Hier, sur i>Télé, le candidat du Modem a dit : «La puissance publique doit faire ce qu'elle peut pour que les gens retrouvent un travail. Je vais discuter avec Martin Hirsch du RSA, nous devons l'améliorer pour qu'il réintègre davantage les gens sur le marché du travail».
S'il avait été sensé et volontariste, François Bayrou aurait pu dire : "La puissance publique doit tout mettre en œuvre afin de générer des créations d'emplois". Mais non : c'est aux gens de «retrouver un travail» et au RSA de «réintègrer davantage les gens sur le marché du travail» alors qu'il manque 5 millions d'emplois en France. Ou il fait exprès d'ignorer que la création d'emplois ne dépend ni du RSA, ni de Pôle Emploi mais bel et bien d'une volonté politique et de choix économiques, ou il est vraiment à côté de la plaque.
Quant à Nicolas Sarkozy, roi de l'esbroufe et du radotage, son cas est désespérant. Hier soir sur France 2, malgré un bilan accablant, il nous a fait avaler des couleuvres en déclarant vouloir «valoriser le travail», sa vieille antienne de 2007. Comment ?
Le TIG des pauvres
D'abord en «allégeant puissamment les charges payées par les entreprises pour améliorer leur compétitivité» (c'est-à-dire en détruisant méthodiquement la protection sociale des salariés), alors que l'Insee vient de démontrer que coût du travail élevé ne rime pas avec mauvaises performances économiques et chômage élevé.
Ensuite, en généralisant l'expérimentation des CUI de 7 heures par semaine pour les RSAstes : «Quelqu’un qui est au RSA, qui n’a pas d’emploi et qui n’est pas en formation devra faire sept heures de travail d'intérêt général par semaine rémunérées au niveau du Smic». Outre le fait qu'il n'a que de l'emploi en miettes à proposer, de surcroît grassement subventionné par la collectivité, notez qu'il parle de travail d'intérêt général, terme utilisé dans le cadre d'une sanction pénale de substitution à l'emprisonnement pour les délinquants.
Personne ne l'a relevé, personne n'est choqué. Pas même Martin Hirsch qui a réagi ce matin sur France Info en reprenant le même terme sans sourciller.
Pour lui, la responsabilité de ce qui ne marche pas est à rechercher non du côté des allocataires mais des pouvoirs publics : en cela il a parfaitement raison. Mais pour lui, la responsabilité incombe également… à Pôle Emploi qui «n'a pas fait son boulot» : comme si Pôle Emploi était responsable des destructions d'emplois dans le public comme dans le privé; comme si c'était Pôle Emploi qui créait les emplois alors qu'il n'est qu'un intermédiaire entre l'offre (misérable) et la demande (considérable). Quand les choses ne tournent pas rond, il faut bien désigner des boucs émissaires...
Que leur incompétence relève de la bêtise ou du mensonge, ces gens sont insupportables. Trop bien payés pour ce qu'ils font, leur illégitimité devient criante.
SH
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Commentaires
L'époque aussi où l'on soignait certaines affections avec des électrochocs: j'ai lu un interview qu'il donnait à un journal chrétien,secour s catholique ou témoignage chrétien je ne sais plus, où le journaliste, assez finaud, s'inquiétait du côté coercitif du RSA, et auquel il avait répondu par la théorie du "déclic" que cela déclencherait chez le public qui serait soumis à son dispositif…
… Encore un de ces dangereux idéalistes!..
… Décidé, comme il l'écrit lui-même sur son blog, à "assassiner l'assistanat"! Répondre | Répondre avec citation |
Vivement que ce type perde son immunité présidentielle. Pour ce faire vous savez ce qu'il vous reste à faire… Répondre | Répondre avec citation |
On notera aussi que
le travail payé au SMIC est considéré comme un travail d'intérêt général.
Les smicards apprécieront.
Surtout les smicards au rSa. Répondre | Répondre avec citation |
alternatives-economiques.fr/blogs/abherve/2012/02/24/la-generalisation-de-7-heures-de-travail-pour-les-beneficiaires-du-rsa-est-elle-possible/ Répondre | Répondre avec citation |
la plupart des journalistes économiques tiennent le même discours, avec leur rengaine sur la dette et leur allégeance intellectuelle à l'Allemagne.Bayrou est le premier à avoir parlé de la dette, et n'est pas le dernier pour encenser les réformes de G. Schröeder.
Si le type qui nous dirige actuellement est réélu, ce type dont le seul programme est la stigmatisation des chômeurs et des "assistés", et la mise sous pression morale de tous les salariés en fait, c'est que les français hélas, au lieu de le renvoyer à son bilan et de refuser d'endosser ses choix économiques, auront une nouvelle fois intégré des discours culpabilisateur s. Répondre | Répondre avec citation |
C'est du moins l'archétype qui est à l'oeuvre dans la stigmatisation des immigrés et des chômeurs qu'on rend responsables inconsciemment de tous les maux de la société et qu'on veut voir punis ou pire.
Cette tendance est exacerbée en cette période où la crise est à un haut niveau et pèse sur les consciences.
Le refus de comprendre les mécanismes de ce qui nous amène à cette situation catastrophique et l'éducation à la soumission et la servilité reçue font qu'on n'est pas enclin à chercher les vrais responsables de cet état de fait.
C'est plus facile de trouver des victimes expiatoires. Répondre | Répondre avec citation |