40% des créations d'entreprises en France sont réalisées par des personnes qui sont au chômage. Partant de ce constat, Pôle Emploi et l'ADIE (Association pour le droit à l'initiative économique) ont décidé de travailler en partenariat depuis une dizaine d'années. Cette fois, leur partenariat va encore plus loin avec la présence de conseillers ADIE, du 14 au 18 mars, dans plus de 100 agences Pôle Emploi à travers toute la France à l'occasion d'une campagne que mène l'ADIE pour mieux faire connaître son offre aux porteurs de projet. Objectif de l'opération : leur proposer de déposer une demande de "microcrédit personnel pour l'emploi".
Les deux structures travaillent ensemble depuis dix ans sur trois opérations : la mise en place d'un microcrédit professionnel pour la création d'entreprise, le soutien des jeunes dans leur projet de création via le programme Créajeunes, qui doit être renouvelé pour les années 2011-2012, et, enfin, le microcrédit personnel pour l'emploi. L'ADIE expérimente depuis deux ans cette nouvelle formule qui s'adresse à tous ceux qui n'ont pas accès aux crédits bancaires et non plus seulement, comme dans le cas du microcrédit professionnel, aux créateurs d'entreprises. Il leur permet de financer un permis de conduire, une formation, un déménagement ou encore l'acquisition ou la réparation d'un véhicule, pour retrouver une activité ou se maintenir dans un emploi salarié. Un prêt qui peut aller jusqu'à 3.000 € et qui s'élève à 1.900 € en moyenne.
En 2010, 160 demandeurs d'emploi ont ainsi pu bénéficier d'un microcrédit personnel octroyé par l'ADIE. "Il y a deux ans, j'étais au chômage. J'ai trouvé un emploi de chauffeur-livreur, mais je n'avais plus mon permis de conduire. Le prêt m'a permis de financer mon permis", a témoigné Mohamed, 32 ans, à l'occasion de la présentation du dispositif le 14 mars à l'agence Pôle Emploi de Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Ce type de crédit s'est fortement développé ces derniers temps : +56% en 2009 à 5.520 sur un total de 28.863 microcrédits recensés en France, d'après les chiffres de l'Observatoire de la microfinance (Banque de France). Il donne de bons résultats : la moitié des bénéficiaires ont obtenu un emploi à la suite du microcrédit, d'après une étude réalisée par le cabinet GMC conseil.
Les résultats du microcrédit professionnel, pour lequel l'ADIE a plus de recul, sont aussi encourageants. En 2010, plus de 670 demandeurs d'emploi, tous exclus du prêt bancaire, ont bénéficié de microcrédits professionnels après avoir été orientés par Pôle Emploi vers l'ADIE. Au bout de deux ans, 68% des entreprises sont toujours en activité, et 80% des demandeurs sortent des minima sociaux dans les trois ans… Le directeur général de Pôle Emploi compte sur ce dispositif pour aider les conseillers de l'agence à accompagner les demandeurs d'emploi dans leurs projets. "Pour leur permettre de passer le cap, il faut qu'ils soient accompagnés. A Pôle Emploi, on ne peut pas tout faire, on a besoin de travailler en partenariat, en l'occurrence avec l'ADIE", a ainsi précisé Christian Charpy à l'occasion de la présentation de l'opération en présence de sa présidente, Maria Nowak.
Et l'opération ne sera pas seulement ponctuelle. A Montreuil-sous-Bois, la directrice de l'agence a ainsi prévu d'organiser chaque semaine une permanence de l'ADIE. "C'est un partenariat naissant mais très prometteur", a ainsi assuré Jocelyne Pariset. Pour l'ADIE, c'est l'occasion de toucher une population en demande de microcrédit personnel. "Pour nous, ce partenariat est extrêmement important, a-t-elle signalé, vous êtes notre principal prescripteur."
(Source : Localtis/La fusion pour les nuls)
NDLR : Pour aller plus loin sur le microcrédit, vous pouvez (ré)écouter l'édifiante émission que Daniel Mermet lui a consacré il y a près d'un an. On y apprend qu'à l'ADIE, le coût du crédit s'élève à 15% : on n'est donc pas très loin des taux appliqués chez Cetelem ou Sofinco. Et si 95% des crédits accordés sont remboursés, pour les 5% où ça se passe mal, ça se passe vraiment très mal avec l'ADIE.
Quant à Maria Nowak, elle estime que notre système de protection sociale est condamné. Elle prône "un monde d'entrepreneurs" comme Sarkozy prône "une France de propriétaires", véhiculant une idéologie néolibérale où prime la responsabilité individuelle, culpabilisation du pauvre et du chômeur à la clé, en éludant toute solidarité et responsabilité collectives.
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