L'EID, c'est l'ultime étape de la fusion, la cerise sur le gâteau imposée par la Direction de Pôle Emploi à ses agents afin de rentabiliser leur tâche. Et un énième recul de la qualité du service pour les usagers. Nous en avions parlé ici.
En clair, l'Entretien d'Inscription et de Diagnostic, qui sera généralisé d'ici fin juin, doit se substituer aux deux entretiens jusque là pratiqués et qui faisaient suite à la préinscription, en ligne ou par téléphone, du chômeur : d'abord l'inscription du demandeur d'emploi (ou IDE) reçu par un agent de l'indemnisation; puis, dans un second temps, l'élaboration du Projet Personnalisé d'Accès à l’Emploi (ou PPAE) avec un agent du placement.
L'EID, c'est l'entretien "deux en un" — nettement plus économique — qui sera réalisé par un agent unique et ne devra pas excéder 50 minutes. Suite à une formation expéditive (alors qu'il faut des années pour maîtriser les arcanes de l'indemnisation), les conseillers issus du placement devront obligatoirement s'y plier. Et certains commencent à se révolter.
A Toulouse, Isabelle refuse de pratiquer l'EID
Le mois dernier, cette conseillère a courageusement bravé sa direction en boycottant sa formation. Pour justifier cet acte de désobéissance, elle a adressé une lettre à son directeur régional et à Christian Charpy => LIRE ICI.
Suite à ce refus, elle a été convoquée à un entretien disciplinaire qui a eu lieu le vendredi 29 avril à la Direction régionale Midi-Pyrénées. Elle a eu quinze jours pour transmettre ses observations par écrit, ce qu'elle vient de faire. Sereine, elle attend la suite et continue d'aller travailler à son agence.
Sa démarche a été rapidement soutenue par les syndicats Sud, SNU et CGT de Pôle Emploi, qui ont lancé une pétition de soutien «à Isabelle et autres résistant-e-s à l'EID». Car il y a eu un précédent : début avril, en Picardie, deux conseillères ont également refusé de suivre cette formation. En représailles, leur Direction régionale leur a infligé un blâme et un retrait de 2 jours de salaire alors qu'elles se sont rendues sur leur site pour y travailler normalement.
A la Ferté sous Jouarre, une agence en grève contre l'EID
C'était mardi 10 mai. Les agents ont laissé porte close, non seulement pour défendre leurs conditions de travail qui ne cessent de se dégrader, mais aussi pour le droit des usagers d'avoir un service de qualité qui corresponde à leurs attentes et d'obtenir des réponses à leurs questions.
Le 14 avril, la CGT avait déjà appelé à la grève contre l'EID. Malheureusement seule au front, son appel a été peu suivi. Aujourd'hui, les syndicats surveillent la mise en place de l'EID agence par agence. Il serait souhaitable qu'ils se fédèrent pour une action d'ampleur, profitant d'un climat où le stress, l'épuisement (+13% d'arrêts maladie en 2010) et l'exaspération montent.
SH
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