générer à nouveau des recettes via les cotisations.
Pourtant, au lieu de recourir à nouveau à l'emprunt obligataire, il serait tellement plus simple de surtaxer l'emploi précaire (CDD, intérim) qui concerne la majorité des offres disponibles et coûte quatre fois plus à l'assurance chômage qu'il ne lui rapporte ! L'indemnisation après 4 mois d'activité au lieu de 6 a généré un surcoût de 1,2 milliard d'euros pour l'Unedic : une meilleure prise en charge de 280.000 précaires qui fut instituée sans la contrepartie des employeurs.
... Moins de dépenses
Et pas question d'avouer que ce sont surtout ses dépenses qui vont diminuer grâce aux victimes directes de la crise, ces chômeurs de longue durée (1,5 million sur les listes de Pôle Emploi) qui n'ont toujours pas retrouvé de travail et, aussi nombreux qu'en 2010, vont à leur tour arriver en fin de droits au cours de l'année prochaine... Autant de bouches en moins à nourrir. La solidarité-Etat (ASS) ou la CAF (RSA) s'en chargeront, si ce n'est pas les familles pour ceux qui n'ont droit à rien.
Loin de refléter la réalité — c'est-à-dire la misère noire dans laquelle se débattent ceux qui subissent la crise financière depuis deux ans —, les caisses et les statistiques seront épargnées tandis que l'honneur sera sauf.
SH
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