En cette rentrée, l’actualité empeste l’atmosphère plus sûrement qu’une porcherie bretonne par temps de canicule.
À mesure qu’on se rapproche des élections, la fosse à rumeurs exhale ses miasmes. Le tas de fumier des procédures judiciaires qui fermentent depuis des décennies, comme l’affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris, répand la puanteur d’un déni de Justice qui a perduré de longues années, sous couvert d’immunité présidentielle du principal intéressé.
Cette accumulation n’est pas le seul fait de la Droite qui nous gouverne depuis des lustres. L’affaire Strauss-Kahn et la guéguerre que se livrent dans les sous-bois les leaders écologistes ne sentent pas plus la rose.
Depuis des mois, on assiste au grand déballage de pochettes surprises nauséabondes, plus nombreuses qu’un lendemain de Soldes. Tout y passe.
L’Affaire Bettencourt n’en finit pas d’éclabousser tout ce qu’elle touche et tous ceux qui ont touché les enveloppes semées par la Lady Gaga de l’Oréal. Avec la précision d’un métronome, les relents de ces dîners entre amis, à Neuilly-sur-Seine, nous chatouillent les narines. En guise de digestif, pour faciliter le transit des convives déjà repus, on y distribuait des liasses bien épaisses qui ont fini sur des comptes de campagne et, certainement aussi, en Suisse ou sous d’autres latitudes hospitalières et méconnues du fisc.
Tout ce fatras pue la République des copains et des coquins, de Droite comme de Gauche, qui nous gouvernent depuis trop longtemps. Ils composent une classe dirigeante d’hommes et de femmes issus du même sérail, du même clan, des mêmes promotions de Sciences-Po, de l’ENA ou des facs de Droit.
Et le serpent de mer des rumeurs et règlements de comptes entre vrais faux amis de promotion va faire des vagues jusqu’aux élections 2012. Le pire, c’est que quel que soit le sujet, nous ne connaîtrons jamais le fin mot de l’histoire, comme pour l’affaire Strauss-Kahn.
L’ex-grand argentier d’un système en ruines a-t-il abusé de Nafissatou Diallo, la femme de chambre du Sofitel ? Lui a-t-il infligé des violences ou celle-ci a-t-elle accepté de supposés mauvais traitements dans l’espoir d’en toucher plus tard les dividendes devant les tribunaux ?
Les mentors du PS, Michel Rocard et Martine Aubry en tête, ne savent plus à quel sein (et non à quel saint) se vouer, alors que DSK est de retour au pays, au bras de sa sémillante épouse Anne «Sainte Claire» (et non Sinclair) qui, elle, a tout avalé… y compris les tromperies de son mari volage.
Ce (mauvais) feuilleton estival a au moins un mérite : Avoir révélé au grand jour l’extravagant fossé entre celui que certains voyaient déjà trôner à l’Élysée, et celles et ceux qui s’apprêtaient à voter pour un homme qui ne leur ressemble pas. Placée sous les projecteurs, la fortune colossale du couple DSK/Sinclair nous rappelle que, non décidément, nous ne vivons pas sur la même planète. Nous ne partageons pas les mêmes valeurs : celle de l’argent roi, de l’opulence, d’une caution judiciaire de plusieurs millions versée dans les 24 heures, d’un appartement Place des Vosges, d’un Riad à Marrakech, d’une suite à 2.000 dollars la nuit, transformée pour une heure en sordide hôtel de passes.
Et que pensent les Français de ces micmacs, de ces déballages indécents et de tous ces commentaires, ces petites phrases maladroites, mesquines, voire franchement odieuses, comme celle qui a dernièrement visé l’écologiste Jean-Vincent Placé, affublé d’un méprisant «coréen national» par l’UMP Alain Marleix, en raison de ses origines asiatiques ?
Les Français semblent s’en contrefoutre. Cette lassitude est bien préoccupante !
Il ne se passe pas un jour sans que la fosse à purin de la République déborde d’ignominies, de bassesses, de propositions démagos dont se délectent les médias, cette nuée de mouches qui se ruent sur tous les étrons posés par les insignifiants d’une caste qui se dit supérieure. Complices du jeu de dupes dans lequel on nous incarcère, ces médias ne sont bons qu’à colporter les bassesses, les amplifier pour leur donner une portée qui ne mérite pourtant rien d’autre qu’un salutaire coup de chasse d’eau.
Le temps n’est plus à l’analyse, au décryptage, au recul, à la juste mesure. Tout va trop vite, toujours dans le mauvais sens. Les dérapages incontrôlés se multiplient, s’entrechoquent, pour cannibaliser le peu d’esprit critique que nous accorde encore le lavage de cerveaux qu’on nous inflige… Pire, qu’on accepte sans broncher.
La France est une décharge publique qu’on nous présente sous ses facettes les plus rebutantes, les plus abjectes. Tout ce qui est beau, sain, constructif, porteur d’espérance, de mobilisation et de dynamique collectives est inlassablement enseveli sous un tas d’immondices, par une caste dirigeante qui y camoufle ses coupables manquements à œuvrer dans l’intérêt général.
Il est encore temps de s’indigner, de résister à l’assommoir médiatique, à l’intoxication politique, à toute cette merde qui, peu à peu, nous engloutit.
Indignons-nous pour de bon ! Faute de quoi, nous serons complices de cette déliquescence des valeurs auxquelles nous croyons encore : Liberté, Égalité, Fraternité !
Que vive la Révolution !
Yves Barraud
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