En Espagne, plus de 21% de la population active est sans emploi et 45% des moins de 25 ans n'a pas de travail. Une situation inacceptable. Les citoyens espagnols refusent de payer la crise du système bancaire qui frappe très durement leur pays et revendiquent l'instauration d’«une véritable démocratie, maintenant».
Des manifestations et des campements ont ainsi eu lieu dans des grandes villes comme Barcelone, Valence, Bilbao, Vigo, Grenade, mais aussi à Saint-Jacques de Compostelle et aux Baléares. A Madrid, la Puerta del Sol a pris des airs de Place Tahrir, au Caire. Est-ce bien là le début d'une révolution citoyenne en Espagne ?
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A Madrid, les «Indignés» campent à la Puerta del Sol
A quelques jours des élections municipales du dimanche 22 mai, la protestation des chômeurs et «des citoyens victimes de la crise économique» fait irruption dans la campagne. Une manifestation convoquée le 15 mai dernier par plateforme citoyenne Democracia Real Ya sous le mot d’ordre «Nous ne sommes pas des marchandises aux mains des politiques et des banquiers», a débouché sur l’installation d’un campement improvisé au milieu de La Puerta del Sol, la place emblématique du cœur de Madrid.
Ils se sont baptisés «Los Indignados», «les Indignés». Comme ça, un peu au hasard, et «parce que c’est ce qui nous rassemble», explique Noelia, une des porte-parole du mouvement. Ils sont jeunes et moins jeunes, chômeurs ou étudiants, qu’importe, mais indignés. Depuis trois jours, campeurs, badauds et sympathisants débattent et échangent leurs expériences, sans qu’on sache très bien sur quoi cela va déboucher, avoue Fabio Gandero, avocat au chômage et coordinateur de Democracia Real Ya.
«Il s’agit d’un mouvement spontané, hors de toute initiative politique ou syndicale, ce qui est tout à fait inhabituel en Espagne, souligne-t-il. Mais s’il trouve autant de résonance, c’est parce que le pays est sur un volcan. Il compte cinq millions de chômeurs et les deux grands partis du pays, le Parti socialiste comme le Parti populaire, nous proposent deux versions d’un même projet : continuer d’avaler des potions de réformes néolibérales sous la pression des marchés.» Ces manifestants, qui se sont rassemblés dans des dizaines d'autres villes d'Espagne, appellent la population à ne pas voter pour le PSOE au pouvoir, pas plus que pour le PP de droite (les deux étant rebaptisés "PPSOE"), lors du scrutin qui aura lieu dimanche dans 8.116 communes et 13 régions.
A la Puerta del Sol défile une foule disparate d’étudiants, de retraités et de mères de famille étranglées par les crédits. Ils viennent raconter, témoigner et manifester leur solidarité. «C’est comme si quelqu’un tout d’un coup nous donnait voix, raconte Pilar, qui est venue du quartier populaire de Vallecas. On tient, on s’appuie, on s’entraide, mais il y a un moment où on est à bout. Je suis au chômage depuis deux ans, je m’inscris à tous les cours de formation, mais j’ai deux handicaps : j’ai 46 ans et je suis une femme...»
Les interventions policières n’ont, pour l’instant, pas eu raison de la ténacité des campeurs, décidés à prolonger le mouvement jusqu’au jour des élections municipales, le 22 mai prochain. Du côté des partis politiques en pleine campagne, on observe le mouvement avec une distance prudente. En essayant de calculer qui, de la droite ou de la gauche, risque de pâtir ou de bénéficier de cette flambée de passion politique que personne n’attendait.
(Source : La Tribune de Genève)
L'Espagne et le Portugal vont-ils faire imploser l'Europe ?
Las du chômage et de la crise économique, les Espagnols et les Portugais ont le moral à plat, et le clament haut et fort. Une attitude qui déplaît fortement à certains pays partenaires de l’Union européenne…
Ainsi, des milliers d'Espagnols sont descendus mardi soir dans les rues des grandes villes et, à quelques jours d’élections locales, se sont invités dans la campagne pour faire entendre leur voix. Jeunes, chômeurs, fonctionnaires... Depuis dimanche, ils sont plus d'un millier à camper sur la Puerta del Sol, au coeur de Madrid, répondant à des appels lancés sur des réseaux sociaux afin de réclamer des réformes politiques et sociales.
«Nous sommes las du chômage, de la corruption des politiques. C'est toujours pareil. Je suis sans travail et je ne vois pas comment je vais en avoir un bientôt, confiait Jordi Perez, un chômeur de 25 ans. Il faut qu'ils sachent comment nous nous sentons, ce sont toujours les mêmes qui gagnent.» Par dizaines, par centaines ou par milliers, ils se rassemblent dans toutes les grandes villes — Barcelone, Valence, Saragosse, Bilbao, Séville ou Grenade — dans l'intention de poursuivre leur mouvement jusqu'aux élections municipales de dimanche.
«J'espère que les gens vont sortir de leur léthargie», expliquait à Madrid Teresa, une infirmière d'une cinquantaine d'années. À côté d'elle, une amie fonctionnaire, Maria-José, dont le salaire a été réduit de 5% comme celui de tous ses homologues en Espagne. «Le fait qu'ils aient baissé les salaires n’est pas vraiment important, disait-elle. Ce qui me préoccupe franchement, c'est l'avenir de nos enfants et de nos jeunes.»
Au Portugal, le taux de chômage a bondi à 12,4% au premier trimestre, période pendant laquelle le pays a renoué avec la récession économique. Un an auparavant, le taux avait été de 10,6%, selon l'Institut national des études statistiques (INE). Du coup, le taux de chômage au Portugal est à son plus haut niveau depuis le début des années 1980. Quant au produit intérieur brut (PIB), il a diminué de 0,7% au premier trimestre de 2011. C’est pourquoi le gouvernement portugais a dû se résoudre en avril à faire appel à l'aide internationale et à lancer de nouvelles mesures d'austérité. Ce plan de sauvetage de 78 milliards d'euros devrait impliquer une contraction de son PIB de 2% en 2011 et 2012.
Résultat du désenchantement qui règne en ce moment dans la péninsule ibérique ? Différentes instances européennes commencent à craindre le pire, à savoir de se faire entraîner vers le fond par l’Espagne et le Portugal.
Un exemple frappant : la chancelière allemande Angela Merkel, qui a brocardé aujourd’hui en termes peu amènes «les Européens du Sud peu travailleurs»... «Il faudrait que dans des pays comme la Grèce, l'Espagne, le Portugal on ne parte pas à la retraite plus tôt qu'en Allemagne, que tous fassent un peu les mêmes efforts, c'est important», a-t-elle dit mardi soir lors d'une réunion de son parti dans une petite ville de l'Ouest de l’Allemagne. «Nous ne pouvons pas avoir une monnaie commune et accepter le fait que certains aient beaucoup de vacances et d'autres très peu», a-t-elle ajouté.
D’après Frank Engels, économiste chez Barclays Capital, la réticence à soutenir les pays partenaires aux finances publiques fragiles a bel et bien gagné tous les partis allemands. «C'est aussi un phénomène de génération. Les jeunes politiciens ne sont plus aussi européens que les générations passées», a-t-il dit. Les générations d'après-guerre étaient conscientes de devoir beaucoup à la construction européenne. Mais voilà, le cinquième des députés qui siègent aujourd'hui au Bundestag sont nés après 1970. Pour eux, l'Europe n'est plus vue comme un salut, mais parfois, pour une Allemagne économiquement forte et sûre d'elle, comme un boulet à traîner.
(Source : Les Affaires.com)
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