Le travail de nuit s'est développé à un bon rythme en France depuis une vingtaine d'années et concerne désormais 15,2% des salariés, soit 3,5 millions de personnes, dont près d'un tiers sont des femmes, selon une enquête publiée jeudi par le ministère du Travail.
Entre 1991 et 2009, période examinée par le service statistique du ministère (Dares), un million de salariés supplémentaires se sont mis à travailler entre minuit et 5 heures du matin. Environ la moitié d'entre eux travaille de nuit de façon occasionnelle (8%) et les autres de façon habituelle (7,2%).
Plus de femmes
L'enquête note une forte féminisation du travail de nuit depuis vingt ans, le nombre de femmes concernées ayant doublé entre 1991 et 2009 — de 500.000 à 1 million —, faisant passer leur proportion de 20% à 29%. «L’augmentation du nombre de femmes travaillant la nuit a vraisemblablement été facilitée par l’évolution de la réglementation, modifiée en 2001 : les femmes sont, à compter de cette date, autorisées à travailler la nuit dans l’industrie. La législation française s’est ainsi mise en conformité avec une directive européenne qui datait de 1976», écrit la Dares.
Selon l'enquête, les métiers les plus concernés sont ceux de conducteur de véhicule et des membres de l'armée et de la police, professions plutôt masculines, suivis des infirmiers et sage-femmes, professions en revanche plutôt féminines.
Plus de pénibilité
L'enquête relève également que les personnes qui travaillent de nuit ont des salaires plus élevés que leurs collègues travaillant le jour, mais que leurs conditions de travail sont nettement plus difficiles. Le gain salarial est d'environ 7,9% pour les salariés qui travaillent habituellement de nuit, mais la pénibilité physique ou psychologique — cumul d'horaires atypiques, agressions, tensions avec les collègues et pressions diverses — sont aussi plus grandes, souligne l'enquête. Les travailleurs de nuit sont significativement plus nombreux à penser qu’ils ne «tiendront» pas jusqu’à leur retraite.
Santé
Les conséquences à court ou long terme du travail de nuit sur la santé des salariés est difficilement mesurable, dit la Dares qui cite un rapport publié en 2000 par l'Eurofound où divers troubles ont été détectés : du sommeil et digestifs en premier lieu, mais aussi gynécologiques, cardio-vasculaires et psychologiques. En effet, limitant ces salariés dans leurs activités quotidiennes, le travail de nuit accroît la probabilité d'une dégradation du bien-être et de l’insertion sociale. Il existe «des études convergentes mettant en évidence l’augmentation des risques de certains cancers chez les personnes qui travaillent de nuit, mais ces études restent en nombre insuffisant», conclut-elle.
Benchmarking
A titre de comparaison, le ministère fournit des données sur le travail de nuit dans six pays voisins : la Belgique, le Danemark, l'Espagne, l'Italie et le Royaume-Uni. Il en ressort que, sur des périodes comparables, le travail de nuit a globalement diminué partout sauf en Espagne, et que le Royaume-Uni est le champion du travail de nuit devant la France, avec environ 20% de salariés occupant ce type d'emplois.
(Source : L'Expansion)
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