Le projet de décret, que Le Figaro s'est procuré, sera examiné le 28 février au Conseil supérieur de la fonction publique de l'État, ultime étape avant publication. Il permettra aux «ministres plénipotentiaires» et aux «conseillers des affaires étrangères hors classe» (quelques centaines de diplomates destinés aux fonctions d'ambassadeur, de consul important ou de directeur au Quai d'Orsay) de bénéficier d'un «dispositif de fin d'activité» pendant six mois à trois ans.
Les volontaires toucheront une «indemnité exceptionnelle de départ», puis conserveront «une rémunération égale au montant du traitement indiciaire (…) majoré de l'indemnité de résidence à Paris». En clair, tout leur salaire hors primes. La somme sera partiellement cumulable avec un revenu d'activité, dans le privé mais aussi dans une entreprise publique, voire une administration.
Le dispositif sera ouvert au maximum à 30 diplomates, qui auront jusque fin 2013 pour se porter candidats. Il s'agit, dit le ministère dans un rapport annexe, de «remédier aux sureffectifs (…) liés notamment à une pyramide des âges défavorable». Le même but avait engendré le même dispositif, ouvert à 20 diplomates en 2008-2009.
Payés à ne rien faire
Dans une réunion préparatoire au Conseil supérieur, «le représentant du ministère nous a expliqué qu'il fallait répondre au cas d'une centaine de diplomates, explique un syndicaliste. Environ 60 sont chargés de mission au Quai d'Orsay, sans que l'on connaisse très bien la nature de leur mission; les autres en attente d'affectation». Autrement dit, payés à ne rien faire — souvent contre leur gré. «Les ambassadeurs sont nommés en Conseil des ministres, ce sont des postes très politiques, décrypte un bon connaisseur de l'administration. Une bonne part de ces diplomates sont “sous-utilisés” à Paris car étiquetés de gauche.»
Reconversion
Aujourd'hui ministre des Affaires européennes, Laurent Wauquiez assure ne pas avoir oublié ses propos récurrents sur la nécessaire «révolution culturelle» en matière d'emploi des seniors, lorsqu'il était secrétaire d'État à l'Emploi.
«L'objectif est que 100% des bénéficiaires se reconvertissent, sûrement pas qu'ils cessent toute activité, assure-t-il. Dans le passé, certains sont devenus consultants, galeristes…» Il justifie aussi le dispositif par «la réduction du nombre de postes d'ambassadeurs», parallèle à «l'ouverture - nécessaire - de ces postes à des non-diplomates». Exemples récents : Serge Lepeltier, ancien ministre de l'Environnement, nommé la semaine dernière ambassadeur «climat» en remplacement de Brice Lalonde, ou Jean-Christophe Rufin, médecin, écrivain, ambassadeur au Sénégal de 2007 à 2010.
(Source : Le Figaro)
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