Laurence Parisot est entrée mardi dans le débat présidentiel en présentant les priorités du Medef pour le prochain quinquennat. Les entreprises ont plus que jamais besoin de "respirer", selon la patronne du Medef, afin de retrouver leur compétitivité. Ce programme 2012, baptisé "Besoin d’aire" (avec un e car "les entreprises ont cette fois-ci besoin de nouveaux horizons, de nouvelles frontières, besoin de conquérir", dit-elle), formule une vingtaine de propositions qui, pour la plupart, sont dans la lignée du programme de l'UMP et de son candidat Nicolas Sarkozy.
Adopter une règle d'or
Réduire le déficit public, c'est la priorité du Medef. "La France doit avoir un processus de désendettement crédible, réaliste et acceptable par tous", a expliqué Laurence Parisot. Son objectif : arriver à zéro déficit à l'horizon 2015, soit un budget excédentaire dès 2016, ce qui se traduirait par un effort supplémentaire entre de 50 et 70 milliards d'euros sur 4 ans. Une trajectoire plus rapide que celle du gouvernement, qui vise l'équilibre en 2016, ou que celle du candidat socialiste François Hollande, qui vise 2017. Elle est en revanche conforme à l'objectif du centriste François Bayrou.
La première étape, pour le Medef, c'est d'adopter rapidement une règle d'or budgétaire, c'est-à-dire inscrire dans la Constitution une trajectoire et une date de retour à l'équilibre budgétaire des comptes publics. La règle d'or, Nicolas Sarkozy la veut depuis plus d'un an. Mais il a été confronté à l'opposition des socialistes dont le vote est nécessaire pour modifier la Constitution, il doit obtenir une majorité de 3/5e des suffrages de l'Assemblée et du Sénat réunis. S'il est réélu en 2012, le chef de l'Etat fera voter cette règle d'or par référendum, a annoncé mardi le Premier ministre devant les députés UMP. Le candidat du MoDem François Bayrou y est favorable. François Hollande, lui, est plutôt contre, préférant adopter un projet de finances pluri-annuel plutôt que de modifier la Constitution.
Rétablir l'équilibre budgétaire en réduisant les dépenses
Pour arriver à zéro déficit en 2015, le Medef table sur deux fois plus d'économies sur les dépenses publiques que d'augmentations de prélèvements obligatoires. "Certaines niches fiscales doivent être supprimées, mais pas question de créer de nouvel impôt pour les entreprises et pour les particuliers", a prévenu Laurence Parisot. Une vision qui cadre avec celle du gouvernement. Le retour à l'équilibre budgétaire nécessitera un effort de 115 milliards d'euros que le gouvernement entend répartir entre deux tiers de réduction des dépenses et un tiers de "nouvelles recettes", a récemment expliqué la ministre du Budget Valérie Pécresse. [...]
Toujours moins de fonctionnaires
Exit la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, place à celle du non remplacement de deux fonctionnaires sur trois dans la fonction publique de l'Etat : le Medef veut aller encore plus loin dans la réduction des postes des fonctionnaires au plan national, mais également au niveau des collectivités locales.
Réduire le nombre de postes dans la fonction publique est une mesure phare du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Entre 2008 et 2012, 150.000 postes de fonctionnaires partant à la retraite n'ont pas été pourvus. Le chef de l'Etat a récemment laissé entendre qu'il entendait poursuivre sur ce terrain. Pour François Hollande, le "un sur deux" est une règle "aveugle" qu'il entend supprimer, de même que François Bayrou.
Soutenir les PME
En plein débat sur le "made in France", les petites et moyennes entreprises trouvent un large écho dans le programme des candidats. Et à chacun sa solution. François Hollande veut créer une banque publique d'investissement, un livret d'épargne industrie (même proposition pour François Bayrou). Bref, il faut faciliter le financement des PME et réduire pour certaines le taux de l'impôt sur les sociétés en fonction de la taille de l'entreprise (un taux réduit à 15%). Un axe repris par le Medef qui demande à que soit étendu ce taux réduit d'IS aux entreprises dont le chiffre d'affaires est inférieur à 7,6 millions d'euros annuels.
Pour l'organisation patronale, les candidats doivent permettre aux entreprises françaises d'avancer. "Elles ont un des taux de marge les plus faibles", justifie Laurence Parisot. "Il faut les aider à trouver la croissance, et cela passe par une baisse des taux de prélèvements des entreprises. C'est justement ce que fait actuellement le gouvernement Fillon avec la TVA sociale - actuellement débattue à l'Assemblée nationale - et les accords compétitivité-emploi. La hausse de la TVA et de la CSG appliquée aux revenus financiers "donnera des marges de manœuvre nouvelles aux entreprises", a affirmé le Medef.
Travailler encore plus longtemps
"62 ans, ce n'est pas suffisant pour garantir notre régime", a affirmé Laurence Parisot. Le Medef veut aller plus loin que ne l'a fait le gouvernement. Sans préciser pour autant un autre âge légal de départ à la retraite. La réforme sur le recul de l'âge de départ en retraite de 60 à 62 ans a été votée par le gouvernement Sarkozy en 2010. Une des mesures de François Hollande sur les retraites consiste à ramener à 60 ans l'âge auquel on peut prendre sa retraite, mais à condition d'avoir cotisé 41 ans, et c concerne les personnes qui ont commencé à travailler à 18 ans ou avant. Quant au candidat centriste, il s'est contenté de fustiger les idées de François Hollande, les jugeant "dangereuses", sans faire de proposition concrète sur la question de l'âge légal.
Rendre plus flexible le marché du travail
"Une notion devrait rythmer la campagne, celle de l'employabilité compétitive", a déclaré Laurence Parisot. Traduction : donner à chaque salarié les compétences nécessaires pour s'adapter aux évolutions du marché de l'emploi, passer d'un métier à un autre au sein de son entreprise. Le Medef appelle de ses vœux une grande réforme de la formation professionnelle. Sa proposition : plus les entreprises investissent dans des formations, plus leurs cotisations pour l'assurance chômage baisseront.
Il s'agit également de supprimer la taxe sur la formation professionnelle. Le Medef propose aussi de rendre dégressives les indemnités chômage dans le temps pour "renforcer la caractère incitatif du retour à l'emploi". Deux thèmes - la formation et les indemnités chômage - que le candidat Nicolas Sarkozy a d'ores et déjà repris.
Autre solution au service de la compétitivité : la fixation de la durée effective du travail devrait relever exclusivement de l'accord collectif, ou à défaut du contrat de travail. On en revient aux accords compétitivité-emploi du gouvernement. Avec, en filigrane, la volonté de briser le carcan des 35 heures. Si François Bayrou va dans ce sens, François Hollande, lui, y est opposé.
(Source : L'Expansion)
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