En situation de chômage, dans un contexte économique morose comme celui que nous connaissons actuellement, un demandeur d'emploi peut être tenté de sauter sur le premier job venu. Se remettre dans le circuit, gagner de quoi payer ses factures, ça ne peut être que bénéfique, se dit-on. Sauf que la réalité est bien plus complexe que cela...
Après avoir suivi plus de 7.000 Australiens sur une période de 7 ans, des chercheurs de l'Australian National University estiment que le retour à l'emploi ne va pas forcément de pair avec bien-être personnel ou confort psychologique. Ce qui nous ramène au concept de l'aliénation du travail développé par de nombreux philosophes et sociologues, de Hegel à Marx en passant par Durkheim ou Gorz.
"Passer du chômage à un travail de faible qualité n'apporte aucun bénéfice mental, et s'avère au contraire plus mauvais pour la santé mentale que l'inactivité", déclare l'auteur principal de l'étude, Peter Butterworth, du Centre de Recherche sur la Santé Mentale de l'Université nationale d'Australie, à Canberra. La santé mentale des personnes sans emploi peut donc être aussi bonne, voire meilleure, que celle des personnes qui occupent un emploi de piètre qualité. Mais ce qui améliore grandement la santé mentale de l'individu, c'est passer du chômage à un emploi de qualité.
Selon l'étude, un travail doit être complexe, exigeant, sécure, bien payé et disposé d'un certain degré d'autonomie pour être épanouissant. A l'inverse, un salarié qui craint pour son poste, est sous-payé et ne peut vivre de son emploi, ou qui doit rendre trop de comptes à son manager, va subir un déclin de sa santé mentale, avec notamment l'augmentation des symptômes de la dépression et de l'anxiété. "Cela va à contre-courant de la croyance universelle qui veut que n'importe quel job offre des bénéfices psychologiques aux individus en comparaison aux effets démoralisant du chômage", note Butterworth. En clair : pour rester en bonne santé psychologique, mieux vaut rester au chômage que d'accepter un emploi précaire, déclassé, stressant et/ou peu rémunéré.
Dans le détail, les chercheurs ont également pu remarquer que l'environnement de travail avait encore plus d'impact que les attributions du poste lui-même. Les managers jouent un rôle crucial dans le bien-être de l'employé : "Les mauvais supérieurs rendent n'importe qui mécontent. Le stress vient des mauvais managers", affirme Robert Hogan, expert sur la personnalité au sein du lieu de travail. Cette étude a pour but d'inviter à une réflexion globale sur les conditions de travail et le bien être des salariés : "De la même façon que nous n'acceptons plus des lieux de travail qui sont dangereux physiquement, ou où les employés sont exposés à des substances dangereuses ou toxiques, il faudrait se concentrer à assurer un environnement psychologique positif au travail", suggère Peter Butterworth.
(Source : Fluctuat.net)
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