
Axel de Tarlé est également chroniqueur économique à Europe 1, Paris Match et au Journal du Dimanche où, pour mériter son salaire, il a pondu ce week-end un billet sur l'indemnisation du chômage en France, en réaction à une étude comparative de l'Unedic publiée jeudi 18 octobre et intitulée “L'assurance chômage en Europe : dernières évolutions”.
Il nous rejoue le couplet de l'allocation maximum
Bille en tête, Axel de Tarlé se focalise sur le plafond maximal de l'indemnisation : «6.160 € par mois sans aucune dégressivité. Alors que le chômage est plafonné à 2.215 euros en Allemagne, 1.422 euros en Belgique, 1.119 euros en Italie…» Sauf qu'il oublie de préciser que ce montant n'est accordé qu'à une poignée d'individus (0,2% des allocataires, soit quelque 5.000 cadres supérieurs et hauts dirigeants) qui, pour l'obtenir, ont cotisé à hauteur et que ce public spécifique, du fait de son niveau professionnel et du réseau dont il dispose, retrouve un emploi plus vite que les autres.
Ce n'est pas la première fois que cette largesse suscite la polémique et que ce montant spectaculaire, récemment pointé par l'UMP Bruno Le Maire, sert d'épouvantail pour signifier que les chômeurs coûtent trop cher.
Pourtant, dans un récent article sur l'indemnisation du chômage en Europe, Le Figaro rappelait que depuis les années 90, quasiment tous les gouvernements ont durci à un moment ou à un autre leur système. Résultat : 1) Ces mesures ont accentué la précarité et la pauvreté sans faire reculer le chômage; 2) Aucune corrélation entre durée/niveau d'indemnisation et taux de chômage n'a pu être vérifiée, les pays les plus «généreux» pouvant aussi bien afficher un taux de chômage honorable… que catastrophique; 3) De même, aucune corrélation entre chômage et coût du travail n'a pu être vérifiée, des pays au coût du travail très élevé pouvant afficher un taux de chômage faible tandis que des pays au coût du travail très faible battent de tristes records... Mais de cela, Axel de Tarlé se moque.
Il nous refait le coup des chômeurs profiteurs et «assistés»
Est-ce intentionnellement qu'Axel de Tarlé laisse supposer qu'il y aurait en France une bonne partie des chômeurs qui toucheraient 6.000 € par mois sans rien foutre ? La réalité est pourtant toute autre.
D'emblée, il tait le fait que plus d'un chômeur sur deux n'est pas couvert par le régime et qu'avec la persistance de la crise, le nombre de ceux ayant épuisé leurs droits a explosé. Il ne dit pas non plus qu'en moyenne, sur les 2,8 millions de chômeurs encore indemnisés par l'Unedic (un chiffre stable malgré la crise), le montant moyen de l'allocation s'élève à 1.007 euros/mois et que 35% des chômeurs vivent sous le seuil de pauvreté. Il ne dit pas non plus que la majorité des chômeurs est loin de bénéficier de la durée maximum d'indemnisation : 63% des allocataires sont des intermittents du chômage; inscrits suite à une fin de mission d'intérim ou de CDD, ils n'ont pu cotiser assez longtemps pour cela et s'ils sont indemnisés plus vite, ils ressortent rapidement du régime.
Il nous refait le coup du chômage «volontaire»
Certes, dit-il, «plus on s’éloigne de l’emploi, plus il est difficile d’y revenir». Mais comment ose-t-il nous faire croire que 2 millions de chômeurs de longue durée s'en seraient VOLONTAIREMENT éloignés ? C'est le monde à l'envers : à ses yeux, le chômage n'est pas volontaire (alors qu'il est voulu et organisé) mais le chômeur l'est ! Eludant les vagues de licenciements massifs qui se succèdent, il prêche qu'il y a toujours de l'emploi en France. Balayant le fait que le travail ne paie plus et que la majorité des offres d'emploi disponibles sur le marché sont des jobs à temps partiel rémunérés au Smic, il sous-entend que s'il y a autant de chômeurs, c'est parce que notre système, beaucoup trop généreux, n'incite pas à retravailler. A ses yeux, ce n'est pas le chômage qui est un poison, mais son indemnisation !
Heureusement que d'autres journalistes mainstream sont capables, eux, de nous expliquer que sur ce point, la France n'est pas la plus généreuse d'Europe.
Il nous refait le «coût du travail»
Poursuivons. «Il y a trop de charges en France. C’est ce qui explique en partie la fermeture de nos usines», affirme-t-il, usant de la novlangue qui confond volontairement les charges patronales (impôt, investissement et dividendes aux actionnaires) et les cotisations sociales (salaire différé qui assure la protection sociale), dans l'idée que le «coût du travail» serait trop élevé et qu'il faut absolument le réduire pour améliorer notre «compétitivité».
Pour s'aligner sur les Chinois, après avoir baissé les salaires, il faudrait donc baisser les cotisations sociales et laisser dans la merde ceux qui se retrouvent au chômage, tombent malades ou sont devenus trop vieux pour travailler : tel est son beau projet de société. Et tant pis si plus personne n'a, au final, les moyens d'acheter nos produits !
Il nous ressort le bon vieux «modèle allemand»
Pour Axel de Tarlé, c'est un fait avéré : les chômeurs deviennent des assistés qui veulent «profiter de leur chômage» et rechignent à «reprendre immédiatement un job, moins bien payé» (alors que c'est faux !). Et il ose encenser «la recette Schröder» qui, en Allemagne, a réduit les indemnités de moitié et créé les jobs à 1 euro. D'où, selon lui, «10,6% de chômeurs en France contre 5,5% en Allemagne», c'est ma-thé-ma-tique !
Sauf que la population active de l'Allemagne ne cesse de diminuer, ce qui influe favorablement sur son taux de chômage. Sauf que, depuis les lois Hartz promues par Schöder et sa course à la déflation salariale, l'Allemagne compte 16% de pauvres et 25% de travailleurs pauvres ou précaires. Même ses retraités sombrent dans la misère et l'espérance de vie sans incapacité a chuté, passant en dix ans de 60 ans à 56,7 ans pour les hommes et de 64,3 à 57,7 ans pour les femmes.
Sarkozy n'a pas été réélu et on est soulagés que ses sbires n'aient plus l'occasion de nous cracher dessus... Mais voici qu'Axel de Tarlé prend le relais de Laurent Wauquiez et se fait porte-parole de «la droite décomplexée». Cet énième petit éditocrate est juste bon à nous régurgiter la même doxa empoisonnée consistant à affirmer qu'il faut appauvrir les populations et les laisser crever afin que continue à prospérer un capitalisme complètement suicidaire. Honte à lui !
SH
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Commentaires
Sacrée manip' non?
Pourquoi les gens sont abîmés? Parce qu'ils ont profité sans rien faire de leur alloc' de chômage?
Nous savons bien pourquoi, chercher pendant deux ans sans succès un emploi cela atteint le moral de beaucoup de gens.
(souvent quand tu cherches un emploi c'est qu'on t'a viré) Répondre | Répondre avec citation |
Citer:
qui nous explique que le chômeur va se la couler douce pendant deux ans et dans l'extrait suivant (copier plus haut) il nous explique que le chômeur est abîmé donc, sans rire, de se l'être coulé douce.
Son argumentation prête à rire (jaune), c'est une farce?
C'est un papier qui était destiné à être publié le 1er avril? 8-) Répondre | Répondre avec citation |
Car, quand on a deux ans devant soi, la tentation est grande de vouloir "profiter un peu de son chômage", de "faire un break". On n’a d’ailleurs aucun intérêt à reprendre immédiatement un job, moins bien payé. Or, tous les spécialistes du travail le disent : plus on s’éloigne de l’emploi, plus il est difficile d’y revenir. "Après deux années de chômage, on est abîmé", témoigne un conseiller de Pôle emploi.
C’est ce qui a amené Gerhard Schröder à réduire de moitié les indemnités chômage en Allemagne. Quand on n’a que douze mois devant soi, la dynamique n’est pas la même.
Comment explique t'il que malgré les pourtant "belles" possibilités pourtant crées par l'ORE (obligation de prendre un travail avec un salaire de 40 % plus faible), la dynamique ait été si faiblarde ? Répondre | Répondre avec citation |
Avant avec 1100 e par mois je n'hésitais pas à faire 600km pour un cdd de quelques mois voir même de quelques semaines.
Maintenant avec moins de 450 e je ne peux même plus faire +de 5 km (pas de véhicule et régions aux transports en commun quasi inexistants).
Et quand bien même, à la force de mon pouce j'arrive à me déplacer, je ne peux plus me payer d'hébergement sur place.
Si ils ont si peur que je dépense mes indemnités pour entretenir ma porsche et mon haras il n'ont cas me fournir des bons de transports et d'hébergement . Répondre | Répondre avec citation |
Les journalistes peuvent en effet défalquer de leurs revenus imposables 7.000 € (le montant a peut-être évolué) au titre de leurs "frais professionnels".
Ce qui n'est pas négligeable à l'instant X et, plus encore, dans le temps (quand on a 20 ans de métier).
Et Sieur Axel de Tarlé - qui doit bénéficier de revenus confortables au regard de ses multiples casquettes dans le Groupe Lagardère et le Service public - touchera, lui aussi, probablement, le plafond de l'ARE (ou pas loin), le jour où il se fera licencier (ce qui peut lui arriver du jour au lendemain).
Et là, il ne s'en plaindra pas.
Comme il n'a certainement pas à se plaindre des multiples avantages que lui accorde sa profession et son rang de People de la Presse et des Médias : Déplacements offerts, cadeaux, voyages, bons restos…
Monsieur de Tarlé, c'est l'opulence qui crache sur la gueule des galériens. Répondre | Répondre avec citation |
Entre les pseudos émissions de société et ses débats biaisés , et ses émissions soit-disant scientifiques (jamais vu autant d'erreurs et d'approximations pour peu que l'on maitrise un minimum le sujet traité) , elle n'a pas grand chose pour elle. Répondre | Répondre avec citation |
Ca fait bien un an que je ne la regarde plus la télé et je me demande aujourd'hui comment j'ai pu m'infliger cette boîte à merde pendant si longtemps. Répondre | Répondre avec citation |
On cache volontairement des données, pourtant essentielles pour se faire une opinion dite "objective", et ensuite le tour est joué.
La fabrique à opinion est lancée, comme le formatage des machines !
Moi qui pensait que la raison était de "penser par soit même", je crois que la manipulation, qui a toujours existé, n'est pas l'apanage des imbéciles ! Répondre | Répondre avec citation |
De La Tour du Pin ?? Merde, si ça s'trouve c'est une descendante de Condorcet. Ou du moins il doit y avoir un lien. Répondre | Répondre avec citation |
(fr.wikipedia.org/wiki/Famille_de_La_Tour_du_Pin#La_Tour_du_Pin_Chambly
Au cas où ça n'intéresserait pas que moi. En fait je ne connais pas cette journaliste, mais j'ai un "faible" pour Condorcet… Enfin surtout pour la marquise) Répondre | Répondre avec citation |
Quand il y a quasi 5 millions de demandeurs d'emplois (sans même parler des "découragés" et ceux qui sont radiés intempestivemen t) la grande majorité des Français ont forcément des chômeurs dans leur famille ou leur entourage. Peuvent-ils être abusés par le montant - monté en épingle - élevé de certaines indemnités ne touchant qu'une faible partie des chômeurs, et le discours visant à faire croire que les chômeurs le seraient de façon volontaire ?
Dans certains bassins d'emploi il n'y a rien ! Je connais Revin (Ardennes) déjà sinistrée et demain, fermeture de l'usine Electrolux. Et combien d'autres exemples. Tout ça pour nourrir de parfaites crevures. Grrr ! Répondre | Répondre avec citation |
"Canards boiteux"… Leitmotiv lors de la crise de 1975 quand il s'agissait de détruire des pans entiers de l'industrie prétendument pour la rendre "compétitive", mouvement d'ailleurs amorcé dès le milieu des années 60 et dont nous savons que ce fut l'Allemagne qui en profita largement.
Sur cette notion de compétitivité, un fort intéressant article - critique - dans le dernier numéro du Monde diplomatique. Gilles Ardiant : La compétitivité : un mythe, qui de mon avis rejoint celui de Bourdieu sur l'idéologie ultralibérale et son utopie. Répondre | Répondre avec citation |
www.actuchomage.org/2012102122922/La-revue-de-presse/competitivite-le-salut-est-dans-lexport.html
Se tourner vers l'export en renonçant à son marché intérieur, donc au bien-être de ses citoyens (comme le fait l'Allemagne), participe à la mondialisation "heureuse" qui instaure le moins-disant social et le dumping fiscal, le démantèlement des acquis de peuples qui se sont battus autrefois pour les conquérir, au plus grand bénéfice des dominants. Ces rapaces nous disent qu'il est normal qu'on s'appauvrisse pour que les pays émergents s'enrichissent (c'est ça, la mondialisation "heureuse"), mais le temps que les peuples exploités des pays émergents réagissent et atteignent par leurs luttes le niveau de justice sociale que nous avions obtenu jusqu'aux années 90 (et qui s'est barré en couille depuis par manque de vigilance), ils ont de la marge ! Répondre | Répondre avec citation |