Jean-Claude, entré à l’Assedic en 2005
Nous avons un souci sur la veille réglementaire et les procédures de traitement. Tout est éparpillé entre l’échelon local, régional et national. Dans mon travail, je dois souvent annoncer aux demandeurs d’emploi qu’ils ont été mal renseignés et que ce qu’on leur a dit au téléphone via le 3949 était faux. Comme nous devons apprendre deux métiers, le placement et l’indemnisation, nous sommes de moins en moins de spécialistes. Du coup, de plus en plus d’agents se trouvent en difficulté, se mettent en arrêt-maladie. Il y a un problème de reconnaissance de notre travail. De plus, nous recevons des ordres contradictoires : un jour une note nous impose de travailler de telle manière, puis un e-mail nous indique de ne plus tenir compte de la note… C’est sans cesse !
Mélanie, conseillère
Sur mon site, on est passé de quarante à quinze. Les portefeuilles des conseillers dépassent les 300. Nous manquons de temps, on ne peut même pas répondre aux mails que les demandeurs d’emploi nous envoient. La seule solution pour pallier le manque de temps, c’est l’externalisation, mais même chez les prestataires on manque de place. Tous n’ont pas le même besoin de suivi en fonction de leur autonomie. Je n’ai même plus le temps d’aider à faire des CV. Le suivi mensuel personnalisé (SMP) se fait en groupes et la saisie informatique fait office d’entretien. Dans l’idéal, j’aimerais pouvoir aller travailler ailleurs, mais je suis bien placée pour savoir que le marché n’est pas porteur.
Marie-Anne, affectée au placement des cadres
J’ai tellement de choses à faire que je ne peux pas me permettre d’être absente. Je travaille pendant mes jours de repos et mes congés, j’actualise les offres pour que mes collègues et les demandeurs d’emploi puissent y avoir accès même quand je ne suis pas là. Je lis mes mails le week-end pour rattraper le retard. Certains travaillent une heure supplémentaire non payée chaque soir. La hiérarchie leur dit qu’ils ne savent pas gérer leur temps. J’aime mon boulot et j’aimerais pouvoir faire du travail de qualité, mais l’organisation ne le permet pas. J’ai entendu un collègue dire : "Je suis un numéro, je reçois des numéros et je prescris des numéros". Depuis la fusion, mon métier a beaucoup changé. Je me sens isolée, à l’écart, il y a un manque de coordination entre les équipes. Je ne sais pas où on va, j’essaie de maintenir une forme d’optimisme, mais je le vis très mal.
Myriam, conseillère
On veut traiter tout le monde de la même manière, alors que les chômeurs sont très différents. On traite des dossiers, on ne traite pas des individus. On dit "suivi mensuel personnalisé" et on réalise parfois ce suivi dans le cadre de rencontres collectives. Personnalisé et collectif, c’est un peu en contradiction. Là encore on est dans une démarche administrative qui alimente la machine à sortir des indicateurs.
Elisa, conseillère
On a l’impression d’être devenu une gare de triage. On ne peut plus accompagner les chômeurs. Nous n’avons pas les moyens et nous n’en avons plus les possibilités. Nous devons les orienter vers des prestataires obligatoirement. Avant, en face d’une situation, je pouvais accompagner, aider la personne à faire son CV ou à le préciser, à le suivre. Il pouvait me recontacter. Aujourd’hui ce n’est plus possible…
Lucie, entrée à l’Assedic il y a plus de quinze ans
J’étais conseillère d’indemnisation. Après la fusion, j’ai changé de site et je suis devenue responsable d’équipe. J’ai eu l’impression de changer d’entreprise ! J’ai commencé à me sentir très mal car ce nouveau poste ne correspond pas à mes attentes. Il est très compliqué d’apprendre deux métiers différents. Beaucoup de responsables d’équipe souffrent à cause de ça. Nous sommes en sous-effectif et dans une journée je n’ai même pas le temps d’aller aux toilettes. Alors mes e-mails, je les lis et j’y réponds le soir, depuis mon domicile. Je n’en peux plus. Tous les responsables d’équipe en sont là. (...) Le suivi mensuel n’est pas simple pour les personnes qui avaient l’habitude de faire de l’indemnisation. Certains collègues en sont malades. Un jour en venant au travail, l’une d’eux a fait demi-tour et est rentrée chez elle car elle ne se sentait plus capable de faire le SMP. Même ceux qui ont envie de changer de métier ne sont pas assez formés. Les cultures ANPE et Assedic sont très différentes. Certains ont beaucoup de mal à travailler ensemble. J’ai déjà vu des gens s’insulter en réunion.Tout ça crée un ras-le-bol, je me demande ce que je fais là-dedans…
(Source : Big Browser)
«Pôle Emploi, malaise des deux côtes du guichet», témoignages de chômeurs et d'agents du SPE : un document de la CFDT à télécharger ici en pdf.
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